This Immortal Coil - The world ended a long time ago En 2009, sous la direction de Stéphane Grégoire, boss du label français Ici D'Ailleurs, un collectif de musiciens de tous horizons (Yann Tiersen, Yaël Naim, Bonnie Prince Billy, DAAU, Chapelier Fou...), nommé This Immortal Coil, rend un bel hommage au groupe anglais de musique industrielle expérimentale Coil avec un album de reprises connu sous le nom de The dark age of love. À cette époque, il est salué par la presse et le public dont Peter Christopherson, l'un des fondateurs encore en vie du duo (il décèdera dans son sommeil l'année suivante) qui lui a mis fin à ses activités après le décès de John Balance en 2004. Alors que ce beau projet devait en rester là, il refait surface en 2017 avec la sortie du morceau aux profondeurs abyssales "Where are you?" (qui porte bien son nom !). Cinq plus tard, il est complété pour former un disque de dix titres nommé The world ended a long time ago. Sorti en décembre 2022, ce deuxième album est accompagné dans le même temps par Twisted by love, un disque bonus composé de remixes réalisés notamment par Third Eye Fondation et Geins't Nait.

A l'occasion de ce deuxième volume, et tout en gardant quelques-uns dont Christine Ott et Matt Elliott, This Immortal Coil a accueilli en son sein de nouveaux artistes qui ont bien voulu à leur tour rendre hommage à leur manière à Coil, tels que le compositeur et producteur David Chalmin, Shannon Wright, l'acteur Márton Csókás et des membres de formations respectables tels que , Ulver ou encore Zëro. Pour les plus curieux d'entre vous, la liste complète se trouve sur le Bandcamp de la formation. Ce deuxième disque nous démontre à quel point Coil était non seulement un groupe absolument fascinant de bout en bout, mais également comment le duo anglais a influencé toute une génération d'artistes parmi lesquels ceux qui ont participé à ce projet (je pense en premier lieu à Ulver). Chaque reprise de cet univers très riche, prenant ses ingrédients à la fois dans le dark ambient, l'électronique, le folk, ou bien l'indus voire même dans les ambiances ésotériques et mystiques, est un vrai bonheur pour les oreilles.

Bizarrement ou pas, du fait peut-être de leurs propres réinterprétations et de la vision singulière de Stéphane Grégoire et des protagonistes, ces titres nous donnent cet élan quasi naturel à se détacher totalement de l'œuvre de Coil, de ne prendre ces morceaux que pour ce qu'ils sont : de nouvelles créations à partir de nouvelles lectures des œuvres de Coil. Du fait même que chacun d'entre eux soit réalisés par un line-up différent, il gagne en intérêt. Les différentes interprétations (notamment les voix) et les ambiances qui parcourent ce The world ended a long time ago permettent de nous immerger plus facilement dans ce dédale de sonorités incroyables. Quand "Where are you?" et "Magnetic north" nous figent et nous glacent le sang, "Cold cell" nous donne envie au contraire de communier et prier. Quand "A white rainbow" nous éjecte dans la sphère stellaire, "Fire of the mind" nous incite à chanter en chœur de manière quasi religieuse. Sans parler de certains titres qui ont largement leurs places dans des BO de films fantastiques ("Going up", "Christmas is now drawing near"...). Bref, tu l'auras compris, si tu aimes ce genre d'atmosphères, ne loupe pas la découverte de cet album magnétique qui est autant réussi que sa pochette est ratée (cette typo...). Oui, il faut bien un petit bémol de temps en temps, sinon ça peut paraître louche.