Revo - Artefacts/... Difficile de croire qu'ils ne sont que deux à animer Revo ! Et pourtant c'est bien le cas. Cette électro-noïse, d'une richesse incroyable et d'une époustouflante densité provient uniquement d'un homme attelé à ses machines et d'un guitariste.
Pour situer rapidement le duo, Revo allie le futurisme et la spatialité de Reverse Engineering, déploie un groove aussi imparable que celui de Fumuj ("Wire", "MCMLXXX") et s'aventure aussi loin qu'Ez3kiel dans la confrontation organique/digital ("Rain of artefacts", "Adversaire"). Des éléments sur lesquels une pincée d'exotisme, telle que disséminée par Uzul Prod., prend place sans sourciller ("V-0IIAC"). Et les quelques similitudes avec les formations précitées valent plus pour être des clins d'oeil que de vulgaires repompages. Car Revo détient sa propre ligne de conduite, le démontre tout le long des 12 titres composant Artefacts/... et particulièrement au travers des deux volets de "Irae breaks machine" et de leur savoureuse hardiesse.
Le duo passe du déstructuré au symphonique ("Le miel est plus doux que le sang") avec une facilité déconcertante, fait se côtoyer abstract et séquences enlevées ("V-0IIAC"), nous fait prendre notre envol à plus d'un tour et sait mettre l'auditeur en apesanteur, avant de le lâcher, et soudainement rattrapé par la gravité, le laisse s'écraser lourdement sur le sol ("Evil raid", "Energie !!!"). Le tout entrecoupé de multiples montées en pression puissantes, de détails ciselés avec une minutie hors pair ("Ontario") ou d'aventures au confins de l'expérimental et du psychédélique (le doublé "Irea breaks machine", "/...").
Entièrement instrumentale (mis à part quelques voies samplées), la performance du duo, véritable bombe à fragmentations, détonne dans le paysage musical actuel. Qu'on se le dise, la Revolution est en marche...