Ça fait du bien de retrouver Tempers un peu moins de 3 ans (le temps d'un Covid et de ses effets néfastes sur nos libertés) après son excellent Private life. Le duo New-Yorkais, s'articulant autour de Jasmine à la voix et d'Eddie au son, reprend un peu là où ils nous avaient laissé avec cette cold-pop pénétrante au charme capiteux. L'alchimie du duo est à son paroxysme : les élégantes sonorités des synthés et guitares posées sur des rythmiques réglées comme une horloge et soumises à des réverbérations raffinées accompagnent à merveille la voix douce et éthérée de Jasmine. Un univers brumeux qui suscite une certaine forme de curiosité de par sa poésie mettant en relief des thèmes portés, entre autres, sur l'individualisme mais également sur la claustrophobie liée à la surveillance des réseaux sociaux dont le contenu est souvent vide de sens. À ce titre, la pochette du disque réalisée par le photographe chinois Chen Weise illustre parfaitement les sensations fournies par New meaning.
Ce disque est finalement un élément de réponse à ceux qui n'ont pas l'espace pour exprimer de manière libre leurs sentiments. Si l'art existe, il est (surtout) fait pour ça aussi : donner du sens à nos vies, plutôt que perdre du temps avec toutes formes sournoises de diktats. Ici, prenons-le comme une immersion introspective, voire une sorte de rêve passant entre des ondes new-wave ("Nightwalking", Carried away"), post-punk ("Unfamiliar"), techno ("Sightseeing") ou même pop avec la très reposante "Secrets and lies". Ce quatrième album est une matière pleine d'interstices, au final, on ne sait plus vraiment si on somnole, si on est hypnotisé, ivre ou drogué... Pour les plus intéressés d'entre vous, sachez que pour poursuivre l'expérience New meaning, le disque s'accompagne d'un livre contenant dix œuvres d'art de Jasmine, à savoir des collages fait-main représentant chacune des chansons du disque avec les paroles originales. Fort heureusement, il reste encore des artistes à notre époque qui donnent une vraie raison d'être à leurs œuvres.
Publié dans le Mag #53