Sybreed Sybreed Dans une interview qui date déjà d'un paquet de temps, vous disiez que la logistique faisait partie de Sybreed et que les programmateurs prenaient peur quelques fois à votre arrivée.
Drop (guitare, samples) : Quand on peut voyager en van on met tout dans des jolies petites boites, mais si on doit prendre tous les éléments individuels, c'est vrai que c'est déjà arrivé que ce soit le gros bordel.
Benjamin (chant) : Le problème c'est dès que tu sors du format groupe de rock pur et simple, que tu joues avec des trucs électro, ça devient vite un bordel de câbles. Plus tu as de hardware, plus c'est une catastrophe à gérer. Puis un câble ça a une vie, une âme, ça a envie de s'entortiller etc. Donc même si tu fais les choses bien, c'est toujours Woodstock. Par rapport à la taille du groupe, c'est vrai qu'on a davantage de soucis. Si on était Depeche Mode, on aurait des mecs dans des camions pour gérer tout ça.

Proposer une musique avec autant de samples en live, ce n'est pas trop contraignant ?
Drop : On aime bien faire la même chose. Personnellement j'ai pas envie de jammer. On n'aime pas les surprises, on aime bien quand c'est prévu à l'avance.
Benjamin : Notre fierté c'est d'avoir un rendu le plus proche possible de l'album sur scène. Il y a assez de place avec un clic et des structures définies pour jouer avec. C'est juste qu'on s'est habitués à cette manière de jouer où le rythme reste tout le long, où on peut se concentrer sur l'exécution, puisqu'on joue une musique complexe à interpréter. Donc c'est même bien qu'on ait cette structure très établie. D'ailleurs la plupart des groupes en général ont des shows rodés, très définis du début à la fin. C'est sur le mode "tu mets ton pied là puis tu bouges là bas".

Votre participation au Download Festival était une première. Comment l'avez-vous vécue ?
Drop : C'était une super bonne date ! C'était assez cool d'avoir été le premier groupe suisse à jouer dans ce festival. Et même si on a joué super tôt, la tente était pleine. Donc une superbe expérience.

Vous avez tourné avec Deathstars, qui a pour réputation d'être un groupe de rock stars excentriques. Quel est le vrai du faux ?
Drop : Ce sont vraiment des gars super cool, pas rock star pour un sou. En tous cas ça ne m'a pas paru comme ça. Les mecs sont ouverts et boivent assez peu finalement.
Benjamin : Ils ont une image de groupe très travaillée, une attitude très rock finalement. Mais c'est vraiment pas des rocks stars. On a été surpris par pas mal de groupes dont on nous avait fait un portrait assez négatifs. Ils en font partie.
Drop : Genre Samael. On sait que ce ne sont pas des emmerdeurs.
Kevin (batterie) : Ou In Flames par exemple. Alors qu'on a rarement eu d'aussi bonnes conditions sur une tournée.
Benjamin : Nous en temps que groupe de première partie on a mis un point d'honneur à rester à notre place. On va pas se mettre en avant donc dès que les groupes voient qu'on est assez pros, en général ça se passe tout seul. N'importe quel musicien en tournée veut pouvoir faire son truc tranquille, donc si tout le monde est sur le même mode, l'atmosphère se détend d'elle-même.

Steph, avant d'intégrer Sybreed en tant que bassiste, tu étais guitariste dans un groupe de death technique. Comment s'est passée la transition ?
Steph (basse) : C'est plus simple, j'ai moins de cordes (rires) ! C'est pas trop difficile, surtout qu'il n'y a pas besoin d'un jeu de vrai bassiste. S'il y avait fallu faire du slap, où des techniques qui s'éloignent de la base ça aurait été plus long mais là c'est juste une guitare avec des cordes plus grosses et un manche plus long.
Benjamin : Vu sa taille en fait il passe d'un ukulélé à une vraie guitare quoi (rires) !

Comment tu as appréhendé les parties de batteries de tes prédécesseurs Kevin ?
Kevin : Quand tu passes après Dirk (Verbeuren, Soilwork), qui est un sacré batteur, c'est vrai que c'est pas évident. En fait je suis un fan de Sybreed à la base, c'est par pur hasard que je me suis retrouvé à auditionner pour le groupe. Je viens d'un style différent, je faisais du thrash, donc je connaissais pas le clic, les samples... Donc au début j'avais pas l'habitude de faire un live en entier avec le clic. Maintenant je l'entends même plus, même si je suis le seul à l'avoir dans les oreilles. Mais on se permet quand même d'avoir un côté live qui se différencie de l'album.
Dirk avait mis la barre très haut, du coup je pensais qu'il y aurait du monde pour prendre la place. C'était pas évident, mais je pense que ça c'est bien passé puisque je suis toujours là. Et puis je pense qu'on a un jeu un peu similaire avec Dirk, son jeu m'est familier, je comprends ce qu'il veut faire.

Sybreed - The pulse of awakening (LP) Tu t'es investi dans la composition de The pulse of awakening ?
Kevin : Sur le troisième, Drop et Benjamin ont accepté que je m'intègre à la composition. On a tous apporté des influences diverses.
Benjamin : C'était l'idée quand Kevin est arrivé. Drop était le principal compositeur, du coup c'était assez fatiguant. Bosser à trois personnes permet de se spécialiser, d'amener les éléments où chacun est le plus à même d'aider à la composition. Laisser Kevin faire ses parties c'était important puisqu'il amène ses grooves, ses influences. Puis en plus je le dis je suis fan du jeu de notre batteur. C'est un batteur qu'on oublie quand on joue en fait... on n'a pas à se concentrer sur la batterie, ça bouge pas, c'est carré. C'est un des gros points forts sur scène. Il est là, il assure une certaine stature sur scène.

Est-ce que la froideur de la musique de Sybreed est la meilleure manière de donner corps aux paroles, qui sont assez engagées ?
Benjamin : Excellente question... (pause) J'écris les paroles en fonction de la musique déjà composée. La musique se cale à l'atmosphère de Sybreed. C'est froid et en colère. Le chant et les paroles sont à la fois froids et très véhéments voire nihilistes. Pour moi les paroles sont typiquement calquées sur le concept général de Sybreed, sur l'image qu'on veut donner. Quand j'écris pour Sybreed je ne me pose même pas la question de savoir de quoi je vais parler. C'est assez nihiliste, sur le concept de société post-moderne comme sur le plan personnel. Je fais exprès de planter le couteau là où ça fait mal. Il y a une forme de cynisme, quelque chose que j'essaie d'apporter dans les paroles.

Comment avez-vous intégré les orchestrations présentes sur The pulse of awakening ?
Drop : C'est Ben qui s'est mis à faire des musiques un peu sympho. Et ça rend bien ! il y a en a trois sur The pulse of awakening et c'est quelque chose que l'on va développer à l'avenir.
Benjamin : Ça faisais longtemps que je voulais utiliser ça, mais sans tomber dans les travers du black symphonique. J'ai travaillé la théorie musicale classique pour avoir des rendus plus barrés. Je suis inspiré par Hans Zimmer, Jerry Goldsmith, des compisteurs de BO de films. Ça apporte un côté épique et cinématographique à Sybreed. C'est un trip qui est récent mais ça marche.
Drop : On ne fait pas ça avec un orchestre. On met juste des petites touches de temps à autres mais on ne veut pas tomber dans le cliché Dimmu Borgir.
Benjamin : On possède des outils informatiques crédibles qui sonnent presque mieux que si tu enregistrais un orchestre. C'est tellement coûteux qu'on aurait eu une formation réduite et on serait passé à côté de ce côté puissant qui transparaît. On utilise pas un orchestre entier mais simplement des éléments. On vire des couches pour éviter un rendu plastique.

Y a-t-il un moment, dans la composition de l'album, où vous vous dites qu'il y a trop d'éléments électro par rapport au reste ? Comment s'équilibrent les différentes composantes du son Sybreed ?
Drop : C'est un peu toujours au feeling, ça vient comme ça. Si on met 58 nappes avec, on sera content. Si j'en ai trop fait c'est que je suis content. Si c'est pas assez on fait autre chose.
Benjamin : Drop a une oreille de producteur, donc il sait la limite. Ça nous arrive de nettoyer des parties, mais on a plutôt tendance à rajouter.
Drop : On a une manière de composer qui est assez pop finalement. On est pas là à se dire, "alors là tu reprends le riff Z puis 5 notes et un break d'une mesure". Moi je comprends rien au solfège, tout ça. Souvent il y a des mecs qui viennent me dire "ouais ce riff là tu fais 27 croches et puis après tu pars sur 3 temps... " Alors que moi j'en sais rien du tout. J'intellectualise pas les riffs que j'écris.
Benjamin : Même en essayant de faire simple on essaye toujours de placer des trucs tordus à un endroit.
Drop : On fait de la musique qui bégaie (rires). Mais on se pose pas la moitié des questions que les gens pensent que l'on se pose. La musique de Sybreed nous vient naturellement, on ne fait pas d'équations.