radius_system_not_coming_back.jpg La dernière fois qu'on s'est parlé, vous sortiez Work in progress via le label Several Bleeds Records, en termes de ventes et de "notoriété", quels ont été les retours ?
Greg : C'est assez difficile à évaluer, car on a fait de la promo sur Work in progress pendant 2 ans, en commençant avant que Several Bleeds soit dans le coup. Mais c'est sur qu'avec la sortie en magasin, on a eu des choses qu'on aurait jamais pu espérer, des articles dans la presse spécialisée, des samplers.
Maintenant, en termes de résultats concrets, non ça n'a pas été bon, loin de là. Nous avons discuté avec eux quand à l'éventualité d'un autre disque en distribution, et ils étaient d'accord sur le principe. On aurait pu tenter le coup une nouvelle fois, mais l'idée de repartir à zéro nous a paru meilleure. Avec Work in progress on a voulu aller trop vite et on s'est planté ; cette fois, on a voulu tenter autre chose, faire comme si le groupe venait de se créer et que c'était notre première sortie.

Axel : En même temps, en magasin, il se vend entre 15 et 20 euros, il ne faut pas s'étonner. ceci dit on en a vendu quelques uns quand même. Merci à ces personnes là !

Cette fois Escape / restart débarque directement en téléchargement légal via le netlabel Lost Children. mais là le concept dépasse le simple cadre de l'album disons "conventionnel", je vous laisse la parole vous expliciter le concept et embrayer sur la suite (un DVD, une possible sortie physique.) ?
Greg : Depuis le début nous voulions que ce disque ait plusieurs supports visuels. Quand la 1ère version a été achevée y a 2 ans, nous avions déjà dans l'idée de proposer plusieurs illustrations vidéos qui prolongeraient l'univers de l'album, mais sans savoir vraiment comment faire. On a donc laissé tombé l'idée des clips, pour se concentrer sur des images fixes ; c'est de là qu'est venue l'idée des visuels "instantanés" ; le fait d'associer un visuel à un morceau n'est pas nouveau, donc nous avons voulu aller un peu plus loin et proposer quelque chose qui soit VRAIMENT en accord avec la musique, qui soit la concrétisation d'une image mentale en réponse à un son. Les timings qui figurent sur les artworks correspondent donc aux instants précis de chaque morceau pour lesquels les images sont créées, pas aux morceaux dans leur ensemble.

Entre temps, grâce à nos études nous avons pu réaliser 2 clips (celui de "Into orbit", et d'un autre morceau qui ne figure pas sur la version finale), qui nous ont mis plus en confiance pour nous remettre sur la voie des vidéos. Les trailers ont été travaillés dans le même sens que les images, ils sont censés refléter ce que nous fait ressentir le son, et ne sont pas juste une succession d'images qui nous plaisent esthétiquement. Peut importe si le résultat est abstrait, il doit s'intégrer à la musique de façon naturelle.
A l'heure actuelle, rien n'est fixé concernant une sortie physique. Nous voulions ne pas nous mettre la pression en pressant d'abord le disque et avoir le besoin de le vendre. Ce n'est même pas une question d'argent, la problématique est plutôt : à quoi bon presser 500 CD's si il n'y a que 30 personnes intéressées pour l'avoir ? Même si on aimerait énormément que l'album deviennent réel et avoir un objet entre les mains, il faut arriver à se raisonner et ne pas avoir des attentes démesurées par rapport à la réalité. C'est parfois assez douloureux.
L'hypothétique sortie d'un DVD est encore plus lointaine. Mis à part le fait que nous prendrons le temps qu'il faudra pour le finir (si nous allons jusqu'au bout), il faut aussi que ça serve à quelque chose, qu'il y ait un public pour ça. Pour l'instant, cela n'en prend pas vraiment le chemin, donc on se repose et on attend.

radius_system_release_chemicals.jpg Axel : Pour l'instant on digère un peu mais on va vite se remettre à travailler. On reste prudents sur le DVD car c'est un travail très très très long, et nous avons des obligations, scolaires ou professionnelles, à côté. Avant d'espérer quelque chose, je crois qu'il nous faudra former une équipe pour espérer faire évoluer un tel projet. et on a déjà quelques propositions d'aides. c'est un projet encore plus casse-gueule que de sortir un CD mais bon, vu qu'on est des foufous.

L'album est particulièrement dense avec énormément de détails, qui sont j'imagine les fruits d'un long travail en amont, il s'est écouté combien de temps entre les premières répet d'Escape / restart et sa sortie ? D'ailleurs est-ce que vous aviez prévu dès le départ de sortie cet album par le biais du support digital ?
Greg : Si l'on prend les plus vieux morceaux, il s'est écoulé 3 ans. "Bestsellers" devait à l'origine être sur Work in progress, nous l'avons retravaillé à plusieurs reprises pendant tout ce temps pour arriver à cette version et il en de même pour la plupart des morceaux présents sur l'album. Mais paradoxalement, certaines choses ont été rajoutées de manière très spontanée juste quelques semaines avant la finalisation ; je pense surtout aux parties de guitare d'Eddy, qui apportent beaucoup à l'ensemble et qui ont donné une seconde jeunesse aux morceaux.
Par contre l'idée de proposer l'album en téléchargement n'est venue qu'il y a quelques mois. Il a fallu du temps pour arriver à ce cheminement. Il y a un an, nous avions énormément de nouveaux morceaux, dont nous étions extrêmement fiers. Notre projet était de proposer un mini album très visuel (ce qui est devenu Escape / restart), suivit d'un album plus long et plus ambitieux, avec des compositions beaucoup plus cinématographiques. On a présenté ce projet à des dizaines de labels, avec beaucoup d'espoir à chaque envoi, car pour nous tous ces morceaux étaient vraiment imparables. Au final, nous n'avons eu aucune réponse.
On a eu marre d'attendre qu'on vienne nous aider, marre de ne pas pouvoir faire écouter ces morceaux qu'on aimait tant au monde entier. J'ai fini par me poser la question : qu'est-ce qui est le plus important : vendre 50 pauvres CD's dans une Fnac, ou avoir un public potentiellement infini, sans aucune barrière à l'écoute ?
On ne fait pas de la musique pour l'argent, ou pour avoir un retour sur investissement ; on fait de la musique parce qu'on en a besoin, parce que c'est un moyen de communication. Et quoi de mieux pour communiquer notre musique au plus grand nombre que de la rendre entièrement libre.

Axel : Et à l'heure actuelle, quasiment un mois et demi après la sortie, on est environ à 3000 téléchargements, c'est plutôt encourageant non ?
(changement de dernière minute : on vient de s'apercevoir aujourd'hui que le compteur d'archive.org a buggé et a viré plus de 1000 téléchargements, sympa !)

Ecrire à deux, ça facilite les choses ou au contraire, c'est plus compliqué du fait qu'il n'y a pas trop d'arbitrage possible ?
Greg : On a une certaine méthode d'écriture qui nous convient à tous les 2. La majeure partie des choses viennent de moi, puisque que je m'occupe de tous les instruments et de la voix, et qu'Axel ne fait que la basse. C'est donc d'abord lui qui a un oeil extérieur sur les morceaux.
Mais il n'y a aucune bataille d'égo, c'est une situation qui nous plait. Ensuite Eddy et Jeremy ont aussi leur mot à dire, c'est important que tout le monde apprécie et croie en ce qu'il joue.

Axel : Moi ça me va parfaitement, je suis directeur artistique (ah ah ah). En fait, je suis plus du côté de l'image même si le garant de l'imagerie Radius System, ça reste Greg. Vous allez dire, je fous rien. je ne sais pas quoi vous répondre, c'est assez embarrassant. en fait, mon rôle c'est d'encourager Greg et de donner des idées sur pas mal de détails, sur les structures, ou amener une base.

radius_system_impulsion.jpg J'ai discuté avec Mathieu Artu a.k.a RQTN la semaine dernière et il me disait que vous étiez maudits avec les concerts, je parle des annulations successives ces derniers temps, qu'est-ce qu'il se passe ? Il y a une fatwa sur Radius System ?
Greg : Je crois que c'est une somme de plusieurs petites choses. Il y a surtout le fait qu'on est des vraies girouettes ! On est jamais satisfaits de rien, du coup change souvent d'avis, notamment sur les concerts. Durant l'année dernière, on a vraiment essayé de se trouver un maximum de dates pour soutenir la sortie sur Several Bleeds Records, et ça n'a pas du tout marché. Donc cette année, on a choisi une posture différente : ne plus chercher à jouer à tout pris, et attendre de voir ce qui se passe avec la sortie de l'album. On a eu des propositions intéressantes qui n'ont malheureusement pas abouties, faute d'organisation (je pense notamment aux premières parties de This Will Destroy You et Monochrome). Personnellement, je suis quasiment résigné sur ce plan là ; je sais qu'on ne fera jamais plus de 3-4 concerts par an, qu'on ne tournera pas en France ou à l'étranger. Et ce sera probablement comme ça jusqu'à la fin du groupe. Alors autant se réserver à faire les choses bien, avec des gens que l'on apprécie.
Axel : Oui, par exemple un des derniers concerts qu'on ait fait, c'était avec Dawnshape, un super groupe de copains.

Greg, en dehors de Radius System, tu es membre de Time to Burn et tu as monté Feels Like Home Recordings, ton (home) studio d'enregistrement. Tu peux en parler ?
Greg : "Monté" c'est un bien grand mot ! J'ai juste fini par donner un nom à l'endroit où l'on enregistre tous nos disques et ceux de nos amis et vu que c'est chez moi, le nom s'imposait de lui-même. J'ai collecté de plus en plus de matériel au fil des ans, et j'ai appris à l'utiliser de mieux en mieux. Toutes nos sorties depuis le début de Radius System sont témoins de cette évolution. Il y a quelques temps je pensais pourquoi pas en faire une activité professionnelle, mais le côté "bricolage - maison" fait peur au gens, du coup c'est surtout alimenté par le bouche à oreille et les enregistrements restent très ponctuels. C'est par ce biais que j'ai pu rencontrer toutes les personnes derrière Dawnshape et Atheist Prayer, qui sont maintenant des amis et avec qui je partage désormais d'autres projets musicaux (RQTN avec Mathieu et Brighton avec Antoine).

Hors musique, Axel tu as écrit le scénario d'un court-métrage : "Plein face" que l'on peut visionner gratuitement sur DailyMotion, j'ai également entendu dire que tu avais réalisé d'autres films courts.
Axel : J'ai écrit ce court métrage il y a un petit bout de temps. Comme toujours, j'ai eu l'idée et la version qui est visionnable sur DailyMotion a été pas mal retravaillée par le réalisateur, Adrien Comelli. Au début, j'étais un peu déçu car ma version était beaucoup plus jusqu'au-boutiste, avec des dialogues complètement sans intérêt (j'aime les dialogues sans intérêt), bref un film plus glacial, absurde et lent. Dans ma tête c'est un film génial, mais je crois qu'à voir ma version aurait été ennuyeuse. donc il est bien mieux comme ça ! La musique que Greg a faite (Greg a fait beaucoup de musique pour ce réalisateur) apporte vraiment un truc, elle vient bien relever la mise en scène un peu paresseuse de la séquence de la révélation. Donc le film est plutôt bon.
Pour les autres courts-métrages, je n'en fais plus trop. Je suis beaucoup plus porté sur l'animation, et des très courts métrages ou des clips. On commence à travailler cette idée de réaliser des clips, pour nous ou, pourquoi pas, pour les autres.

Pour rebondir sur le court-métrage et faire le lien avec la musique, Radius System a signé outre la BO de "Plein face", le score d'un autre court "12 : 12".
Axel : 12 :12 c'est un vieux film de jeunesse, un peu naïf, que j'avais écrit et co-réalisé.. Je crois que ce n'est pas très intéressant.

Un groupe, un mot :
Dawnshape : vert ! Antoine
Oceansize : Wouhou ! (Axel)
Notion Aura : jeune (Greg)
Radiohead : Marvin (Axel). Moi je dirais carrément "Fantasme" ! (Greg)
RQTN : laveur (Greg)
2nd Class Citizen : rock'n roll (Greg)

Le mot de la fin ?
Greg : Ambivalent, toujours.