Spill Gold - Highway Hypnosis Pour cette chronique des "disques oubliés", on va déroger un petit peu à la règle que je m'étais fixée en l'initiant à l'époque dans notre magazine. À l'origine, cette rubrique était destinée aux albums "coups de cœur" d'un temps très éloigné de l'actualité, de faire appel à nos souvenirs, de partager des œuvres qui nous ont accompagnées tout au long de nos vies. En ce qui concerne Highway hypnosis, c'est l'inverse. On peut simplement appeler ça une découverte tardive, ou un raté (impardonnable). Bien que les plateformes de streaming puissent faire grincer des dents, notamment sur la partie rétribution aux artistes (mais pas que), elles ont au moins le mérite de faire découvrir par chance de fabuleux albums. Je dis "par chance", car ne soyons pas dupe, quand on est mélomane, boulimique de musique et qui plus est méga exigeant en termes de goûts et de couleurs, on zappe très souvent ce qu'on nous propose (c'est aussi malheureusement le cas pour les propositions incommensurables de chroniques qu'on reçoit quotidiennement). Au moins, on tient à respecter notre honnêteté et on ne se laisse pas imposer les choses tels des moutons en mal de sensations musicales (souvent éphémères) qui contentent tout le monde. Enfin, presque.

J'ai donc découvert Spill Gold le mois dernier par hasard, à travers un algorithme, ou un album que j'avais sûrement dû écouter juste avant et qui selon toute vraisemblance devait être le premier album éponyme d'Heimat. J'avais pensé au départ consacrer la rubrique à ce groupe-là, mais mes plans ont changé suite à l'écoute de Highway hypnosis. Ce dernier est le deuxième album de ce duo féminin de synth-pop/cold wave psychédélique amstellodamois qui, ironie du sort, a sorti son successeur cette année... Pas grave, j'étais vierge de tout rapport avec ce groupe, et le sujet de cette mise en avant datée est, je pense, plus captivant que Zaza. Le temps nous le dira. En tout cas, ce qui a éveillé au départ mon attention sur la musique de Rosa et Nina, c'est leur pouvoir d'habiller merveilleusement bien l'hypnotisme que suggère leurs chansons avec leurs rythmiques cycliques. Le côté emmiellé des voix féminines ? Peut-être. L'idiosyncrasie des éléments électroniques (rythmiques comme notes) influant directement ou indirectement sur le psyche ? Sans aucun doute. En plus d'être sombre et envoutant, Spill Gold a cet avantage de nous garder régulièrement en mouvement ("Ecotone, part 1" en est le plus bel exemple"), dans cette séance de transe qui invite les fantômes du rock cosmique allemand des années 70. Ni totalement rock, ni complétement electro, les Néérlandaises jouent entre les deux familles de genre, comme avec leurs compositions qui s'étendent sur différentes palettes de gris. On sort bousculé de l'expérience d'écoute de cet Highway hypnosis qui sur le papier n'est finalement "que" de la pop électronique, mais qui nous questionne sur notre propre état psychique. Et si Spill Gold rendait aboulique à trop vouloir manier l'ambivalence ? Un conseil : laissez-vous porter par cette "hypnose sur autoroute" sans trop réfléchir.