Treponem Pal -Marco Treponem Pal est-il un collectif plus qu'un groupe ?
Treponem Pal a toujours été à la fois un collectif et un groupe. Les 4 premiers albums avec une formation unique de 5 membres. Puis après notre break pour l'expérience reggae dub d'Elephant System, un travail à trois avec Didier Bréard et Polak aux guitares qui nous a rejoints en 2006.

Cet album sonne très "old school", pourquoi cette volonté de revenir à vos origines ?
Ça s'est fait naturellement... on avait envie de quelque chose de plus brut de décoffrage. Avec l'idée de développer 3 tendances différentes : hardcore metal, psychedelic punk et industrial rock.

Certains titres sont donc très industriels, d'autres plutôt électros, d'autres placent les machines à l'arrière-plan, ce sont des décisions collégiales ?
Oui, l'idée c'était d'avoir 3 tendances différentes... Donc selon les titres, les machines ont plus ou moins de présence ou d'importance.

À quel moment de la composition entrent-elles en jeu ?
C'est variable, on peut partir d'un beat samplé ou créé par Didier, ou bien d'un riff que Polak fait tourner... et on construit autour, autant les machines que la voix ou les basses.

En quoi l'utilisation des machines a changé depuis vos débuts ?
Les machines sont arrivées dans Treponem Pal à partir de l'album Excess & overdrive, Didier Bréard est arrivé à ce moment et c'est lui, avec son talent et en parfaite osmose avec nous, qui a tenu les rênes de ce nouveau jouet jusqu'à présent.

Est-ce que vous cherchez une sorte d'équilibre sur l'album ou tout se fait "naturellement" ?
Oui, on cherche à avoir une sorte d'équilibre surtout au niveau du son : l'idée étant d'avoir quelque chose d'extrêmement percutant, puissant mais vu l'intensité de notre univers, cela ne doit pas être fatiguant à écouter sur la longueur... sinon on décroche. Nous sommes très exigeants avec nous-mêmes.... Un peu longs à la détente je dois dire... Faut que les choses reposent, mûrissent, évoluent jusqu'à une certaine deadline.

Vous avez signé chez At(h)ome, quel critère a fait votre décision de les rejoindre ?
Nous avons eu plusieurs approches de labels étrangers mais pour ce renouveau nous tenions ou espérions trouver "le" label français qui saurait relancer la machine. At(h)ome ont été très vite intéressés... On s'y est repris à 2 fois avant de leur faire écouter la version définitive de Screamers. Nous voulions un label français indépendant. At(h)ome sont solides en France. Cela dit, nous avons signé avec eux pour le monde, nous comptons donc bien être amenés à travailler Treponem Pal également en dehors de l'hexagone avec eux.

Le folklore japonais, ce n'est pas forcément ce qu'on associe à Treponem Pal, pourquoi choisir ce thème pour l'artwork ?
C'est l'art du tatouage japonais que j'ai toujours kiffé. Il y a 15 ans déjà, je rencontrais Keuns, tatoueur français de Poitiers chez Utopia Tattoo. Il développait un style japonais moderne assez psychédélique. Il m'a donc tatoué et je l'ai branché pour qu'il nous fasse la pochette de l'album Survival sounds. Je voulais un éléphant, mon obsession depuis toujours. Il a donc fait un baku, un chasseur de cauchemars dans l'art japonais. Avec lui travaillait Rafto Dilo, spécialisé aussi en tattoo japonais. On est devenus potes et il m'a tatoué aussi le bras gauche. Et il y a 2 ans, c'est lui que j'ai branché pour faire la pochette de Screamers. Il a parfaitement répondu à mes attentes. Big up Utopia Tattoo !!!

Malgré la sortie d'un nouvel album, il y a peu de dates de concerts annoncées pour le moment, c'est devenu si difficile de tourner ou vous préparez une grosse annonce ?
Nous avons une dizaine de dates confirmées déjà entre autres : Paris, Rouen, Lille, Strasbourg, Lyon, Clisson pour le Hellfest .... Une quinzaine d'autres dates sont en construction et seront bientôt confirmées. Cela dit, oui, il y a beaucoup de groupes qui tournent aujourd'hui car les deux années de COVID ont bloqué tout le monde. À nous de donner le maximum sur scène pour notre public et ainsi, de nouvelles dates arriveront.

Il y a quelques dates dont La Maroquinerie, on peut avoir quelques infos sur le "show" qui attend les Parisiens ?
Le show de Paris réunira la plupart de nos classiques : "Pushing you too far", "Planet claire", mais aussi "Renegade" et "Rest is a war" que nous n'avons pas joué depuis 20 ans. Et donc aussi 6 ou 7 nouveaux titres tirés de l'album Screamers.

En juin, il y aura aussi le Hellfest, quel souvenir gardez-vous de 2013 ?
Très bon souvenir... même si le concert était un peu trop tôt. Mais cette année, nous jouerons en début d'après-midi. Et avec cette nouvelle équipe de choc que sont Bastien Amy, Nicky "Vory" Tchernenko et le retour de Laurent Bizet aux côtés de Polak, ça devrait logiquement taper très fort. Et avec une nouvelle équipe son et lumière aussi.

Treponem Pal Le monde du metal est très "masculin" et chargé en testostérone, selon vous est-il plus ou moins machiste que la société ?
Plus machiste que la société, non certainement pas. Regarde l'état du monde et de certains pays à ce propos, c'est très très grave. D'où notre prise de position dans la vidéo de "Screamers" en portant le brassard LGBT pour le droit à la différence gravement menacé de nos jours et le refus de toute autorité gouvernementale, police ou religieuse. Il y a de tout dans le metal : parfois un côté très caricatural vis-à-vis des femmes comme dans des groupes style Manowar. À l'autre bout du spectre, on peut citer le groupe féminin The Runaways, le premier groupe de Joan Jett, au début 80's qui avaient réussi à s'imposer. Pour ce qui est de la testostérone : elle ne s'affiche pas que dans le metal mais aussi dans le milieu du hip-hop ou encore du hardcore. Cela cache en réalité bien souvent, quand tu les connais, une grande fragilité et timidité chez ces lascars qui veulent se la jouer "j'te pète la gueule". Assez pathétique et hilarant parfois.

La défense de l'égalité des droits et la tolérance reste un cheval de bataille, est-ce que le monde a beaucoup progressé en 35 ans ?
Non !!! Le monde n'a pas du tout progressé mais carrément régressé. Malgré les actions partout dans le monde de résistance, en Chine ou en Iran par exemples, les dictateurs ont toujours la part belle. Les ONG font ce qu'elles peuvent pour subvenir aux besoins des plus démunis mais se voient interdites d'intervenir par exemple en Italie pour sauver les boat people, migrants qui meurent par centaines dans les eaux territoriales. La race humaine est très complexe et évolue très rapidement dans le sens de l'intérêt personnel, le capitalisme et le pouvoir et domination sur autrui. C'est un monde dangereux face auquel il faut savoir garder la tête froide et savoir s'entourer des bonnes personnes et garder à distance les détraqués racistes et fascistes qui transpirent le malaise et la merde d'extrême droite.

En quoi la musique peut servir la cause ?
La musique est une arme solide pour faire passer les messages d'unité, de liberté et de partage. Les différents festivals et concerts depuis toujours ont été une forme de résistance et le message doit continuer d'une génération à une autre... C'est un travail de longue haleine. We keep the fire burning !!!