RZatz - Will we cross the line ? Cela fait un peu plus d'un an déjà qu'est sorti le premier album d'R-Zatz. Cette travailleuse de l'ombre, ingénieur du son du célèbre JFX Studio, a décidé d'emboiter le pas de ses collègues artistes. Parce qu'il devait y en avoir, de la frustration, quant on pense que cela fait une paire d'années qu'elle s'exerce aux machines. Le temps pour elle de se perfectionner auprès de ses compères et Will we cross the line ? naissait. Cet opus a un an. Oui, mais qu'est-ce que représente une année pour un style musical, disons, intemporel ? La musique électronique est un domaine tellement vaste avec ses propres mouvements et influences, qu'il serait assez réducteur de la faire passer pour quelque chose de démodé ou dépassé. En tout cas, R-Zatz fait partie de ces projets qui ne sont pas concernés par cela. Car la lyonnaise, à la culture électronique pure, cultive l'art du découpage et de l'assemblage de sons les plus surprenants les uns des autres. Aux premières approches, il peut même être difficile de rentrer à l'intérieur de ce voyage sonore aux facettes multiples. Sombre, abstrait, barré, expérimental, dérangeant, étrange. Une certaine quantité d'adjectifs peut coller à la sensation ressentie à l'écoute de Will we cross the line ?. En effet, il n'est pas convenu d'avance que des titres tels que "All Communications are dead", avec son timbre strident sur une rythmique syncopée ou "Finalement", très Merzbow ou Jean-Louis Costes-like, puissent amener l'auditeur à cet album. Ce dernier est donc plutôt à prendre dans sa globalité, peu importe l'ordre des titres, mais, au moins l'effort de l'écouter en entier doit être fait pour l'apprécier un minimum. De la même manière qu'une construction de puzzle, chaque chanson est une pièce qui vient s'ajouter à une autre pour, au final, en voir une image et avoir du recul pour l'apprécier ou non selon l'acuité auditive. Nul ne reprochera à R-Zatz de varier les plaisirs en passant d'ambiances en ambiances. Au fil de l'album, vous pourrez tomber sur un spoken words de Takeshi Yoshimura sur "Hikari No Kioku", sur les scratchs de "Menteurs", sur l'univers trip-hop de "Nothing's still something" avec une voix semblable à celle de Thom Yorke, sur les grosses basses fracassantes au chant ravageur féminin de "Love to death" ou bien sur l'hypnotisante "Crash me Down". L'ensemble est, bien évidemment, propice aux visuels et R-Zatz n'hésite pas à en utiliser sur scène pour justifier une narration à ses sons. Les machines ? Un ersatz pas si mauvais que ça au final.