Ulan Bator - En France/En Transe Ulan Bator n'est plus tout jeune. La formation menée par Amaury Cambuzat, dernier membre rescapé du trio originel, a fêté ses 20 ans l'année dernière. Année qui, par ailleurs, a vu l'arrivée de son dixième album intitulé En France/En transe, une œuvre conçue suite à la venue au sein de la troupe de Nathalie Forget aux ondes Martenot. Une présence qui naturellement apporte davantage dans le champ sonore du quatuor, déjà bien connu pour ses penchants expérimentaux, en diffusant une atmosphère auditive proche de l'au-delà. A commencer par le lancinant et interminable titre introductive "TakeOff" qui se meut progressivement en un magma bruitiste noise après nous avoir bercé sur un fond post-rock. Ca commence fort et on se dit qu'Ulan Bator a peut-être trouvé là son meilleur line-up où chaque membre ne se met pas en évidence plus qu'un autre à l'image de son artwork représentant la fusion de leurs visages.

En France/En transe n'a jamais aussi bien porté son nom. Ses neuf compositions d'une prise de liberté étendue nous plongent assez vite dans un état de conscience modifié, hypnotique même, un peu à l'image des paroles de "Song for the deaf" décrivant un homme dont les sens sont éteints. Grâce à des structures notamment minimalistes et répétitives où la noise et des touches psychédéliques éclosent, ce nouvel album captive sans ennui du fait de sa variété et de son unité, tant dans le rendu sonore que dans sa réalisation. Autrement dit, Amaury Cambuzat a compris que pour faire du "rock avant-gardiste" il fallait respecter quelques règles comme éviter de pratiquer le tout-venant pour épater la galerie. Et que tout ceci aussi se travaille malgré l'expérimentation de nouvelles sources sonores comme le font les mythiques Swans, pères spirituels du quatuor pour lequel leur leader Michael Gira a produit Ego:Echo, opus sorti en 2000 sur Young God Records, le label de ce dernier.

Au-delà de l'aspect purement technique et stylistique de ce disque, on y entrevoit aussi des messages liés au mystère, aux sciences occultes, tantôt murmurés, tantôt scandées, des chœurs onomatopéiques, une poésie à approfondir pour mieux cerner l'œuvre. Et puis des titres qui font référence à l'apocalypse comme "Bugarach", célèbre village de l'Aude connu pour les superstitions New Age et comme l'abri ultime pour survivre à la fin du monde soi-disant prévue par le calendrier maya. En somme, En France/En transe est un long chemin anguleux de près d'une heure propice à l'évasion introspective qui ne devrait pas décevoir les nombreux fans du groupe et peut-être même en compter de nouveaux tant la sincérité de sa musique est évidente.