Shaârghot-Vol III - Let me out Ce nouvel album de Shaârghot devait être celui de la confirmation de tous les espoirs qu'on avait placés dans une formation aussi inventive que sensible au travail réalisé par leurs aînés. Un troisième volume avec uniquement du neuf après un EP fracassant et un "avènement" qui était construit sur les solides bases de l'EP (je me ne lasse toujours pas de "Break your body"), un nouveau chapitre lancé après une tournée commune avec Punish Yourself qui pouvait ressembler à un adoubement... Mais l'histoire s'est précipitée et c'est désormais seuls au sommet de montagne metal-indus explosif frenchie que se retrouvent les Shaârghot, Let me out s'est donc transformé en possible première pierre d'une domination.

Auront-ils les épaules ? Si on pouvait se poser la question au moment du retrait de Punish Yourself, la réponse est claire quant au live : oui. Ils n'ont plus besoin d'un grand frère pour remplir les salles et faire couler la sueur comme la peinture. Et en studio ? La réponse est massive, un peu flashy, parfois sexy, puissamment groovy et tient en treize pistes qui mettent les pendules à l'heure. Parmi ces morceaux, difficile de deviner lequel sera un des nouveaux hymnes du combo, bien qu'il ne fasse pas partie des 4 amenés en ligne en éclaireur, je mettrais bien une pièce sur "Let me out" qui condense toutes leurs qualités sans en mettre une plus en avant : metal, électro, mélodies et puissance sont si bien dosés que le titre n'est pas marqué par autre chose que par un ensemble qui sonne comme du pur Shaârghot, les breaks et la répétition du "Let me out" laisseront des traces dans les salles... Sur d'autres tracks, les Franciliens poussent les curseurs et vont se frotter à de grosses références, difficile d'occulter Slipknot à l'écoute de "Life and choices", Korn en entendant "Sick", Rammstein en étant captivé par l'entêtant sample clair de "Something in my head" ou Marilyn Manson quand on se retrouve au cœur du langoureux et sulfureux "Love and drama for great audience". L'évocation du quartier rouge (et les extraits parlés comme certains "bruitages" très orientés) rendent "Red light district" particulièrement sexy mais il serait peut-être de mauvais goût de citer leurs amis Toulousains. Avec une grande part d'influences venues de l'Electronic Body Music, Shaârghot continue de nous faire danser ("Jump", "Great eye", "Are you ready?") sur des sonorités assez froides et n'hésite pas à ajouter de grandes baffes aux petits samples pour faire bouger les derniers récalcitrants (le nerveux "Cut / cut / cut" ou le martial "Chaos area").

Metal ou électro, Shaârghot ne choisit pas et mixe le tout pour poursuivre son histoire et s'asseoir sur le trône en fer de lance d'un mouvement où de trop nombreux groupes restent confidentiels, faute d'avoir le truc en plus pour tout exploser. Eux ont tout et le prouvent. Si on les laisse sortir de leur boîte, on ne pourra plus les y remettre mais est-on prêt à cela ? Parce que eux, c'est sûr, ils le sont.