Indus Indus > Stupeflip

Biographie > Stupéfiant et flippant

Stupeflip - King Ju Tenter de raconter ce qu'est Stupeflip prendrait bien plus que quelques lignes sur une simple biographie. Tenons nous en donc aux faits afin de ne pas nous emmêler les pinceaux. En 2000, Stéphane Bodin du groupe électro Bosco fait tourner à Paris une maquette composée et réalisée à la maison par son voisin de palier, un certain Julien Barthélémy aka King Ju (qui a également d'autres surnom tels que "L'épouvantable épouvantail" ou "Rascar Capac"). Cette démo répondant au nom de Stupeflip ne passe pas inaperçue par son esprit punk et décalé et permet à la bande de King Ju (également graphiste de son état) d'enregistrer en studio au début du mois de novembre 2001 un premier CD en guise de promo. Ils signent un deal avec Vorston & Limantell, un sous-label de la major BMG. Après le succès d'une part du titre "Je fume pu d'shit" passé en rotation lourde sur les radios mais également avec le hit déjanté "Stupeflip", le premier album éponyme voit le jour début 2003. King Ju/Pop Hip accompagné de Cadillac et M.C. Salò tiennent là un concept entre chansons rap et pop variétoche 80's avec une touche punk. Stupeflip incarne le "j'm'en foutisme" absolu et fusille sa promotion à chacune de ses invitations médiatiques (notamment chez Ardisson).

Au début de l'été 2005, sort Stup religion, un album dans la veine du premier qui alimente toute une histoire autour du mythe imaginaire du Crou, une organisation secrète crée en 1972 pour terroriser la population. Les ventes de cet opus ne suivent pas comme le premier et l'attitude des membres agace BMG qui décide de les virer. L'après Stup religion sera une succession de collaborations pour les divers membres du groupes, King Ju monte par exemple Simone et Pop Hip avec la chanteuse de Simone elle est bonne puis participe à un titre de Mémoire de singes de Lofofora tandis que Cadillac s'amuse à balancer sur le net des vidéos détournées d'hommes politiques sous le nom de Bruno Candida. En 2010, Stupeflip sort un DVD comprenant un film sur le groupe et un live plus divers bonus. Cette vidéo est censée aider financièrement la sortie du troisième album prévu pour février 2011 soit six ans après le deuxième disque. The hypnoflip invasion a fait l'objet d'une pré-commande comportant un vinyl maxi collector, The terror maxi.

Review Concert : Stupeflip, Stupeflip s'installe au Bataclan (mai 2011)

Stupeflip / Chronique LP > Stup forever

Stupeflip - Stup forever Stupeflip, c'est pile ou face, si tu les empiles, ça te fracasse. Mais bon, le groupe a sorti son cinquième album le 16 septembre 2022 : Stup Forever. Impossible de ne pas tendre une oreille sur les nouveautés de ce hip-hop loufoque. "Stup Forever", c'est une intro d'une quarantaine de secondes. C'est aussi un rappel pour ceux qui viendraient chercher un nouveau délire : « Le Stupeflip Crou ne mourra jamais ». On pourra donc s'amuser à trouver les résonances antérieures et nous aurons certainement le plaisir de retrouver quelques personnages de l'univers du Stup (Sandrine Cacheton, Pop-Hip). "Dans ton baladeur (DTB)" commence cash. Comme à son habitude, le groupe propose une surface qui cultive le mauvais goût de la musique des années 80. On bourre les mélodies de synthé, de boites à rythmes et autres artifices. Martelant un refrain obsédant, le flow percutant nous force à entendre le fond de l'affaire. Les couplets abordent tour à tour des sujets comme la domination, l'addiction aux écrans, le machisme, les sectes, etc... Le truc passe à mach 12 et si tu t'arrêtes pas pour écouter, tu vois pas le sens. T'as juste mal au crâne. "Cosmos 1999" en vingt secondes cultive l'ère du Stup, avant que l'on poursuive très vite sur "Étranges phénomènes". La vitesse s'accélère et un torrent de mots se déverse anarchiquement.

La suite se fait sur un thème récurrent de Stupeflip : le shit. Dès 2003, nous pouvions entendre sur le premier album, "Je fume pu d'shit", suivi directement par "J'refume du shit". Cette fois le Crou revient avec un superbe "Tellement bon". Le refrain expose nettement le paradoxe du consommateur : « Faudrait qu'j'arrête de fumer des oints-j, putain, mais c'est tellement bon », tandis que les couplets prennent le relais sur l'état de la personne en manque : « J'le trouve pas, je fais des dégâts, comme un rat d'égout, je fouille partout ». L'ensemble de la composition en fait certainement un des titres phares de l'album, à ne pas manquer. "L'truc Xplosiff" groove grave. Un très bel enchaînement entre les deux titres. Empêcheur de tourner en rond, le groupe fait la suite avec "Les gens qui s'énervent" qui détonne avec un pop reggae un peu chelou mais drôle à souhait. Nouveau coup de cœur un peu plus loin avec "Les voûtes". Ce titre pose un univers nostalgique et les paroles s'amorcent avec « les souvenirs s'envolent et ça taille une de ces gueules », où la référence à Léo Ferré est à peine déguisée. Dans la tristesse se dessine toujours un trait d'humour : « Les cœurs s'flétrissent et, ça, j'te jure que ça rend le Ju', triste comme la disparition des Smarties ». Le titre pousse au constat, la vie passe, est absurde et elle passe vite. Nous sommes plus fragile que nos objets, nos bibelots. "Pop Hip, le mort vivant" vient ressusciter ce personnage historique et ça fait toujours plaisir d'entendre qu'il aimerait « être dans le top 50 ». Une référence que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Coté featuring, on aura Cadillac à l'approche de la fin de l'album sur "The Platform" avec MC Salo qui, en plus de ce morceau, viendra sur "Régions fédérées" nous rapporter entre autres une histoire de Rambo à dormir debout. On finira par un brin de disco-électro.

Dans Stup Forever, Stupeflip livre un classique de son univers. Un album qui part musicalement dans tous les sens. Pourtant, l'ensemble se tient bien. On retrouve avec plaisir le paysage du Crou : le shit, Pop-Hip, la religion du Stup. King Ju et ses acolytes nous offrent encore un grand moment de trips. Pour écouter ça, faut se mettre dans le bon sens. Mais si tu passes à côté toute ta vie, une chose est sûre : tu perds une chance de connaître un artiste, un vrai.

Publié dans le Mag #53

Stupeflip / Chronique LP > Stup virus

Stupeflip - Stup virus Cinq années sans que Stupeflip n'ait tenté de terroriser la population avec son mélange de hip-hop et de variété, c'était sûrement trop pour la mystérieuse organisation du C.R.O.U. Alors après un crowfunding digne de figurer dans le Guiness des records, le groupe lance sur les ondes un premier titre pour tous les lapins-hiboux : "Pour les Zouzs". King Ju balance son hip-hop efficace et tranchant. Le morceau fait bien le taf mais nous sommes prévenus : ce n'est en aucun cas le nouveau Stupeflip ! Six mois plus tard, l'album Stup virus se pose dans les bacs...

"Intro" classique rappelant que le C.R.O.U est une organisation fondée en 1972 pour terroriser les populations. Quand on découvre Stupeflip pour la première fois, c'est une amorce qui permet de s'immerger direct dans leur univers loufoque. Mais au bout de quelques années, c'est un peu comme un running gag : c'est bon mais faut pas trop en abuser ! Bien heureusement, "The Andidote" nous sort de la mélasse avec le phrasé de King Ju qui scie les pattes aux psychopathes. Le refrain bien plus pop rentre dans les crânes à coup de hache et c'est reparti pour un tour : comment bouffer du stup sans choper la myxomatose ? Plus sombre, Stupeflip nous embarque dans "Creepy Slugs" qui fournit sa dose de textes alambiqués. Tout le long du morceau, une petite alarme sonne et donne quelques reliefs psychédéliques au flow des membres de Stupeflip. La troisième piste est comme l'intro et franchement : ça commence à bien suffire ! Pas grand chose à reprocher à des titres comme "La seule alternative", "The solution" et "Stup virus" sur la forme. Par contre sur le fond, les morceaux manquent un peu d'inspiration dans les textes. Le crou, toujours le crou, nous sommes bien loin de l'époque où sonnait "Le spleen des petits" ou "Les monstres". Mais le groupe fait bien les choses. Quand la pop synthé de "Lonely loverz" pointe le bout de son nez, mes oreilles saignent et je suis prêt à tout pour revoir le hip-hop de fou malade du Stup ! C'est alors que le C.R.O.U sort de son chapeau Colette pour deux featurings plutôt fou-fou. Stupeflip revient en mode hardcore sur "1993". Frappant, nostalgique et hargneux, c'est sans aucun doute le titre le plus réussi de l'album d'un point de vue de la créativité. Cela dit, même quand King Ju débite du n'importe quoi (exikitapélogué belmaksakt Tepac élimatol sépascséploqué) ça passe bien et c'est peut être là le plus impressionnant !

Stup virus prouve que le groupe en a encore sous la pédale. En virant son délire avec Sandrine Cacheton et quelques petites bidouilles pop, Stupeflip pourrait faire un vrai disque de hip-hop et réaliser un virage dans sa discographie. Pas évident que cela soit dans le prévisionnel, tant le groupe est soucieux de ne pas se prendre au sérieux. Au delà du IV, les "Rocky" ça sentait méchamment le réchauffé. Que nous donnera Stupeflip la prochaine fois ?

Publié dans le Mag #28

Stupeflip / Chronique EP > Terrora !!

Stupeflip - Terrora Le retour l'année dernière du gang le plus taré du paysage musical français a été autant surprenant que l'étendue du succès qui a suivi sur sa tournée. Stupeflip surfe donc sur ce come-back triomphant et publie sans prévenir à la mi-septembre un EP de six titres intitulé Terrora !!, disque accompagné d'un DVD live d'une heure capté sur les dates de The hypnoflip invasion. On se dit d'emblée qu'il n'y a pas foutage de gueule sur la marchandise même si au final, ce sont quatre "réelles" compositions originales qui viennent s'ajouter à ce tableau de chasse, si l'on omet l'introduction, l'interlude et la chanson cachée finale toujours synonyme d'exutoire virant au grand n'importe quoi. Hourra, on a échappé aux remixes !

Terrora !! n'a pas le profil du disque qui va impressionner, trop proche du dernier album. Quand on connaît un temps soit peu l'aventure du "crou" et l'interminable attente entre Stup religion et The hypnoflip invasion, soit six ans, on se dit que ce dernier aurait du/pu faire figure de révolution pour cette formation obnubilée par les ères. Inévitablement, on se rend compte avec cet EP que la "menuiserie" n'a pas vraiment changé de bois, ni même d'outil. Pire, l'auditeur se retape certain vieux samples utilisés sur le premier album. Stupeflip, hanté par son passé délirant ("Crou genesis"), s'en sert pour entretenir cette terreur intrinsèque au culte (ayons une petite pensée à ce pauvre Joël qui continue à se fait martyriser ici sur la fin de l'introduction).

Rentrons dans le vif du sujet. Le trio nous a épargné le retour de Pop-Hip (ah oui, il est mort, c'est vrai !) et sa synth-pop rétro parfois imbuvable pour un hip-hop sans grande surprise dans la droite lignée de ce que fait le groupe depuis plusieurs années. En clair, Stupeflip ressort du tiroir ses prod' bien agencées aux boucles à la fois sombres ("Nan ?.. Si ?") et festives ("Le sonkifoudécou") et aux flows toujours dévastateurs dans le fond comme dans la forme comme sur "Strange traps" où la formation varie les types de voix à chaque couplet. Contrairement aux LPs, les morceaux de Terrora !! ne dépassent pas les trois minutes et filent donc à la vitesse de la lumière ce qui nous oblige rapidement à se délecter du DVD livré avec. Enregistré à Clermont-Ferrand, Dijon et Nancy, le show est à l'image du groupe : mystérieux. Doté d'une mise en scène savamment pensée faite entre autres de déguisements flippants, ce spectacle révèle dans un climat sectaire des réorchestrations des morceaux étonnantes à l'instar du cultissime "A bas la hiérarchie". Une vraie valeur ajoutée à cette nouvelle sortie malgré une durée relativement courte, proche des shows du groupe, à savoir environ une heure. Cette terreur ravira sans problème les die-hard fans de la bande de l'inépuisable King Ju.

Stupeflip / Chronique LP > The hypnoflip invasion

Stupeflip - The Hypnoflip Invasion Ils avaient fait le buzz il y a de cela huit ans avec leur tube "Je fume pu d'shit", un titre doucereux et passe-partout mêlé à un barnum sans nom par une attitude désobligeante et des titres percutants tels qu'"A bas la hiérarchie" ou "Stupeflip". A la fois aimé et détesté, Stupeflip récidive deux années plus tard en entretenant le mythe religieux du Crou, organisation mystérieuse intrinsèque au groupe mené d'une main de fer par l'épouvantable épouvantail qu'est King Ju. Et puis ce fut un long silence jusqu'à la sortie récente d'un troisième album au nom "catchy" : The hypnoflip invasion.
Rassurons d'emblée les fanatiques, cette première sortie post-BMG n'a pas changé d'un iota les ambitions et la direction artistique menée jusqu'alors par cette formation décidément atypique. A croire que ces six années n'en ont fait que quelques unes et que King Ju n'a jamais vraiment quitté sa "menuiserie" pour composer ses morceaux facilement identifiables. Sorte d'agent-double musical, Stupeflip flirte, comme à l'accoutumé, avec les extrêmes sur ce troisième album en diffusant une partie de ses morceaux sur une station radio imaginaire sur le canal 72.8. Le groupe enchaine les brulots hip-hop au rappé tranchant ("Stupeflip vite !!!", "La menuiserie", "Chack da crou") qui se mutent en ritournelles synthpop 80's ringardes chantées par le lourdingue Pop-Hip qui d'ailleurs se fait shooter à domicile à la fin du disque. Les titres de The hypnoflip invasion ne sont pas tous à la hauteur mais sont vites rattrapés par l'ambiance décalée, parfois drôle et énigmatique régnant en maître autour de ce disque. Ainsi, le Crou vous fera vivre le phrasé rap d'un sourd ("Chack da crou"), la demande de featuring de King Ju à Mylène Farmer ("Lettre à Mylène"), vous racontera la dure réalité d'acheter un petit blouson en daim de nos jours, vous expliquera ce qu'est le conclave religieux nommé Sinobe Pibouin ou pourquoi aimer les moches n'est pas une honte ("Gem lé moch'). Bref, du lourd(ingue ?) au programme pour ce The hypnoflip invasion, album original dans la plus pure tradition Stupeflipienne qui, selon les protagonistes, serait leur meilleur à ce jour. L'originalité, n'est-ce pas ce que tout mélomane exige d'une œuvre artistique ?