Treponem Pal - Survival Sounds Cover La bête Treponem Pal n'a pas succombé à ses blessures, les pansant autant que possible en confiant la basse à Syn-Anton (venu suppléer Polak) et en se remettant au travail au "Higher studio" (à la maison quoi) avec leur vieux pote Jipouille de St-Loup (ils se connaissent depuis sa période Naked Apes !) lequel est aussi leur ingénieur du son. Un environnement qui leur permet de bosser dans une certaine tranquillité, d'autant qu'on imagine mal leur label Juste Une Trace venir les embêter, eux qui sont spécialisés dans le jazz...
Alors que Weird machine ne nous avait pas trop surpris, Survival sounds nous éloigne un peu de l'image mentale qu'on se fait de la musique du groupe. Les parties groove, dub, chaudes et planantes n'ont pas été conviées, le Treponem Pal de 2012 nous envoie surtout un métal indus glacial et glaçant. Les vibrations langoureuses et lancinantes sont remplacées par des gros coups de beats bien moins romantiques (et question beat, Treponem Pal s'y connaît !). Les nappes de samples, les riffs, la batterie, tout semble sortir du congélateur et tape dans le dur, seuls quelques solos de grattes ("One way trip down") et le chant de Marco réchauffent un peu la température, les Trepo sont plus indus que jamais et quand ils ralentissent les tempos, ils nous donnent envie de pleurer ("Runaway far away"), rajoutent des bruits de machines infernales ("Subliminal life") ou nous mettent mal à l'aise (la "Drunk waltz" qui pourrait être inspirée par "L'ivrogne" de Jacques Brel). Les quelques bastons en mode binaire ("Paranoia cinema", "Riot dance"...) jouent sur la répétition des coups de butoir et des boucles pour nous faire mal, laissant toujours un peu d'espoir avec une lueur venue d'une petite porte de sortie. Treponem Pal nous maintient à flot avec le chant, un peu de guitare ou un gimmick (comme celui emprunté à "The man who sold the world" de David Bowie sur "Love the life we live"), histoire de ne pas totalement sombrer dans un indus martial sans issue qui perdrait de son intérêt.
Survival sounds délaisse quelque peu le terrain de jeu de prédilection de ses auteurs mais le gain de brutalité et de sauvagerie (si l'on suit l'idée du suidé représenté en pochette) devrait permettre au combo de pulvériser quelques scènes et donc de reprendre du poil de la bête...