Troisième et dernier acte pour les aventures du destructeur des mondes, Mr Strangler, l'artwork ne laisse pas entrevoir de fin heureuse, on passe du trône à une chaise électrique observée par des ombres bien sombres. Porn achève sa trilogie avec un disque de nouveau très abouti où chaque plage est à sa place et sert l'ensemble, deux morceaux sont mêmes découpés en plusieurs parties histoire d'ajouter encore du liant avec des gimmicks et des mélodies qui reviennent et s'incrustent encore plus dans les têtes, squattant un coin de la mémoire pour mieux être apprécié lors de l'écoute suivante. Entre les harmonies du chant, les nappes de synthé et les guitares (parfois claires), les Lyonnais ne pensent plus à la fête, pas question de gesticuler bêtement sur leurs nouveaux titres, l'atmosphère est plus propice à l'introspection, à l'analyse d'une situation qui nous a échappé, au sinistre bilan avant de prendre l'ultime départ. Malgré tout ce qui ronge les esprits, c'est plutôt apaisé que Porn nous abandonne, le tempo moyen de cette dernière dizaine de titres (numérotés de 20 à 32) est certainement le plus bas du triptyque, la violence métallique s'est évaporée mais les compositions n'en sont pas moins puissantes, elles nous emportent plus mentalement que physiquement.
Pas évident d'ailleurs de dire lequel des trois actes est mon préféré, ils ont chacun leurs spécificités et sont assez dissociables bien que différents. C'est là aussi une des grandes forces de Porn, réussir à écrire autant sur un même thème, avec les mêmes outils en aussi peu de temps sans se répéter ou tourner en rond. En plus, le combo s'offre le luxe d'accompagner chacun de ses disques d'au moins trois clips (scénarisés pour la plupart) de très haute qualité (mate ne serait-ce que "Dead in every eyes") et d'une panoplie de remixes par de grands noms... Ne manquaient que les shows, ceux qui s'annonçaient promettaient beaucoup, ce n'est que partie remise, on va pouvoir réviser un peu plus d'ici là. L'ambition était élevée, le pari est plus que réussi. Respect.
Publié dans le Mag #42