Split Majeure - Sankt Otten Sankt Otten vs Majeure, Majeure vs Sankt Otten, voire les deux associés (mais on y revient plus tard). D'un côté, une inconnue dans l'équation ici proposée et de l'autre, une déception récente, chose rare du côté du très prolifique Denovali Records avec les auteurs du poussif Morgen wieder lustig. Paradoxe ultime, ce split forcément un peu redouté à l'heure de le soumettre à nos tympans aiguisés va à la fois décevoir et rassurer. Mais pas vraiment comme on l'aurait imaginé. Explication de texte ici et maintenant.

Majeure, qui s'acquitte en trois titres de sa presque moitié de split, propose une électro assez abstraite, faite de petits bricolages/bizarreries sonores et de leurs interminables variations ou déclinaisons régulièrement absconses ("Moonbow"). Et si elle est amusante les deux premières minutes, l'entité menée par l'actuel batteur des pourtant excellents Maserati (et au passage ex-Zombi), a une fâcheuse tendance à perdre son auditeur en route ("The traveler") avant de reprendre sa mainmise sur lui en l'emmenant visiter des contrées sonores aussi énigmatiques que ténébreuses, troubles et hypnotiques ("Aleph institute"). Trois titres déroutants et difficiles à cerner tant ils pourront susciter d'interrogations sinon de réserves quant au potentiel de ce side-project en l'état, clairement inabouti.

Si l'on attendait beaucoup de le Majeure, autant dire que Sankt Otten à l'inverse, ne suscitait pas un grand enthousiasme au moment de se pencher sur sa presque moitié de split à lui (4 titres contre 3 pour les premiers décryptés)... Pourtant, cette fois-ci et contrairement à son album sorti quelques mois plus tôt, le projet allemand livre quatre plages musicales très organiques, tantôt évasives, tantôt plus anxiogènes. Des morceaux dont on épargnera au lecteur le copier-coller des noms mais qui pris dans leur ensemble, offrent un excellent panorama de ce dont est capable cette entité dont on ne sait finalement que peu de chose. Musique de synthèse, ambiant électronique modulant ses tonalités en fonction des effets recherchés et des motifs mélodiques vaguement esquissés, ici, Sankt Otten est un sculpteur d'atmosphères, créateur de panoramas artificiels dont on ne saurait s'extirper non sans s'être longuement perdus dans leurs dédales envoûtants.

En guise de final, nous n'avons plus droit à Majeure vs Sankt Otten mais plutôt à Sankt Otten + Majeure. La conjonction des deux aboutit à un envoûtant voyage sensoriel à travers un espace d'expressions aux potentialités quasi illimitées. Et si Majeure seul ne parvenait pas à convaincre, ni Sankt Otten au regard de sa dernière livraison d'ailleurs cela dit, étonnamment, l'association des deux parvient à faire naître quelque chose d'étrange et fascinant, ce "Höhere Gewalt" hybride, en forme d'expérimentation sonique narcoleptique et envoûtante, à l'image de ce split collaboratif. Orignal et intrigant.