Stupeflip - Le Bataclan, Paris (3 mai 2011) Stupeflip - Le Bataclan, Paris (3 mai 2011) Les parisiens ont réussi le tour de force de faire sold-out sur la plupart de leurs dates provinciales. Paris n'est pas exclu si bien qu'ils ont doublé la mise au Bataclan (3 et 4 mai) et booké une date supplémentaire à l'Olympia le 1er novembre. Classe ! Quand Stupeflip tient l'affiche, il est difficile de ne pas s'attendre à un joyeux bordel ou une (dés)agréable surprise. La première soirée au Bataclan fut ouverte, dans un premier temps, par Bruno Candida, personnage interprété par Stéphane Bellenger aka Cadillac de Stupeflip. Pour celles et ceux qui n'auraient pas encore vu ses sketchs sur le net, Bruno Candida mime donc en playback des discours d'hommes politiques ou des extraits de films en costume-cravate avec une impudence qui régale le public. Enfin, pas complètement puisque certains commencent à s'impatienter en lui jetant des boulettes de papiers. Ce qui fut le cas aussi pour le suivant à venir défier le public chaud comme la braise à savoir Schöne Connerie (fallait le porter ce nom là !). Originaire de Montpellier, cet homme d'une quarantaine d'année doté également d'un costard se veut rappeur, pas crédible pour un sou, même si le contenu de ses textes anti-capitalistes ou humoristiques nous arrache un rictus par moment. Ce Patrick Sébastien du rap aura le mérite de tenir face à la foule impatiente qui n'hésite pas, par l'intermédiaire d'un gars, à monter sur la scène pour tenter de lui arracher le micro. On l'aura compris, la star du soir c'est Stupeflip.

Le CROU aime entretenir son mystère et c'est vêtu d'aubes noires et d'une façon sectaire qu'il apparait sur scène pour interpréter l'inattendue "Les monstres" issue du premier album. Sur une mise en scène codée, Stupeflip sait comment gâter son public qui ne demande qu'à être replongé dans l'univers de ses disques. Celui-ci est d'ailleurs majoritairement conquis et reprend en chœur les paroles, les petites ritournelles et les passages cultes dont la mésaventure de Cadillac lorsqu'il découvre que Casimir n'est pas un être vivant (dernier titre de l'album Stup religion). La bande de King Ju a cependant un mal fou à reprendre correctement ses titres n'hésitant pas parfois, à tort, à changer la bande sonore de ses tubes à l'instar de la décevante "Je fume pu d'shit" transformée en version punk 80's. Le concert se déroule sur une trame narrative avec l'apparition de deux visages projetés sur scène qui se répondent lors d'interludes souvent trop longs cassant du coup le rythme du concert. Dommage quand on se rend compte à la fin que le spectacle n'a duré qu'1h20 bien tassées, un temps similaire à la fois où je les avais vu en 2005 sur la tournée précédente. Stupeflip trouve toutefois le temps de foutre son bordel en balançant une tonne de masques pendant "Apocalypse 894" ou en stoppant le concert pour boire une bière en compagnie du public puis de le traiter comme de la merde. Les parisiens ont prouvé ce soir qu'ils sont de nature ambivalente : autant leurs disques sont un véritable travail d'orfèvre, autant leurs chansons sur scène sont parfois bâclées mais toujours rattrapées par l'indulgence d'un public acquis à leur cause. On ne jouera pas les offusqués, on sait que King Ju déteste les concerts et il faudra retenir l'ambiance survoltée qu'il y a eu ce soir. Et ça, c'est déjà une victoire.