undergang_alter_native.jpg Coup de poing musical, un album en forme d'uppercut hip-hop/indus aux effluves rock et aux fulgurances digitalisées qui donnent un peu plus de force de percussion à un disque qui n'en manque pourtant pas. Flow ravageur, textes incandescents, Undergang a quinze balles dans le chargeur et nettoie la scène hexagonale au M16 verbal. Aucune violence dans le propos, juste une effrayante lucidité qui suinte de quelques brûlots aux textures musicales mouvantes ("L'axe du son I& II"). De quoi remettre froidement les idées en place. L'éponyme "Alternative" enclenche la machine à revendications sur des rythmes jungle/drum'n bass, une musique kaléidoscopique en forme de mosaïque aux verbes acerbes et au sentiment de révolte vivace. Rythme effréné ("Comme un acquis"), harangue anti-guerrière ("Larsen") a remis un chargeur pour mieux pacifier l'audience. Quelques nappes synthétiques, des textes inspirés qui claquent à la face de l'auditeur, Undergang sait où il va, varie les tonalités pour mieux parvenir à ses fins. Dans cette esprit, on n'avait pas vu démarche aussi assumée depuis Aliasing, Tensuo et plus récemment avec Janaloka.
Scratch massif, mélodies ténues, "Bodybagdad" enfonce le clou en déposant sur la platine un titre à fleur de peau avec en arrière plan les paroles de Martin Luther King et les balles qui pleuvent comme si l'on n'osait voir le champ de bataille qui se dressait devant nous. On sort de là complètement groggy. Encore sous le coup de la déflagration mentale, Undergang se lâche sur "Une vraie évolution" et sa logique, implacable, selon laquelle l'avenir est à l'évidence le brassage multi-éthnique, à l'image de sa musique, cocktail détonnant aux influences diverses et variés qui font vibrer le percuteur du 9mm. Sa "Lettre au pouvoir" est non pas un appel à l'émeute ou à la révolution dans la rue, mais plutôt une tentative de vouloir faire bouger les consciences, histoire de donner un peu d'espoir à des vies, des destins qui en manquent cruellement. Jeux de "maux" ("Crossfade-jakob"), Alter-native suit la logique des "Aléas des mots". Undergang est un punk des temps modernes. Des morceaux dub fiévreux ou électro-rock revitalisant, un flow épileptique qui vient foudroyer l'ignorance feinte pour mieux délivrer un discours qui en appelle à l'engagement citoyen, Cédric, homme-machine à l'origine de cet album ne se cache pas et affronte l'évidence avec la détermination de celui qui veut mettre fin à l'immobilisme moral. Frontal. Un propos furieusement énergique, un album bétonné jusqu'à l'os (et notamment l'excellentissime "Epilogue"), une pluie de textes en forme de plaidoyer pour l'éveil des consciences, en voilà que l'on peut qualifier d'artiste alternatif et complètement engagé...