Röyksopp - Melody A.M (LP) En terme de duo électronique en tous genres, la France a ses Daft Punk, les ricains ont Thievery Corporation, l'Angleterre a les Chemical Brothers, l'Allemagne est représentée par Booka Shade...et les norvégiens par Röyksopp. Difficile d'avoir échappé à Melody A.M., premier opus du duo originaire de Tromso, sorti vers la fin de l'année 2001. Et pour cause, entre spots publicitaires à la télévision (notamment pour des fournisseurs d'accès à Internet ainsi que pour la célèbre marque à la pomme), jeux vidéos (SSX 3) et bien évidemment avec une forte présence médiatique, ils ont réussi le pari de sortir des sons aux saveurs uniques et tout ça depuis une ville de province d'un pays peu connu pour sa scène électro (à l'époque, tout du moins) mais plutôt réputé pour sa musique métal ou sa vieille gloire pop, j'ai nommé A-Ha. En gros, la tâche était ardue. Mais pour la petite histoire, cet album a mis un certain temps à émerger hors de leurs frontières, tout comme sa réalisation d'ailleurs. Il a dû prendre d'abord son envol dans le grand froid avant que, bien des années plus tard, Melody A.M. soit enfin reconnu par la presse mondiale et le public. Röyksopp, c'est un cocktail d'ambiances easy-listening. Certains diront du lounge ou du downtempo, d'autres de l'électro minimaliste, du chill-out ou même de l'electronica (dernière mot à la mode pour qualifier ce genre de musique). C'est soft mais hautement jouissif, une réelle bande sonore provoquant l'imagination visuelle. C'est par "So easy" que l'opus débute, une chanson utilisant un sample de Burt Bacharach accompagné des voix filtrées de "Blue on blue" des suèdois de Gals and Pals. Une vague froide qui se termine pour vibrer sur le beat et les petites notes répétitives de la désormais célèbre "Eple". Tobjorn Brundtland et Svein Berge, ayant besoin d'une voix pour l'intimiste "Sparks", ont fait appel à leur compatriote de Bel Canto, Anneli Drecker. Et comme les norvégiens sont du genre à s'entraider entre eux, c'est Erlend Øye de Kings Of Convenience qui vient collaborer sur "Poor Leno", titre le plus dansant de ce Melody A.M., et "Remind me". Passé la première moitié des 10 titres que constitue ce disque, le reste n'en est pas moins intéressant et comporte une masterpiece de plus de sept minutes, "Röyksopp's night out" : Une boucle rythmique qui part et qui ne s'arrête plus, trouvant sur son passage divers sons aux effets hypnotisants, inquiétants et délassants à la fois et évoluant au fil du morceau. Tant d'impressions sont ressenties à l'écoute de Melody A.M. et c'est ce qui en fait sa force. Au final, le titre de cet opus est assez représentatif de ses chansons avec des atmosphères calmes et intimistes d'un côté et les folies de la nuit avec des chansons plus mouvementées de l'autre. Avec ce premier album, Röyksopp frappe fort et signe l'un des albums électroniques orienté "ambient" les plus réussis que cette décennie actuelle ait connue.