Julien Chastagnol aka Ruby My Dear, bâtisseur de structures complexes électroniques, fait ses armes depuis 2010 sur des EP sortis au sein les labels Braincore Recordings, Acroplane Recordings ou encore Peace Off. Ce fan invétéré de Venetian Snares signe en 2012 son premier album intitulé Remains of shapes to come sorti chez Ad Noiseam (Enduser, Niveau Zero, Broken Note).
Ruby My Dear
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Ruby My Dear / Chronique EP > Balloon
Après des splits avec Igorrr et Rotator en 2014, et en attendant l'arrivée prochaine d'un nouvel EP intitulé Strangers in paradise puis d'un LP, Ruby My Dear faisait patienter les aficionados de l'électro expérimentale avec Balloon il y a de cela presqu'un an. C'est dans un format qu'il apprécie tout particulièrement, que le Toulousain s'affirme de plus en plus avec aisance dans une scène IDM-breakcore relativement discrète en France, contrairement à des nations comme l'Angleterre ou l'Allemagne. Balloon est un EP évidemment contrasté de par sa nature, parsemé de tourments sonores indicibles ("No smoke", "Hat and beards) et de moments plus oniriques où des nappes brumeuses dégagent une fausse impression de calme ("Peanuts on train"). Autant à l'aise dans des configurations mettant en avant les cassures que dans des compositions axées sur des rythmiques orientées drum & bass et un peu plus cycliques (même si ce n'est jamais très long), Ruby My Dear a le mérite de tenir en haleine pendant près d'une demi-heure. Si musicalement la surprise n'est pas de mise, ce 5 titres saura ravir à coup sûr les fans d'Igorrr, Venetian Snares, I Broke My Robot ou d'Enduser.
Ruby My Dear / Chronique EP > Maigre
Lorsque ce projet a été annoncé en 2014, on osait espérer Ruby My Dear capable de calmer un peu les ardeurs d'Igorrr, maître en breakcore mais surtout champion du bordel musical organisé. Après écoute, on s'est vite rendu compte que c'était le contraire, comment pouvait-on en douter tant Igorrr est imperturbable ? La haute-couture du breakcore français se réunit donc en duo à travers Maigre, un EP de 5 titres haut en couleur sorti chez le défricheur berlinois de bons sons, Ad Noiseam (Oyaarss, DJ Hidden, Underhill). Composé et enregistré à deux avec l'aide d'un certain nombre d'invités proches du groupe (des membres de Öxxö Xööx, City Weezle, Pryapisme et le guitariste de Bologna Violenta), ce disque est d'une densité époustouflante et forcément pas évidente à digérer. En témoigne, le nombre de genres musicaux et d'instruments qui passent et repassent au creux des sillons : breakcore, accordéon, baroque, violoncelle, drum n' bass, guitares, death métal, orchestre symphonique, black métal, piano, IDM, chant barrés et autres samples de monologues absurdes. "Maigre, What else ?"
Ruby My Dear / Chronique LP > Form
Ce que j'aime ces artistes qui ont un goût prononcé pour les belles choses. Ruby My Dear fait partie de ceux-là, à commencer par le choix de ses artworks toujours idéels mais totalement inspirés. Pour illustrer la couverture de Form, le Toulousain a fait appel à un artiste de sa ville, le franco-américain Marc Streichen, pour une toile constituée de pigments, liants et de peintures écologiques. Des techniques mixtes comme à l'image de son album : il prend plusieurs formes, parfois complexes certes, mais avec une classe certaine. Celui d'un breakcore résolument élégant, avec quelques touches violentes épisodiques, qui s'invite d'une façon abstraite au gré des morceaux mais également d'une électro d'obédience IDM voire trip-hop (l'aérienne "Spleen" qui termine en trombe) vouée à adoucir les mœurs entre chaque soubresaut sonore. Quelques réminiscences dubstep surviennent dans l'ombre de cette œuvre équilibrée, cohérente et indocile qui, tel un gamin hyperactif totalement incontrôlable, nous échappe dès qu'on lui tourne le dos.
Form est finalement une suite logique à Remains of shapes to come qui nous avait fait forte impression il y a deux ans. Julien Chassignol a juste affiné voire modernisé la formule et (légèrement) assagit ses ambiances les rendant plus fluides et plus agréables à l'oreille. Non pas que le propos soit de la guimauve, bien au contraire (écoutez donc la tourmentée "Carradine suicide"), mais la subtilité, la richesse et la candeur qui se dégage des tonalités de ce nouvel album (à l'instar de "Prah" ou "Geysa"), lui donne un attrait par sa volupté évidente. Et ce n'est la maîtrise et le soin irréprochable attribué à la production qui viendra ternir le constat, là encore c'est criant d'un haut standing. En plus de cela, on ne boude pas notre plaisir de retrouver Igorrr en guest au piano sur la fin de "Stax", un titre impavide où on ne l'attendait pas forcément, lui qui est au breakcore, ce que Cannibal Corpse est au métal. Bref, voici encore un album de qualité sorti de l'écurie Ad Noiseam (Niveau Zero, Hecq, Underhill...) qu'on vous recommande assurément, surtout pour ceux qui veulent élargir leur spectre en genres musicaux.
Ruby My Dear / Chronique LP > Remains of shapes to come
Un blaze qui rend hommage au pianiste Thelonious Monk, un titre d'album qui joue avec les mots et n'est pas sans rappeler un certain groupe scandinave : le Français Ruby My Dear aime les références. Et quand il s'agit de délivrer treize titres électro, l'homme ratisse large en termes d'influences. Le premier album de ce membre de l'écurie Ad Noiseam est une odyssée, une aventure sonore singulière riche en idées où l'on croise le breakcore d'un Autechre avec, en sus, un nappage mélodique cher aux maestros de la catégorie : Venetian Snares. Ce charmant grand-huit croise la route d'autres subdivisions de l'électro telles que le trip-hop ("Maiden"), le dubstep ("Rubber head"), le dub ("Uken"), l'ambient ("Haka") et nous offre quelques extraits de sampling fort sympathiques dont le désormais très célèbre "Out in the street" d'Ini Kamoze (repris entre autres par Damian Marley et African Hitech). Ce Français fait forte impression avec un premier album marqué par une production soignée du feu de Dieu. Les caciques du breakcore n'ont qu'à bien se tenir car on tient peut-être là un futur grand de la discipline.