C'est sous une pluie battante que je roule pendant plus d'une heure pour retrouver le Grand Mix de Tourcoing ce samedi 18 novembre, il fait noir, il fait froid, il fait humide mais les Punish Yourself donnent le premier concert dans le Nord de leur Pig Data Tour mais le onzième des trente derniers jours.
Shaârghot - Le Grand Mix - 2017
Pour ouvrir la soirée, c'est le groupe à la fois le plus proche de Punish Yourself et le plus prometteur qui envoie sa sauce : Shaârghot. Actifs depuis 2011 et déjà auteurs d'un album (en 2015), les Parisiens s'apprêtent à sortir un nouvel EP (dont la chronique est à lire par ailleurs) et espèrent bien se faire connaître et convaincre la France. Il n'est pas évident de trouver des dates quand on fait de l'électro-indus-métal à moins d'être déjà bien installé, s'incruster sur les affiches de Punish est une opportunité en or et le moins que l'on puisse dire, c'est que les Shaârghot n'ont pas raté l'occasion. Décor post-apocalyptique, accoutrements futuristes, peinture corporelle noire, écran projetant des images inquiétantes (ils ont peut-être récupéré les vidéos des Toulousains qui eux n'en diffusent plus...), la mise en place est travaillée et colle parfaitement à leur univers sonore. Quelques réminiscences EBM pour danser, des riffs métal-indus bastons pour détruire les articulations et des chants vindicatifs pour motiver les mecs cachés au fond derrière le bar. Aller chatouiller Rammstein et Punish Yourself dans la façon de se présenter, c'est particulièrement couillu (la réduction sera rapide pour les haters) mais quand l'exécution est aussi soignée et percutante, on ne peut qu'approuver. Leur EP Break your body n'est pas encore sorti que le titre éponyme est déjà élevé au rang de super hit que le public doit réclamer pour parachever un set intense. Rarement une première partie n'aura été aussi raccord et performante avec Punish Yourself.
Punish Yourself - Le Grand Mix 2017
Après avoir rangé leur matos, les Shaârghot se mêlent au public pour trinquer, discuter, prendre des selfies couleur suie, le relais est donné, la scène se transforme prenant des couleurs plus fluorescentes. Parce que le coup du "noir & blanc" n'était qu'une exception dans leur carrière, c'est dans leurs couleurs traditionnelles qu'on retrouve Punish. C'est avec "Spin the pig" que le set est attaqué, pas de round d'échauffement, ça blaste tout de suite et avec un "Backlash" en troisième position, le ton est donné, tout aussi flashy que sont les corps le concert sera rugueux, frontal et animal. Les fans du nouvel album (dont je fais partie) sont ravis, "There's no end to this", "Lo-cust", "Blacksunwhitebones" et "Die-S-I-Ray" sont également de la fête et se mélangent aux titres devenus des classiques ("Primitive", "Rock'n'roll machine", "Gimme cocaine"...). Je ne compte plus mes concerts de Punish Yourself mais à chaque fois, j'y retrouve une intensité et une atmosphère particulière, même quand le public est plutôt sage comme ce soir (à peine une danse sur le bar), certains (on est pas mal de "vieux" au-delà des 30 ans dans la salle) préférant écouter le concert que le vivre dans des premiers rangs au plus près des zicos mais pas plus excités que cela (remettez-moi des grilles !).
Punish Yourself - Le Grand Mix 2017
Sur le plateau, c'est ultra carré, les modifications du line-up n'ont pas abîmé la machine, ce soir on profite en bonus des interventions d'un percussionniste qui fabrique des sons avec des objets métalliques (si je ne m'abuse, c'est Sylvain de VI!VI!VI!), une performance indus à souhait qui se déroule à côté du batteur et donc un peu en retrait, dommage que ce ne soit pas plus mis en avant (oui, il faudrait agrandir l'espace...). Autre nouveauté intéressante, la participation vocale de Klodia, la danseuse, meuleuse, strip-teaseuse, allumeuse de feux gère de nombreux chœurs. Elle ne sert donc pas qu'au décorum et tient un rôle bien plus important que par le passé, devenant aussi indispensable à la musique qu'à la scénographie. Un petit cochon gonflable se promène (clin d'œil à Pink Floyd ?) et c'est déjà terminé ? Le temps passe vraiment trop vite. Il y a forcément un rappel puisqu'il manque plein de tubes... Oui et non. Oui, il y a un rappel. Non, tous les tubes ne seront pas joués : "Nation to nation", "Gay boys in bondage", "Enter me now" ont été remisés mais deux oldies font un retour fracassant, ce sont "Sexy" et surtout "Suck my T.V." qui n'était pas toujours joué sur la tournée qui a suivi Holiday in Guadalajara, c'est un de mes morceaux préférés et je ne dois pas être le seul car le Grand Mix hurle les textes et gesticule pour témoigner son amour. On atteint un climax mais la descente est brutale, le show est terminé. Retour à la réalité, à la nuit froide, humide et sombre, il faudra patienter pour reprendre une dose de fluo...
Setlist : Spin the pig, See ya later alligator, Backlash, Primitive, There's no end to this, Rock'n'roll machine, Lo-cust, Blacksunwhitebones, Gimme cocaine, CNN war, Die-S-I-Ray, Zmeya, This is my body this is my gasoline, Worms + Sexy, Suck my T.V.
Merci à Sabrina chez Verycords, coucou à Kass et Kellyann.
Photos : Oli
Publié dans le Mag #31