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Biographie > MJH = Scorn


Après avoir été le batteur originel de la célébrissime formation grindcore (et instigatrice du genre) Napalm Death (entre 1982 et 1992 ; période durant laquelle il aura collaboré avec un certain Justin Broadrick, lequel ira mettre au monde, entre autres, Godflesh et Jesu), Mick Harris a étoffé son CV en participant à Painkiller (en compagnie de Bill Laswell et John Zorn), The Silent Watcher, Quoit ou bien encore Lull. Mais il est un des projets qui a davantage perduré dans le temps. Il s'agit de Scorn, véritable reconversion de carrière pour l'ancien métalleux qui s'aventure dans le monde des machines et samplers pour produire un son nouveau, complètement digital. Alors que Napalm Death est considéré comme le père du grindcore, Scorn est tout simplement l'artisan d'un genre nouveau à la croisée du dub et des musiques industrielles. Tout d'abord accompagné de Nic Bullen (ex-bassiste de Napalm Death) des débuts (en 1991) à 1995, Mick Harris continue l'aventure Scorn en solo. Composé de Nic et Mick ou seulement mené par Mick, Scorn enchaîne les albums à un rythme effréné puisque une douzaine sortiront entre 1992 (Vae solis) et 2002 (Plan 9).
Après plusieurs années au vert, Mick Harris revient sur le devant de la scène fin 2007 que ce soit en retrouvant ses premières amours (la batterie) chez les fous furieux de Black Engine pour une série de concerts ou en publiant le treizième album de Scorn. La sortie du dernier bébé de Mick Harris, Stealth, a été assurée par OHM Resistance (le label du Monsieur) aux Etats-Unis, il a fallu compter sur Jarring Effects (Reverse Engineering, La Phaze, High Tone, Interlope, Ez3kiel, ...) pour que l'objet voit le jour en France et c'est Ad Noiseam qui s'est chargé de le débarquer sur le reste de la planète. Avant de donner une série de concerts en 2008, Scorn s'arrêtera pour plusieurs dates en Europe et notamment en France dès le 31 octobre, avec Uzul Prod. en première partie.

Review Concert : Scorn, Uzul Scorn. @ Cylindre (nov. 2007)

Scorn / Chronique LP > Stealth


Scorn - Stealth N'étant pas un grand connaisseur de la discographie de Scorn et n'ayant que pu jeter l'oreille sur des titres épars çà et là, il me sera impossible de savoir si Stealth s'inscrit dans une quelconque suite (logique ou non d'ailleurs) ou de le comparer efficacement avec les précédentes productions de l'entité.
En revanche, il est plus aisé (enfin, cela reste à voir...) d'établir un diagnostic de l'objet, et incidemment, de son concepteur. Car dans toute forme de musique, même avec le cas en présence -une musique totalement dénuée de paroles- des messages sont forcément véhiculés. Libre à chacun de les interpréter. Alors, que nous dit Mick Harris ?
Aux premiers abords, l'ancien Napalm Death n'exprime pas énormément d'idée et ne semble pas être très loquace mais c'est en tournant et retournant dans tous les sens cette dernière fournée du maître de la musique dub-industrielle que l'on parvient à en percer, au moins partiellement, le secret.
Pas de lignes de basses rassurantes ni de percussions captivantes rendant convivial son coté indus, pas d'orientalisme ni d'incrustations tribales permettant de restituer un exotisme à ses parties dub, pas de plans aussi bruitistes que sauvages au programme des huit derniers titres de Scorn. Mis à part quelques sonorités, presque guillerettes saupoudrées ici ou là, il y a beaucoup de contemplation (sans silence) dans Stealth. Et les fioritures qui auraient pu s'inviter sont quasi-inexistantes. Exit donc les ambiances chaloupées qui pourraient apporter un minimum de chaleur. Mais si rien de tout cela ne transparaît dans cet album, qu'est-ce que nous réserve le bidouilleur de Birmingham ?
Avec cette dernière livraison, Mick Harris opte plutôt pour un son clinique et des ambiances dépressives, détient du down-tempo à revendre et dévoile encore quelques penchants pour un minimalisme très élaboré. A contrario de son visuel, Stealth semble exprimer l'urbanisme galopant de ces dernières décennies. Ainsi, le Scorn version 2007 opte pour un son dans "l'air du temps", moderne, plus que contemporain au point où l'on se demande si le "post-dub-indus" ne serait pas en train d'éclore. Car Stealth créé un point de jonction où le dub, aussi évaporé soit-il, ne se discerne plus des ambiances froides (voire glaçantes) citadines et mécaniques.
Même si Stealth est un album très cérébral et tourmenté, chose pas nécessairement identifiable à l'issue des premières écoutes, le dépaysement est assuré par la diversité des structures employées. Comme si on évoluait dans les différents niveaux d'une mégapole (de la diversité des sous-sols aux buildings en passant par la voie publique). Pas étonnant que Scorn soit précédé, lors de quelques dates, par Uzul Prod., formation produisant des voyages sonores d'une autre ampleur.
De par son unilatéralisme éthéré, Stealth divisera certainement les opinions mais Mick Harris a.k.a Scorn réussi à subjuguer l'auditoire tout en douceur et, comme d'habitude, de façon très calculée. Au fait, il ne fallait pas attendre autre chose d'un disque intitulé Stealth dont la traduction ne veut rien dire d'autre que "furtivement"...