Une nouvelle ère s'ouvre pour Punish Yourself, sans savoir quelle surprise le groupe nous réserve pour cette tournée, un nouveau cycle commence puisque ces nouvelles histoires vont s'écrire sans Miss Z (partie au printemps 2017 mais que tu peux retrouver dans Machinalis Tarantulae). Et à écouter cet album, l'idée que Punish reparte de zéro n'est pas totalement saugrenue parce qu'en terme de son, c'est la grosse claque avec un saut dans le passé d'une bonne vingtaine d'années pour revenir à des heures punk industrielles ultra brutes. Alors, oui, on y est habitué, c'est pas comme si les Toulousains avaient donné dans des productions méga lisses mais à part sur Pink panther party et à leurs débuts, on ne s'est jamais autant approché de l'ambiance The mind is a terrible thing to taste /Psalm 69 : the way to suceed and the way to suck eggs avec ici des titres qui ont une grosse base rock mais une énergie punk qui fait passer "Jesus built my hotrod" ou "N.W.O. (New World Order)" pour de la pop. Le renfort de Stéphane Buriez (Loudblast, Clearcut, Sinsaenum, Le Bal des Enragés) sur quelques titres n'est pas de trop pour tenir la cadence.
Toujours en avance sur leur temps, Punish Yourself #BalanceSonPorc avant l'éclatement de l'affaire Weinstein, le leur est tout aussi dominateur et inquiétant et dès l'introduction, sourde et stressante, on se dit qu'il faudra bien plus qu'un Jack Burton pour se sortir des griffes du gros porc qu'il soit ton supérieur, le roi de la Ferme des Animaux ou le président de la plus grande puissance de la planète. Enorme saturation, basses ultra présentes, bienvenue dans "Lo-cust" et Spin the pig puisque la tonalité restera aussi granuleuse durant la grosse demie-heure que dure l'album (oui, il est plutôt court). Paroles scandées par VX, riffs martelés, ambiance proto-indus, samples bien présents et des grands coups de gratte à travers tout pour donner du relief à un titre que j'attends de vivre en live avec une certaine impatience. Encore un jeu de mot pour "Die-s-i-ray" mais l'approche est bien plus rock'n'roll. "Blacksunwhitebones" accélère le tempo, brouille les guitares mais fait honneur au punk old school. Le matraquage se poursuit avec "Backlash", brulôt punk rock indus aux mesures synthétiques et expéditives, le son pur de la batterie contraste avec celui des cordistes et une nouvelle fois Stéphane Buriez vient tout faire exploser avec un petit solo. Le travail d'ambiances et le soin apporté au choix des samples se remet en évidence avec "Spin the pig", plus calme mais pas moins virulent. Je prèfère quand ça trace dans la veine Ministry et c'est ce que fait "There's no end to this", on a du punk, du métal, du rock, de l'indus mais surtout du groove, on sait que le dance-floor sera brûlant... La fin de l'album est moins excitante avec l'instrumental "Silver sliver" qui ne décolle pas vraiment malgré le bon riff qui l'habite et le remix de "Lo-cust" par Sonic Area, le morceau est dépouillé de ses guitares et les particules électroniques chargées de les remplacer ne sont pas aussi percutantes.
Spin the pig ravira les amateurs d'industriel à l'ancienne, tant pis pour le sexy et les slogans accrocheurs, Punish Yourself n'est plus en vacances, a moins le goût à la fête et n'est là que pour t'en foutre plein la tronche. J'aime.
Publié dans le Mag #30