Le Peuple De L'Herbe - Radio blood money Dans la plupart des formations artistiques, les périodes plus ou moins bonnes, les évolutions et les changements d'effectifs sont légion. Si Le Peuple de l'Herbe s'est séparé de DJ Stani - l'un de ses fondateurs - peu après la création de Cube, cela n'aura pas affecté d'un poil la qualité de sa musique. Mieux, Radio blood money est dans la continuité de l'excellent précédent album. La passion des machines et l'envie de créer des morceaux en y ajoutant des instruments, voilà en clair ce qui a motivé Spagg (qui vient du rock) à entrer dans le collectif en tant que sampleur et bassiste. Pour ce quatrième album, les lyonnais sont partis sur un concept inspiré d'un roman de science-fiction de Philip K. Dick, "Dr. Bloodmoney", publié en 1965 en pleine Guerre Froide. L'objet musical serait en fait l'ultime programme radio émis par satellite par les survivants d'une guerre nucléaire. Cette diffusion de messages de résistance et d'espoir est englobée dans un amas de styles déjà entrevus sur le précèdent opus : électro, nu-jazz, hip-hop, jungle, dub et fusion-rock. Le Peuple de l'Herbe a donc fabriqué ces douze pièces sonores à son image : ouvert et libre. Néanmoins, un genre musical peut être façonné de différentes manières, tout dépend le rendu que l'on veut lui donner. Radio blood money donne l'impression d'un album extrême (les titres électro ayant tendance par exemple à l'être trop, à l'image des survitaminées "Hystory goes" et "Dope beats") baigné dans des ambiances ténébreuses avec "The Fall" ou "Viva la revolucion". A l'opposé, au milieu du lot se trouve "Plastic people", plus joyeuse frôlant l'ironie au vu de l'ensemble du disque. Comme à son habitude, Le Peuple de l'Herbe soigne ses albums et renouvelle l'expérience de l'introduction instrumentale progressive de bonne facture (qui pour le coup sera reprise pour clôturer le disque). "Judge not", véritable poésie sur les préjugés, marque la première "double collaboration" vocale du collectif sur une chanson avec JC001 et Sir jean, deux personnages bien familier du groupe. Quand bien même cet album est plus sombre, cela n'empêche pas à N'Zeng de nous concocter de bons plans de trompette et ce dans toutes les ambiances que recèle Radio blood money. Le Peuple de l'Herbe n'est pas fini et nous le prouve une nouvelle fois avec ce quatrième album paradoxalement surprenant sans vraiment l'être, la marge de progression étant dorénavant moins étendue.