YONL | Thisquietarmy Sorti au printemps via Destructure Records au format vinyle LP et rapidement épuisé (ça c'est sans doute l'effet YONL), le split réunissant les postcoreux (mais pas que) bordelais et le one-man-band canadien Thisquietarmy a aujourd'hui droit aux joies d'une réédition CD par le biais du toujours excellent et très indépendant ConSouling Sounds (AmenRa, Alkerdeel ou encore Syndrome et Royal Talons...). Un programme forcément alléchant pour un ensemble de 4 titres présentant ce que les sphères indépendantes de l'underground ambient, postcore, sludge et doom hexagonal d'une part, drone/ambient/shoegaze canadien d'autre part peuvent offrir de mieux.

Titres fleuves (entre 8 et 12 minutes trente à chaque fois), atmosphères ombrageuses et sinusoïdes métalliques à tous les étages, Year Of No Light comme Thisquietarmy délivre des pièces dont la lourdeur se veut oppressive, la noirceur saturée, la déviance auditive parfaitement assumée. Même si sur le premier titre du split, "Vous êtes un nada mort marchant autour du visible", les frenchies ne donnent pas tout de suite dans cette violence cendrée au nectar de sang qui a fait sa griffe musicale, avant de s'offrir enfin un climax à la lourdeur postcore baignant dans une mare doom aussi épaisse que prégnante. Le tout est parsemé de quelques éclairs post-rock lumineux et confère au morceau une majesté propre au talent de YONL. Lesquels confirment quelques instants plus tard leur forme olympique sur le divin "Une odeur que je capte quand leur yeux explosent".

Derrière l'arôme romantique mais glauque du titre (allusion à peine voilée au Parfum, roman culte de l'allemand Patrick Süskind) se cache la première des deux collaborations franco-canadienne avec le canadien Eric Quach aka Thisquietarmy. Une pièce qui au royaume évanescent des odeurs, explore avec saveur les affres d'un abîme sonore saturé par les effluves bruitistes de l'ambient/drone fleuve et narcotique des deux entités. Une expérience particulièrement immersive renouvelée pour le final de ce split avec "Langue de feu", languissant, littéralement incandescent de part sa densité sonore aussi organique que palpable et succédant à un "Aphorisms" mettant cette fois en scène un Thisquietarmy en solo. Pour un résultat aux textures drone expérimentales angoissantes laissant ses grésillements souterrains s'emparer de la psyché de l'auditeur dans un souffle presque morbide. Une danse macabre sentencieuse à l'image de ce split CD/LP collaboratif exhalant des senteurs aussi hypnotiques qu'obsédantes. Classe.