Ulan Bator - Abracadabra Fin janvier, Ulan Bator révélait au public l'intégralité de son tout nouvel album, Abracadabra, via un streaming exclusif sur notre site internet. Passé par un crowdfunding pour le sortir, le groupe donnait en parallèle aux "financeurs" l'opportunité de le découvrir quelques jours avant la sortie officielle. Normal, me direz-vous. Chapeauté depuis quelques temps déjà par son frontman, Amaury Cambuzat (composition, écriture, enregistrement, mixage et production), séparé depuis de longues années de son ancien acolyte Olivier Manchion (Permanent Fatal Error), ce disque continue de faire perdurer la magie (noire) d'Ulan Bator.

Trois ans après l'excellent En France/En transe, album dominé grandement par un hypnotisme sombre et captivant, Abracadabra est le témoignage actuel des convoitises musicales de son leader. A savoir la création d'un univers sonore intimiste mais glaçant dont le dessein est de vous happer pour ne plus vous lâcher, à condition d'aimer la langue de Molière lorsqu'elle copule avec le rock ! Doté d'une écriture au style épuré et délicat manifesté d'une voix frêle et de chœurs mystiques, ce onzième album est une marche somnambule jalonnant le krautrock, le folk-rock dit "expérimental", la pop arty et un peu de noise rock par moments. Abracadabra se tient de bout en bout et contient ses zones de climax total, comme c'est le cas avec l'un de ses meilleurs titres qu'est "Coeurrida" dans lequel est invité à s'exprimer l'orgue de James Johnston (ex-Bad Seeds). Ce morceau illustre l'aise qu'à son géniteur à faire cohabiter les contrastes sans tomber dans les extrêmes, tout en gardant une cohésion sur l'ensemble de l'œuvre. Une vague d'émotions s'extirpe de son écoute, surtout lorsque qu'à mi-chemin apparaissent des lueurs diaphanes. Sublimé aussi est "Ether", titre épique qui suit dans la foulée et qui porte bien son nom. Une caresse dépressive aux relents pop qui se dévoile progressivement dès l'apparition d'une répétition vocale déclamant les quatre éléments de l'univers par Amaury et Raffaela Matrisciano.

Bien que souvent (bien) entourés dans son projet (notons le mastering de Douglas Henderson qui a travaillé avec les Swans, John Zorn ou encore System Of A Down), il n'en reste pas moins qu'Abracadabra ressort comme une œuvre personnelle, celle d'Amaury Cambuzat. Une entreprise déjà bien amorcée avec sa précédente sortie discographique qui n'était autre que des reprises acoustiques d'Ulan Bator au sein de laquelle la voix avait déjà une place importante. Comme sur ce petit dernier qu'on vous recommande, si vous avez des accointances avec le milieu des transes poétiques.