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Le Peuple de l'herbe à l'Olympic-Nantes (2007) Le Peuple de l'Herbe fait partie de ces groupes français qui parcourent depuis plus de dix ans déjà les routes et sèment leurs sons dans les salles et les festivals de France et d'Europe. C'est, en effet, en 1997 que tout commence. Deux DJ lyonnais du quartier de la Croix-Rousse (Pee et Stani) performent dans l'abstract hip-hop et notamment au studio 3ème Sous-sol, là même où officiait l'excellent DJ Duke (Assassin). Désireux de former un vrai groupe, le duo accueille dans un premier temps le batteur Psychostick. Pour la petite anecdote, ce dernier est recruté après avoir remixé en seulement deux jours un de leur morceaux. Puis c'est au tour du trompettiste de formation jazz N'Zeng de venir compléter la formation. L'origine du nom du groupe provient à la fois du célèbre film documentaire, "Microcosmos : le peuple de l'herbe", sorti en 1996 et de la plante que consommait le grand Bob. Le premier titre officiel du Peuple de l'Herbe, "Herbsman skank", sort sur la compilation Future Dub Vol. 1 éditée par Radio Nova en 1999. En 2000, Triple zéro, le premier album, débarque sur le label Pias et voit le début de la longue collaboration du quatuor avec le chanteur Sir Jean (Meï Teï Shô, Zenzile, Ez3kiel, High Tone, JMPZ) sur le titre désormais célèbre "PH Theme". Cette première production est un condensé des deux premiers maxis sorti chez Supadope Records ajoutés des deux titres issus de la BO du film "Baise moi" de Virginie Despentes pour lequel la bande a participé. Une réédition avec bonus et remix de ce premier opus suit l'année suivante. Le Peuple de l'Herbe affine son style mélangeant hip-hop, jazz, électro et drum n' bass sur P.H. Test/Two et commence à faire l'objet de critiques positives et spécialement sur ses prestations lives (avec à la clé une récompense aux Victoires de la Musique dans la catégorie "Découverte scène"). Une nouvelle entité vocale plutôt atypique fait son apparition sur ce deuxième album, celle d'un jeune MC anglo-indien répondant au nom de JC 001. Il faudra deux ans, soit en 2004, pour qu'il fasse partie intégrante de la bande lyonnaise. En janvier 2005, alors que le troisième disque, Cube (enregistré dans leur studio, la Supadope Factory), vient tout juste d'être rangé dans les bacs, le co-fondateur DJ Stani quitte ses partenaires pour se consacrer à d'autres projets. A l'occasion de cet enregistrement, les allemands de Puppetmastaz viennent poser sur "El Paso". Le Peuple de l'Herbe récupère Spagg (No One Is Innocent, Treponem Pal) pour assurer les samples sur scène lors de la tournée "Cube Tour". En 2007, le quatrième album, Radio blood money (inspiré d'un roman de Philip K. Dick) fait son apparition et laisse une plus grande place aux instruments (Spagg prend la basse pour l'occasion) tout en restant néanmoins électro. La tournée qui suit fait l'objet d'un CD live de 15 titres accompagné d'un DVD contenant une captation d'un concert à Dijon en avril 2008 et des bonus tels qu'une interview et un documentaire. Le 16 novembre 2009, le cinquième album des lyonnais, Tilt, sort chez Discograph. A cette occasion, Le Peuple de l'Herbe a confié la réalisation de l'artwork à Der Kommissar. Début 2012, c'est le retour du Peuple au commande d'un nouvel album intitulé A matter of time.


Discographie :

Raide alerte (démo) (1999)
Triple zéro (2000)
Triple zéro plus (réédition) (2001)
P.H. Test/Two (2002)
Sold out (live) (2004)
Cube (2005)
Radio blood money (2007)
Live (live) (2008)
Tilt (2009)
A matter of time (2012)

Review Concert : Le Peuple de L'Herbe, Le Peuple à L'Elysée... Montmartre !

Le Peuple de L'Herbe / Chronique LP > 10

Le Peuple de L'Herbe-10 10, pour 10 secondes d'écoute avant de retrouver avec joie cette nouvelle récolte du Peuple de l'Herbe ; 10 pour une décennie, que dis-je, presque 3 décennies traversées avec ce bon son électronique si singulier du Peuple de l'Herbe, né à la confluence du Rhône et de la Saône, né d'une confluence d'électro, de hip-hop, de dub, de drum'n'bass ; 10 pour la dizaine de membres qui ont œuvré pour que l'herbe soit toujours verte et contribué à ce que, malgré le turn-over, l'empreinte musicale du Peuple de l'Herbe se reconnaisse à la première écoute ; mais surtout et évidemment 10, parce que c'est leur dixième album studio, qui inscrit Le Peuple de l'Herbe dans la durée, dans la référence, et se dire qu'il est bien loin le temps où on les résumait à la pochette cool du chien qui fume et son single "PH thème"... enfin, si tu en es resté(e) là, alors il va falloir rattraper tout ça, et reprendre toute la discographie.

Mais on ne va pas reprendre toute l'histoire du Peuple, Ted s'y est déjà brillamment employé et tu pourras retrouver les chroniques de 7 des 9 premiers albums sur le W-Fenec. Intéressons-nous à ce 10, qui sonne toujours aussi original et éclectique, la marque de fabrique du Peuple de l'Herbe. Et même si le line-up a beaucoup changé depuis le premier album, le résultat est le même, c'est une potion magique de hip-hop, de funk, d'électro, de dub, de rock, qui mijote, où chaque louche a sa saveur particulière. Un son toujours énergique, avec un chant plutôt orienté hip-hop mais une musique variée, aux samples créatifs, où l'humain semble avoir pris le pas sur les machines. Chaque titre a son petit caractère mais si tu veux un avant goût tu peux mater le clippé "All eyes" pour en prendre une bonne dose.

En résumé, 10 est dans la lignée des productions précédentes. Au bout de 10 albums, on s'habitue à la qualité musicale du combo, mais soyons lucides, le Peuple reste à part dans le paysage musical, et avec le temps il ne faudrait pas que l'habitude banalise l'exception.

Publié dans le Mag #60

Le Peuple de L'Herbe / Chronique LP > Secret stachella

Le Peuple de l'Herbe - Secret Stachella Trois mois après Next level, un septième album mi-figue mi-raisin dont le défaut principal de cohésion entre ses titres - loin d'être vraiment bons - fut l'objet de ma déception, Le Peuple de l'Herbe enchaîne avec un mini-LP nommé Secret stachella. Ceux qui suivent les Lyonnais savent que ces derniers ont exploré progressivement et par intermittence d'autres terrains musicaux, disons plus "mainstream", plus populaire, et ont laissé le nu-jazz, le dub et l'électro hybride sombre au placard. Sachant cela, il n'est pas étonnant de découvrir la diversité que propose cette galette de huit titres composés de quatre chansons originales et quatre remix/lives extraits des deux précédents albums démontrant la machine scénique qu'est cette formation. Le groupe s'est associé avec les MCs du collectif sud-africains Cape Town Effects pour "Yini bo" et "Stier groente", titres chantés dans la langue locale, pour des performances hip-hop volontairement variées montrant ainsi le point de confluence des deux cultures. "Velociraptorous" marque son empreinte au fer rouge avec une basse déroutante et des sons rétro-futuristes parsemés. Enfin, l'électro-funk de "Et la fête continue" est dans la totale continuité de Next level et reste la moins marquante du LP. Avec ce dernier, Le Peuple de l'Herbe remonte le niveau et continue à braver les frontières musicales en multipliant les collaborations. Que le spectacle continue.

Le Peuple de L'Herbe / Chronique LP > A matter of time

Le Peuple de l'Herbe - A Matter Of Time Il y a des groupes qui durent, tentent de se renouveler avec l'âge pour éviter de sombrer dans cette espèce d'image, d'étiquette qu'on a bien voulu leur coller à leur tout début, qui plus est quand la réussite fut incontestable. C'est le cas du Peuple de l'Herbe qui, encore de nos jours, est trop souvent réduit par certains à leur abstract hip-hop électro narcotique. "Ils existent encore eux ?" pouvons nous d'ailleurs entendre par-ci et là au détour de discussions informelles. Qu'importe, les lyonnais délivrent en ce début d'année un sixième album studio, presque dix ans après la sortie de P.H. Test/Two et la première participation du percutant MC JC 001, répondant au nom évocateur de A matter of time. Une question de temps pour ces spécialistes du télescopage des genres musicaux afin de nous démontrer qu'arriver à un point d'imbrication de styles tel et tenir les rangs avec une équipe très peu renouvelée n'est pas une sinécure quand il s'agit de laisser le temps agir.

Tandis que Tilt nous avait ouvert une brèche rock par intermittence qu'on avait su apprécier avec l'apport vocal d'un Sir Jean au top, ce A matter of time vient exhiber un groove infaillible palpable le rendant ainsi parfois plus (à tort ?) "mainstream" à l'image d'un "Mars" très pop, chanté par Marie Nachury (Lipstick Royale, Brice et sa Pute) ou un "Let us play" foutrement funky, loin de ce que Le Peuple de l'Herbe pouvait nous offrir jusqu'à présent. Le funk n'étant pas l'apanage du groove, on savoure à temps plein "Parler le fracas", titre hip-hop rappé admirablement par l'alerteur social Marc Nammour de La Canaille relayé à la fin d'un extrait d'interview de feu Aimé Césaire. Rendre le pouvoir au peuple, c'est également compter bien évidemment sur les deux rocs habituels du front vocal à savoir Sir Jean et JC 001. L'ancien frontman de Meï Teï Shô s'adapte davantage sur des morceaux aux airs plus "joviaux" ("New day", "Let us play") alors que le MC anglais balance son fulgurant phrasé rauque atypique à la fois rappé ("Mothership", "Numbers") ou narré ("A matter of time"). Une belle team qui ne serait rien sans le travail minutieux des quatre musiciens apportant chacun leur propres univers, que cela soit autant dans la programmation bien sentie des samples et des scratchs que dans les airs de trompettes délectables. A ce titre, le dernier morceau "19." en est un beau spécimen.

Avec A matter of time, Le Peuple de l'Herbe continue sans coup férir sa route débutée en 1997, une maturité assumée qui saura probablement convaincre sa petite communauté de fans. Pour les autres, peut-être faudra-t-il envisager une séance de rattrapage, mais une grande séance de rattrapage alors. Ce sera juste une question de temps.

Le Peuple de L'Herbe / Chronique LP > Tilt

Le Peuple de l'Herbe - Tilt Le Peuple de l'Herbe continue sa route avec insouciance dans le monde musical. Après une parenthèse artistique avec les Svinkels en 2008 sur le single "Monde de merde", c'est libres comme l'air que les lyonnais sont retournés dans leur studio, le Supadope Factory, pour nous concocter un cinquième album à la recette connue mais toujours avec cette volupté qui n'est plus à démontrer. Fini le concept-album rude et éprouvant de Radio blood money, place à quelque chose de plus vivant avec une fusion des genres qui n'est pas sans rappeler un certain Cube. Tilt cultive cette ambiance propre au Peuple de l'Herbe, un son dont seul Chris le méchant, leur producteur, a le secret. Et comme chaque production à sa propre identité, ce dernier album s'en vient ainsi faire des excursions sur des terrains rock jusque là très peu visités. Bien entendu, tout est relatif. Ne vous attendez pas à du punk, de la pop ou du métal mais bien à des éléments plus instrumentaux dont une batterie se faisant de plus en plus présente. Une musique électro-rock frôlant la fusion avec un "Get stronger" aux guitares tranchantes, un "Look up !" démontrant la percussion du duo JC001/Sir Jean, renouvelée puissance dix sur un "Back against the wall" aux basses et aux rythmes réglés au poil pour faire dresser les foules. Mais le Le Peuple de l'Herbe renoue avec ce qui a fait sa force d'antan, des titres charnus en jazz-rock ("L'esprit d'une époque"), en hip hop ("Supa breakin'"), en jungle ("Pretty bad drug"), en électro pure ("Catch up") et nous emmène également faire des virées sonore absconses avec "Swamp" et "Match box". Cela part dans tous les sens à l'image de la boule d'un flipper dont le fronton est représenté sur la pochette réalisée par Der Kommissar. Un large programme vous attend donc sur ce disque, première sortie du groupe chez Discograph, qui n'a d'ailleurs pas dû tergiverser très longtemps avant de les signer. Au final, les lyonnais semblent très à l'aise sans DJ Stani et démontrent que Spagg s'est sacrément bien adapté. Cinquième réalisation studio en presque dix ans, un premier bilan de carrière plus qu'honorable voire quasi sans faute. Ca promet pour la suite et la tournée qui s'en suit. Mais où s'arrêtera donc Le Peuple de l'Herbe ?

Le Peuple de L'Herbe / Chronique LP > Radio blood money

Le Peuple De L'Herbe - Radio blood money Dans la plupart des formations artistiques, les périodes plus ou moins bonnes, les évolutions et les changements d'effectifs sont légion. Si Le Peuple de l'Herbe s'est séparé de DJ Stani - l'un de ses fondateurs - peu après la création de Cube, cela n'aura pas affecté d'un poil la qualité de sa musique. Mieux, Radio blood money est dans la continuité de l'excellent précédent album. La passion des machines et l'envie de créer des morceaux en y ajoutant des instruments, voilà en clair ce qui a motivé Spagg (qui vient du rock) à entrer dans le collectif en tant que sampleur et bassiste. Pour ce quatrième album, les lyonnais sont partis sur un concept inspiré d'un roman de science-fiction de Philip K. Dick, "Dr. Bloodmoney", publié en 1965 en pleine Guerre Froide. L'objet musical serait en fait l'ultime programme radio émis par satellite par les survivants d'une guerre nucléaire. Cette diffusion de messages de résistance et d'espoir est englobée dans un amas de styles déjà entrevus sur le précèdent opus : électro, nu-jazz, hip-hop, jungle, dub et fusion-rock. Le Peuple de l'Herbe a donc fabriqué ces douze pièces sonores à son image : ouvert et libre. Néanmoins, un genre musical peut être façonné de différentes manières, tout dépend le rendu que l'on veut lui donner. Radio blood money donne l'impression d'un album extrême (les titres électro ayant tendance par exemple à l'être trop, à l'image des survitaminées "Hystory goes" et "Dope beats") baigné dans des ambiances ténébreuses avec "The Fall" ou "Viva la revolucion". A l'opposé, au milieu du lot se trouve "Plastic people", plus joyeuse frôlant l'ironie au vu de l'ensemble du disque. Comme à son habitude, Le Peuple de l'Herbe soigne ses albums et renouvelle l'expérience de l'introduction instrumentale progressive de bonne facture (qui pour le coup sera reprise pour clôturer le disque). "Judge not", véritable poésie sur les préjugés, marque la première "double collaboration" vocale du collectif sur une chanson avec JC001 et Sir jean, deux personnages bien familier du groupe. Quand bien même cet album est plus sombre, cela n'empêche pas à N'Zeng de nous concocter de bons plans de trompette et ce dans toutes les ambiances que recèle Radio blood money. Le Peuple de l'Herbe n'est pas fini et nous le prouve une nouvelle fois avec ce quatrième album paradoxalement surprenant sans vraiment l'être, la marge de progression étant dorénavant moins étendue.

Le Peuple de L'Herbe / Chronique LP > Cube

Le Peuple de l'Herbe - Cube La tournée qui a suivie la sortie de P.H. Test/Two a été pour le moins une réussite. Parcourant la France et les territoires européens comme l'Espagne, l'Allemagne ou la Hollande à travers des festivals et scènes diverses, Le Peuple de l'Herbe a rempli son contrat et a notamment touché le graal lors des 25e Transmusicales de Rennes lorsque Miss Beth Gibbons herself est venue chanter deux titres de Portishead avec eux. Fiers de leur parcours et voulant faire partager leur bonheur à leur public, les lyonnais sortent en 2004, Sold out, un disque captant en partie des enregistrements de lives sur des dates qui ont marqué le groupe. C'est donc après s'être remis de leurs émotions que les cinq gars du Peuple de l'Herbe se sont enfermés dans leur studio au Supadope Factory. Cinq car le rappeur JC 001, ayant fait ses preuves depuis le précédent opus, a été invité à poursuivre l'aventure. Ainsi naît Cube en janvier 2005, un troisième album qui frôle la perfection. Perfection car Le Peuple de l'Herbe a enfin trouvé le style qui lui sied le mieux, un aboutissement affirmé par un bouillon de sons électroniques remarquablement accompagnés par des instruments. Autrement dit, jamais les machines n'ont autant fait unes avec l'acoustique. Une introduction digne d'un groupe de jazz-fusion cinq étoiles confirme d'emblée ces impressions. "Kin Sapalot", dans le même genre, montre également à quel point le travail effectué depuis est considérable. Des membres en symbiose (à l'image de l'artwork), Le Peuple de l'Herbe est véritablement un groupe et non plus un ensemble de créations électroniques pures (même si P.H. Test/Two tentait quelques incursions nu-jazz). Les lyonnais ne suivent aucun cahier des charges et continuent le travail d'ouverture musical entreprit au fil du temps. Ainsi le style hip-hop bien ancré dans les premiers albums prend une ampleur considérable avec des arrangements comparables à The Herbaliser. Et pour mettre un peu de piquant sur leurs mets sonores, la bande n'hésite pas, par exemple, à inviter les allemands marionnettistes de Puppetmastaz sur un "El Paso" à la fois percutant par le flow et aussi doux qu'un épi de maïs par l'instru (comparé à un "Keep rockin'" endiablé). Le Peuple de l'Herbe est également un créateur d'ambiances pouvant faire l'objet de générique d'émission de TV avec "Adventure" ou d'une scène de suspens avec la session beat-box de JC 001 dans "Boxin' da beat". Certains samples sont toujours aussi succulents avec des clins d'œil lancés aux fans ("Thank you very much for playing this record" et "Si vous êtes contents, amenez-nous vos amis !" sur "St Cloud") avec une certaine élégance et un profond respect. Le mauvais côté de Cube, c'est la suite avec le départ de DJ Stani à la fin de l'enregistrement marquant la fin d'une époque mais vite remplacé pour la tournée par Spagg (qui a œuvré avec Treponem Pal et No One Is Innocent) qui prendra les samples puis la basse. Une nouveau chapitre s'ouvre donc.

Le Peuple de L'Herbe / Chronique LP > P.H. Test/Two

Le Peuple de l'Herbe - P.H. Test/Two Composé à quatre en trois mois, le deuxième album du Peuple de l'Herbe marque une nouvelle étape d'une aventure commencée avec Triple zéro. Alors que ce dernier était l'œuvre plus ou moins entière de DJ Pee aux platines et de DJ Stani aux machines, P.H. Test/Two laisse une place plus importante au trompettiste N'Zeng qui assure aux lyonnais une identité plus prononcée mais également au batteur Psychostick qui par ses rythmes acoustiques et électroniques donne un aspect plus vivant au son du Peuple de l'Herbe. Ce fait sera confirmé par les remarquables prestations scéniques du quatuor. Ce nouveau chapitre débute par les habituelles présentations à coups de samples divers et variés puis s'engage sur le sujet de la drogue (tiens donc !) dans un "délice" aux saveurs nu-jazz où la trompette apaise l'ouïe. Bien que cet instrument à cuivre enregistré en prises directes fasse son apparition de manière plus ou moins importante sur l'ensemble de l'album, il réussit à se marier agréablement à des styles tels que la drum & bass, le hip-hop, le dub et tout ce qui s'apparente à l'électro. Car c'est bien là que tout l'intérêt de ce P.H. Test/Two repose : l'ouverture à de nouvelles sonorités. Preuve en est avec l'hymne jungle-ragga "No escape" conduit d'une main de fer par le junglist anglais UK Apache au panache à toute épreuve. "Maison en dur", titre connu pour être celui terminant les concert des lyonnais, marque aussi dans sa tentative house complètement débridée. Ce deuxième opus voit également l'arrivée d'une nouvelle voix qui, sur le temps, finira par devenir familière au groupe, celle de JC 001. La participation de l'indo-anglais (sur "20 years gone" avec un spécial hommage au "The Messenger" de Grandmaster Flash et "Mr Nice") qui à l'époque ne faisait pas encore figure de membre permanent, pose une marque de fabrique à base de voix robotisée et de beat-box. P.H. Test/Two est indéniablement un album de qualité et fait preuve d'une maturité par la richesses de ses sons, ses rythmes et ses arrangements. Le Peuple de l'Herbe est désormais paré musicalement à conquérir les territoires européens et à acquérir de nouveaux fans. Nous noterons que les lyonnais qui dans un premier temps s'étaient ravisés sur la pochette du boxer à la feuille de cannabis, remettent le couvert sur cet artwork à la couleur bien verte.

Le Peuple de L'Herbe / Chronique LP > Triple zéro

Le Peuple de l'herbe - Triple Zéro Qui n'a jamais entendu ce fameux air scandant sans cesse le nom de ce groupe qui allait devenir quelques années plus tard un incontournable de la scène électro hybride française, j'ai nommé Le Peuple de l'Herbe ? Nous sommes alors au tout début du troisième millénaire, "PH theme" et ses successions de samples et de scratchs résonnent alors dans nos têtes avec en guise d'accompagnement vocal un Sir Jean qui n'était pas encore celui qui l'est devenu avec des formations comme Meï Teï Shô ou Zenzile. Pour ce premier effort discographique, Le Peuple de l'Herbe créer son label Supadope Records et compile ses deux premiers maxis. Pour la petite anecdote, les lyonnais avaient d'abord pressé des vinyles pour démarcher les tourneurs. Mais comme le support perdait de son intérêt commercial au profit du compact-disc, ils décidèrent de graver des CDRs comprenant ces deux maxis plus des morceaux joués en live. Ainsi, une première démo au jeu de mot casse-cou (Raide alerte) voit le jour. Malheureusement, le coût engendré par la création "D.I.Y." de cette démo (une centaine de copies) stoppe net le quatuor qui décide de les faire fabriquer en ajoutant deux titres supplémentaires ("Elektro M.J" et "Sexual attraction") issus de la bande son du film "Baise-moi" de Virginie Despentes pour lequel le groupe a participé. Quoi de mieux qu'un long métrage à scandale comme vitrine pour se faire connaître ? Mais Le Peuple de l'Herbe ne s'arrête pas en si bon chemin et délivre un artwork représentant un boxer tenant dans sa gueule une feuille de cannabis. Afin d'éviter toute censure liée à l'incitation à la consommation de marijuana, le quatuor sort un an plus tard une réédition de ce premier album ajoutée de remix avec une pochette contenant uniquement le chien avec la feuille en moins sur fond orange. Triple zéro, comme ceux dans 2000 mais également comme le freestyle du Wu-Tang Clan sur la remarquable bande-son de "Ghost Dog" de Jim Jarmusch, est un véritable travail de platines. Fabriqué autour des deux DJ que sont Pee et Stani, influencés par le hip et hop, ses racines et le sampling, ce premier album est donc tout naturellement un mélange de beats et d'échantillons. Variant les tempos et les ambiances à la fois trippantes, groovy, urbaines et festives, Le Peuple de l'Herbe apporte également quelques touches jazz grâce à l'apport du trompettiste N'Zeng. Bien que Triple zéro soit une bonne entrée en matière pour les lyonnais, il reste l'œuvre de deux gars aux platines (excepté les deux titres de la BO de Baise-moi) et sonne trop "session de mix". Le Peuple de l'Herbe n'est pas encore à ce moment là un vrai "groupe".