C'est le leader naturel de Shaârghot qui a accepté de répondre à nos nombreuses questions sur l'actualité récente du groupe. C'est en grand penseur et Gentil Organisateur qu'Etienne évoque donc avec nous leur tournée, leur album, leurs vidéos, leurs inspirations et un tas d'autres choses qu'on te laisse découvrir !
Shaarghot
Vous avez développé tout un univers pour le groupe, vous n'avez pas peur d'y être enfermé ?
Du tout, le lore est suffisamment vaste pour que je puisse faire ce que je veux. Pour l'instant, tout se passe dans la même cité ruche, mais j'ai déjà prévu de faire un tour hors des murs !
Tu pourrais aussi t'en lasser ?
Peut-être, mais pas pour le moment en tout cas. Si le projet venait à me lasser, j'en ferais un autre histoire de me ressourcer et je reviendrais sur Shaârghot un peu plus tard. Pour le moment, notre enthousiasme vis à vis de cet univers est intact ! Et puis je compte le développer sur d'autres médias, c'est assez rafraichissant parfois de sortir du train-train "concert/composition".
Produire un show plus qu'un concert demande aussi d'être encore plus créatif, qui amène les idées ?
Les idées viennent majoritairement de moi, même si dernièrement je laisse une part créative de plus en plus importante à mes compagnons de route. On se connait depuis des années et ils commencent de mieux en mieux à comprendre ce que j'ai dans le crâne, du coup, il est plus facile pour eux de faire des propositions qui vont dans le sens de mon univers.
Vous laissez une place à la liberté en concert ou tout est millimétré ?
Les deux mon général ! Il y a beaucoup de choses qui sont calées, le temps de set, les transitions, certains rendez-vous, etc..., mais il y a quand même une petite part prévue pour l'impro, des accidents heureux qui parfois finissent eux-mêmes par être incorporés dans le show !
Quand on a sorti un clip du niveau de "Break your body" et des courts métrages de dingue comme "Z//B" et "Black wave", c'est difficile de faire mieux. À quoi faut-il s'attendre pour "Let me out" ?
À quelque chose de complètement différent ! On a adoré l'exercice du court métrage, c'est pas impossible qu'on en refasse pas un autre un jour, mais pas tout de suite. Là, on veut passer sur quelque chose d'un peu plus surprenant, un truc qu'on n'a pas encore fait, histoire de changer un peu !
Le projet est soutenu à fond par les "Shadows". Avoir une telle fanbase, ça rend fier ?
Carrément ! On a un public au taquet et la plupart du temps assez créatif ! il y a globalement une bonne ambiance pendant les concerts de Shaârghot, c'est un grand défouloir intergénérationnel et ça fait vraiment plaisir à voir !
Vous avez livré le bidon ?
Oh que oui ! Après plusieurs années de services (et de nombreux blessés à son actif), le bidon a enfin prit une retraite bien méritée chez un couple de Shadows ! Bon, du coup on en a pris un autre, mais celui-là devrait faire quand même vachement moins de dégâts ! (rires)
Les plates-formes de streaming produisent beaucoup de séries, de films, investissent dans l'humour également, mais très peu dans la musique. Un projet de série cyber-punk avec votre musique en bande-son, ça vous brancherait ?
Alors, non seulement on y a pensé, mais on aimerait également tourner notre propre série basée sur l'univers de Shaârghot ! Bon... n'est pas Rob Zombie qui veut, ça ne sera pas pour tout de suite j'en ai peur, mais je garde l'idée en tête !
Cet automne vous aviez une belle tournée avec Punish Yourself, quel a été votre sentiment quand vous avez appris que Vincent assumait ses actes et arrêtait le groupe ?
On a tous été choqué. Punish est un groupe qui a bercé la majorité d'entre nous lorsqu'on était ado et qui nous a beaucoup porté musicalement. Donc, ouais, quand on a appris le truc, on était tous un peu sonnés. Actuellement, on n'a pas vraiment réussi à en ré-écouter je t'avoue.
Shaarghot
Certains ont douté de votre capacité à assurer les dates "seuls" ?
J'en sais rien et je ne me suis pas posé la question. On a un job à faire, on va le faire du mieux possible, le reste n'a pas vraiment d'importance. Tout ce qui compte, ce sont les souvenirs qu'on a laissé en partant, et les retours sont toujours très bons, ce qui est extrêmement encourageant !
Le public a répondu présent, désormais, c'est clair, c'est vous les patrons du metal indus français !
J'aime pas vraiment l'appellation de "patron". D'ailleurs, même pour le mot "Indus", on se range dans cette case car c'est un peu fourre-tout, mais en vrai, est-ce que ce qu'on fait, c'est vraiment de l'indus ? J'en sais rien et ça m'intéresse moyen de le savoir. On se fait plaisir et on donne du plaisir aux personnes qui viennent nous voir. Le reste, savoir si tu fais tel truc ou si t'es le meilleur dans tel truc, ça n'a pas vraiment d'importance à mes yeux. Les retours sur ce qu'on fait sont toujours bons et de plus en plus nombreux. Pour moi, c'est la seule chose qui compte.
Une autre tournée est-elle en préparation, maintenant qu'on connaît les nouveaux titres ?
Bien sûr ! Là, on prend une petite pause car on a pas mal cravaché, mais le live est ce qu'on préfère faire ! On profite de ce temps de repos pour bosser de nouvelles choses, ajouter de nouveaux morceaux à la setlist, travailler des trucs en plus... Bref, on va gentiment redémarrer en mai avec quelques festivals et revenir en force dans les salles en septembre ! On fera une annonce à ce sujet d'ici pas longtemps.
L'album est très varié avec de nombreuses atmosphères et influences différentes, tout en restant proche de votre identité. C'est facile d'intégrer et de digérer les inspirations ?
C'est un exercice comme un autre, je dirais. J'aime bien faire des choses différentes sinon je me lasse vite. Du coup, je m'impose des petits défis, faire un titre à la façon de tel et tel artiste et de tout mélanger à de l'électro pour voir ce que ça donne, c'est plutôt amusant à faire ! Des fois ça marche du premier coup, des fois non, faut expérimenter d'autres trucs ! Et une fois que c'est fait, bah hop, on passe à autre chose !
Qu'est-ce qui est à la base d'un titre de Shaârghot ? Un riff, un rythme, un texte, un sample... ?
Tout ça en même temps ! Il n'y a pas de règles ! J'aime changer de méthodologie régulièrement pour les mêmes raisons que j'ai donné tout à l'heure. Parfois, il suffit que j'entende juste le bruit d'une machine dans la rue pour que ça me donne une idée. Des fois, j'aime bien me laisser porter par un riff ou un son de synthé et improviser. Par contre, c'est vrai que j'écris toujours à la fin, pour moi le texte doit servir le morceau et non l'inverse, c'est une question de point de vue, mais le texte et donc la voix, ça doit ajouter une sonorité plaisante au morceau. Si y'a un bout de texte qui est cool, mais que ça ne rentre pas, bah pas grave, on refait et puis c'est tout.
Qu'est-ce qui est le plus important dans un morceau de Shaârghot ? Les effets, l'électronique, le groove, la mélodie ... ?
Le côté ver d'oreille je dirais (rires) ! Si au bout de la première écoute, t'es pas capable de chanter un riff, une mélodie de machine ou de scander un refrain, c'est que ça ne colle pas. C'est une façon très "pop" de voir les choses peut-être, mais j'avoue avoir un petit amour pour les machines à tubes et je ne m'en suis jamais vraiment caché.
Si tu voulais entendre une reprise de Shaârghot par un groupe, tu choisirais lequel ?
Tiens, c'est marrant, je n'y avais jamais pensé... j'avais déjà imaginé reprendre d'autres artistes mais là ...hummm... il faudrait un truc un peu loin de ce qu'on fait, style Heilung ou un groupe de black symphonique à la Septic Flesh ou Dimmu Borgir, ça pourrait être drôle ! Et surprenant !
C'est la période des vœux et des résolutions, alors quelles sont vos résolutions et qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter ?
Il y a bien longtemps que j'ai arrêté de prendre des résolutions (rires) !
Mais si tu veux nous souhaiter quelque chose, souhaite nous de belles dates devant un public heureux et ça sera déjà très bien !
Merci Etienne et merci également à Roger de Where The Promo Is.
Photos : JC Forestier
Publié dans le Mag #59