Thot - Obscured by the wind Après avoir fait pleuvoir une volée de singles sur la toile pendant plusieurs mois, Thot a enfilé son petit maillot et s'est jeté dans le grand bain en dévoilant enfin son précieux Obscured by the wind. 10 titres dévoilant sous tous les angles les multiples attraits de sa "vegetal noise music", un concept artistique en soit et une inspiration à aller chercher du côté de l'évidence Nine Inch Nails... bien que le groupe se soit depuis longtemps maintenant affranchi d'une influence potentiellement encombrante. Intrinsèquement, Thot est rock. Electronique et industriel aussi (d'où l'invariable comparaison avec NIN), mais l'entité belge évolue dans des sphères musicales où le croisement des genres est transversal, organique, sans cesse remis en question. Qu'on se le dise, on a affaire à du très lourd...

"Eolien", titre inaugural de l'album pose son sujet. Un peu moins d'une minute trente pour une immersion introductive dans l'univers de Thot. Les arrangements sont fouillés, le groupe tisse sa toile et "construit" ses atmosphères. La suite les fait voler en éclat avec le très énergique "Take a bow and run", torpille supersonique qui vient frénétiquement clasher les enceintes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Le propos est jeté en pâture par saccades, le ton est froid, l'ambiance clinique, mais le refrain accompli son rôle pour dynamiter l'ensemble et préparer les membranes auditives à un final endiablé et surtout des sequels immédiates qui vont sévèrement butiner les tympans une fois passé l'interlude "Dancing in the corn". "Moved hills" puis "Spellbound fields". Deux titres = deux tubes en puissance. Le clavier enclenche la machine, le chant emporte le tout avec lui et derrière les musiciens envoient la sauce.

Des riffs de tueur, un rythme endiablé et un tout parfaitement emballé, le premier des deux titres assomme littéralement la concurrence quand le second fait danser l'auditeur sur ces corps inconscients dans une transe électro-rock littéralement addictive. On s'incline. Mais on n'est encore qu'à la moitié de l'album et si "Blue and Green (are melting down in a seed)" est une ballade trip-rock électronique en mode "vegetal noise music", "Ortie" est une énième démonstration de la capacité qu'a Thot à enfanter des singles imparables. Un gimmick rock qui pulse dans les éprouvettes, un refrain qui savate et au milieu des riffs et arrangements qui envoient du bois. On arrête-là ou il en fait encore ? OK, alors on enchaîne avec un nouveau hit et un "Solid insecure flower" qui vient faire définitivement sauter la banque avant que "The hour speller" ne distille son substrat "vegetal noise" aux pulsations digitales. Les textures industrielles et électroniques enveloppent les mélodies, les machines jouent leur rôle et les instruments, leur partition à la perfection. Et alors que l'éponyme "Obscured by the wind" vient boucler la boucle et baisser le rideau, on se dit alors que l'on aura rarement eu entre les mains un album aussi techniquement (et artistiquement) maîtrisé. Limite indispensable.

PS : la "vegetal noise music", ça te paraît toujours abstrait ? Normal mais en même temps l'album est en écoute intégrale juste en dessous.