Indus Indus > Terminal Sound System

Biographie > TSS

Si Terminal Sound System ne débarque sur le webzine aux longues oreilles qu'en 2011, le projet, initié et piloté en solo par Skye Klein, moitié du duo doom/noise Halo, existe pourtant depuis les débuts des années 2000, quand bien même il est longtemps resté, du point de vue de sa "diffusion" cloîtré sur son île-continent australienne natale. Crossover entre electronica, doom, indus, electro-jazz, rock, trip-hop..., TSS n'en pratique pas moins une musique singulièrement addictive, qui depuis le premier album, RH​-​8SB, autoproduit et diffusé confidentiellement à partir de janvier 2001, n'a cessé d'évoluer, jusqu'à l'arrivée du projet sur un label européen en 2010, en l'occurrence Denovali Records (Bersarin Quartett, Blackfilm, Sankt Otten,...). Entre-temps, TSS a sorti de nombreux enregistrements (le Black note EP en 2003, les albums Compressor en 2007 ou encore Constructing towers en 2008 > liste non exhaustive) qui ont affiné la griffe du projet à la croisée des genres, quelque part entre Amon Tobin, Godflesh, Isis, Slowdive, Squarepusher et Venetian Snares. En mai 2011, Heavy weather voit donc le jour via Denovali.

Terminal Sound System / Chronique LP > A sun spinning backwards

Terminal Sound System - A sun spinning backwards Deux ans après un Heavy weather d'excellente facture, Terminal Sound System remet le couvert, toujours par le biais de l'écurie Denovali Records, avec un nouvel opus qui dès les premières secondes, vient happer l'auditeur pour l'emmener vers des profondeurs d'une noirceur ambient/doom oppressive ("Deep black ash", tout est dans le titre en même temps). On se dit alors que le voyage risque d'être sans retour vue la tournure prise par l'environnement musical de cet objet difficilement identifiable en provenance d'Australie, pourtant "Oceans" vient rallumer la lumière dans l'esprit comme les enceintes. Emmenant alors l'auditeur dans des courants mélangeant habilement post-rock, électronique, doom et bien d'autres éléments sonores au sein du même tube à essais, TSS lui fait explorer un univers particulièrement personnel, prégnant et inextricable.

Que l'on découvre dans les moindres recoins avec un "Clearlight" orienté trip-hop obsédant vs électro minimaliste, avant que "Theme for scorched Earth" ne déploie des instrumentations et arrangements aussi amples que protéiformes. A sun spinning backwards est alors l'oeuvre d'un véritable chef d'orchestre concevant une machinerie musicale aux myriades d'influences et textures changeantes, en mouvement perpétuel. On ne compte même plus les emprunts stylistiques tant le travail de Terminal Sound System développe sa propre identité artistique au fil de pistes qui conjugue la notion d'excellence à toutes les personnes ("To the sun"). Tout en créant des ambiances propices à l'addiction quasi immédiate, entre boucles de synthés version old-school ("Silver ships") et plongées ambient narcotiques avant un climax absolument diabolique (un "Suns we've killed" magistral), Skye Klein, l'architecte du projet termine la construction de son édifice sur un "A perfectly reflecting sphere" au minimalisme intimiste avant l'exceptionnel "What will come" ne vienne définitivement parachever son oeuvre.

Un peu comme si les huit premiers titres dA sun spinning backwards avaient été programmés par leur concepteur pour aboutir à cette ultime finalité qu'est le dernier morceau de l'album. Une synthèse parfaite des obsessions créatives de Terminal Sound System, lesquelles trouvent leur paroxysme sur quelques huit minutes et treize secondes d'une véritable déferlante (super)-sonique, à l'image du reste, mais en mieux. Immersive. Bluffante. Passionnante.

Terminal Sound System / Chronique LP > Heavy weather

Terminal Sound System - Heavy weather Il suffit de quelques secondes d'immersion dans "Lords of the living, masters of the dead", morceau inaugural de cet Heavy weather pour comprendre que Terminal Sound System, c'est dans doute le crossover indus/ambient/electro/post-doom/jazz/rock/metal absolu. Des basses d'une lourdeur insondable, un grand-huit émotionnel aux mélodies incandescentes, ambiances tantôt orageuses, parfois plus intimistes, ce premier titre est une merveille d'introduction long-format (plus de sept minutes tout de même), nous permettant de pénétrerl'univers d'un projet qui doit certainement pas mal à Justin Broadrick... pour sans doute bientôt le dépasser, si ce n'est pas déjà fait. Il y a du Godflesh et du Jesu chez TSS, mais également une myriade d'autres choses, comme sur l'éthéré et darkjazz "Run, just run", porté par des harmonies d'une subtilité rare, ou le plus incisif "Tides", martelant sa rythmique post-doom obsédante en même temps qu'il ingère des cocktails indus/electro aliénants, lesquels n'auraient, par exemple, pas dépareillé sur le score d'Inception.

Les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas, quand bien même la trame directrice de l'album se révèle assez aisément identifiable. Mélange des genres sur fond de machines qui font s'enchevêtrer leurs instrumentations afin d'aboutir à quelque chose de fondamentalement bluffant, irrémédiablement fascinant, l'album est une constellation de pièces organiques à l'architecture futuriste. Comme quand "Broken hands for careful minds" fait entrer l'auditeur dans une transe digitale de laquelle seul l'intense et labyrinthique "Long division" pourra l'en extraire. Un morceau aux presque sept minutes d'une épopée sensorielle détonante, une descente en rappel dans l'esprit de l'auditeur, portée par des instruments évoluant à un rythme soutenu et parvenant finalement au coeur d'un magma doom/indus aussi saturé et hypnotique que multi-couches et magnétique. Pas une seule faute de goût ni de décalage artistiquement anachronique, on découvre les morceaux d'Heavy weather en se laisse envahir par une étrange et insidieuse sensation d'avoir en face de nous un album presque... parfait. Jamais répétitif, toujours dans la prise de risques maîtrisés, la construction intelligente et l'exécution irréprochable, Terminal Sound System ne semble pas pouvoir un jour céder à la facilité... recherchant invariablement la créativité intelligente, sans omettre la cohérence de l'oeuvre, même quand il abandonne toute idée de ligne mélodique directrice avec ce "Thieves" qui part dans tous les sens pour finalement revenir à son point de départ...

... et encore moins quand il dévoile ses partitions les plus "accessibles", les plus "belles" également mais pour autant pas les plus mainstream de l'album ("Crowded Skies", "Time/Light flows"). Pas de ça chez Skye Klein, également moitié du duo doom/noise Halo, qui pilote ici son projet d'une main de maître. A tel point que l'on peut ici délaisser les velléités les plus expérimentales pour s'en aller en quête d'absolu à la recherche du "beau" sans pour autant céder à la médiocrité des clichés faciles de motifs musicaux déjà archi-rebattus. Alors TSS poursuit son cheminement, jonglant au sein d'un même morceau entre différentes influences, on pense tour à tour à Amon Tobin, Squarepusher et Venetian Snares, à d'autres moments à Slowdive, Godflesh on l'a dit, voire même Isis pour les passages les plus "heavy" de l'album, sans jamais diverger un iota des dogmes qui semblent régir sa musique. On parle des travaux auxquels Heavy weather peut renvoyer et pourtant, jamais rien ne semble avoir été "copié sur..." mais simplement inspiré et surtout complètement repensé par un auteur/compositeur/producteur/arrangeur qui sait exactement ce qu'il fait. Et le démontrer une dernière fois d'ailleurs sur la neuvième et ultime piste du disque : "When it all breaks down", véritable merveille de minimalisme et de retenue, ne dissimulant par pour autant ses qualités d'arrangements intrinsèques, lesquelles se retrouvent agrémentées de petites trouvailles électroniques et autres finesses clairement propres à la griffe de Terminal Sound System. Un chef-d'oeuvre frisant la perfection avec une insolente facilité. Classe.