Scorn - Stealth N'étant pas un grand connaisseur de la discographie de Scorn et n'ayant que pu jeter l'oreille sur des titres épars çà et là, il me sera impossible de savoir si Stealth s'inscrit dans une quelconque suite (logique ou non d'ailleurs) ou de le comparer efficacement avec les précédentes productions de l'entité.
En revanche, il est plus aisé (enfin, cela reste à voir...) d'établir un diagnostic de l'objet, et incidemment, de son concepteur. Car dans toute forme de musique, même avec le cas en présence -une musique totalement dénuée de paroles- des messages sont forcément véhiculés. Libre à chacun de les interpréter. Alors, que nous dit Mick Harris ?
Aux premiers abords, l'ancien Napalm Death n'exprime pas énormément d'idée et ne semble pas être très loquace mais c'est en tournant et retournant dans tous les sens cette dernière fournée du maître de la musique dub-industrielle que l'on parvient à en percer, au moins partiellement, le secret.
Pas de lignes de basses rassurantes ni de percussions captivantes rendant convivial son coté indus, pas d'orientalisme ni d'incrustations tribales permettant de restituer un exotisme à ses parties dub, pas de plans aussi bruitistes que sauvages au programme des huit derniers titres de Scorn. Mis à part quelques sonorités, presque guillerettes saupoudrées ici ou là, il y a beaucoup de contemplation (sans silence) dans Stealth. Et les fioritures qui auraient pu s'inviter sont quasi-inexistantes. Exit donc les ambiances chaloupées qui pourraient apporter un minimum de chaleur. Mais si rien de tout cela ne transparaît dans cet album, qu'est-ce que nous réserve le bidouilleur de Birmingham ?
Avec cette dernière livraison, Mick Harris opte plutôt pour un son clinique et des ambiances dépressives, détient du down-tempo à revendre et dévoile encore quelques penchants pour un minimalisme très élaboré. A contrario de son visuel, Stealth semble exprimer l'urbanisme galopant de ces dernières décennies. Ainsi, le Scorn version 2007 opte pour un son dans "l'air du temps", moderne, plus que contemporain au point où l'on se demande si le "post-dub-indus" ne serait pas en train d'éclore. Car Stealth créé un point de jonction où le dub, aussi évaporé soit-il, ne se discerne plus des ambiances froides (voire glaçantes) citadines et mécaniques.
Même si Stealth est un album très cérébral et tourmenté, chose pas nécessairement identifiable à l'issue des premières écoutes, le dépaysement est assuré par la diversité des structures employées. Comme si on évoluait dans les différents niveaux d'une mégapole (de la diversité des sous-sols aux buildings en passant par la voie publique). Pas étonnant que Scorn soit précédé, lors de quelques dates, par Uzul Prod., formation produisant des voyages sonores d'une autre ampleur.
De par son unilatéralisme éthéré, Stealth divisera certainement les opinions mais Mick Harris a.k.a Scorn réussi à subjuguer l'auditoire tout en douceur et, comme d'habitude, de façon très calculée. Au fait, il ne fallait pas attendre autre chose d'un disque intitulé Stealth dont la traduction ne veut rien dire d'autre que "furtivement"...