Puppetmastaz - Keep yo animal Sans crier gare, Puppetmastaz atteint déjà le cap du sixième album studio avec Keep yo animal. Bon, on ne va pas mentir sur le fait que nous n'étions pas prévenu, le collectif de marionnettistes berlinois ayant balancé une petite série de teasers complétement hallucinés sur la chaîne Youtube de leur label Verycords (Skunk Anansie, Mass Hysteria, Danko Jones) pour annoncer la bestiole. Mais, malheureusement, comme pour leur précédent disque Revolve and step up!, nous sommes complètement passés à côté (et nous ne sommes visiblement pas les seuls au vu du nombre de clics des vidéos qui ne dépassent même pas les 1000). À raison (paraît-il), tant Puppetmastaz a eu du mal à remonter la pente de l'intérêt artistique après son split qui a suivi The break up. Au final, de Puppetmastaz, nous gardions l'excellent souvenir du hip-hop déglingo-frondeur de The takeover. Mais alors, que vaut au juste ce Keep yo animal ?

Ce nouvel album compte toujours dans ses rangs les figures les plus connues du crew à savoir Mr. Maloke (la taupe), Snuggles the Bunny, Panic the Pig, Wizard the Lizard, Dogga Dacoda et Tango, avec pour chacune d'elles une personnalité et sa personnalisation vocale qu'il est difficile de situer si l'on a jamais eu affaire avec le groupe en live ou en vidéo. Après tout, la salle de concert reste de loin le meilleur endroit pour apprécier l'expérience Puppetmastaz et ses marionnettes, toutes plus folles les unes que les autres, et de voir dans un court délai ses histrions marionnettistes. Et c'est tout là le problème du concept lorsqu'on découvre l'album sur support amputé de son spectacle visuel, qui selon moi est indivisible de l'œuvre. Ne reste alors que la musique sur laquelle se fier, se forger une idée pour donner l'envie ou pas d'aller voir la grande messe du délirium. Car la musique de Puppetmastaz l'est tout autant. Sans toutefois être membre de la coterie artistique d'un Stupeflip ou d'un Jean-Louis Costes, les Berlinois montrent un certain sérieux dans la composition musicale.

En effet, Keep yo animal est un sympathique mélange de hip-hop avec des références plus ou moins récentes entourées d'influences jazz-funk ("Cookie love" et la très Cypress Hillienne "Cheeba garden"), électro ("Silver chrome", "Evolution", "Yes girl"), rock ("Rock", ben ouais !), ragga-dancefloor ("As if", coucou Sean Paul !), 8 bits ("Skit 3"), swing-hop ("One inna billion") et quelques incartades cocasses que n'auraient pas renié les Bloodhound Gang ("Alien tears", "Postbox", "Keep yo animal"). Décrit et énuméré comme tel donne à cet opus une impression de lourdeur (19 titres !), mais l'heure passe finalement assez facilement si l'on se prend au jeu de ces marionnettistes, qui, généreux comme ils sont (avec le public aussi, je confirme), ont invité toute une ribambelle de copains venus avec leur animal intérieur (citons entre autres DJ Illvibe, Hippocampe Fou, Modeselektor et Mouse On Mars pour les plus connus). Bref, Puppetmastaz est bel et bien de retour et ne manque pas, à quelques détails près, de s'autoplagier. Fallait pas rêver non plus !