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Biographie > Mike Patton en voyeur?

"La pop que j'aimerais entendre tous les jours à la radio"... Tels sont les propos de Mike Patton en personne, lors de la genèse du projet Peeping Tom courant 2000. Multi-instrumentatliste de génie et prolifique comme personne, homme de base de rien moins que Faith no more, Fantomas, Mr.Bungle, Tomahawk et toute série de projets et collaborations les plus diverses et variées, Patton ne semble connaître aucune limite et ne jamais se contenter de ce qu'il a pour toujours explorer de nouvelles contrées musicales. Peeping Tom n'est pas à proprement parler un projet pop, mais plutôt un maëlstrom à dominante électro / trip-hop / world... issu des inombrables influences du fondateur d'Ipecac (le label qui ose à peu près tout et qui compte dans ses rangs entre autres Dälek, Isis ou les Melvins en passant par Skeleton Key et The Young Gods). Plus accessible que ses autres projets, Peeping Tom est une sorte d'assemblage hétéroclite d'artistes que Patton a voulu rassembler autours de lui, parmi lesquels on retrouve notamment Norah Jones, Massive Attack, Dan the Automator ou Amon Tobin, ce qui donne une petite idée de la largeur du spectre musical. Mai 2006, après six ans de gestation, de fausses rumeurs et de frustration des amateurs, le premier album studio de Peeping Tom sort enfin dans les bacs. Et à l'image de ce que l'on avait vécu pour le projet Team Sleep, on a failli attendre...

Peeping Tom / Chronique LP > Peeping Tom

Peeping Tom : Peeping tom Un peu à l'image du Team Sleep porté par Chino Moreno (Deftones pour les cancres du fond...), il y a des projets qui naissent avec de grands effets d'annonces qui ne semble jamais vouloir aboutir... jusqu'au moment où l'on ne les attend quasiment plus et qu'il débarque enfin sur la platine. Des projets comme Peeping Tom en gros. Evidemment difficile de critiquer quelqu'un comme Mike Patton, faut de quoi le petit monde de la musique dite "à tendance expérimentale" vous tombe sur le coin de la figure pour vous expliquer en des termes très simples, en quoi Patton est un génie. Soit, quoiqu'il à soit, force est de constater que, parfois, même le charismatique frontman de Faith no more et Fantomas peut s'égarer un peu (General Patton vs The Executionneers par exemple). En clair, à trop vouloir ne s'imposer aucune limite, aucune ligne directrice, on part un peu dans tous les sens, laissant de côté un bon nombre d'auditeurs pourtant friands de nouvelles expériences musicales. En ce qui concerne ce premier effort studio de Peeping Tom, la donne ne souffre d'aucune contestation, Patton a voulu livrer son disque le plus accessible. Ce qui ne veut pas forcément dire calibré.
Norah Jones, Dan the Automator, Amon Tobin, Massive Attack... évidemment la liste des invités à de quoi faire frémir même l'attaque du Barça et s'annonce forcément plus qu'alléchante. Le tout, pour un résultat inégal. Car il faut le reconnaître, cet album éponyme ne part pas très fort, une collaboration avec Odd Nosdam ("Five seconds") entre hip/ hop et éléctro sur laquelle Mike Patton vient poser tour à tour son flow puis ses borborygmes que l'on qualifiera ici de "pattoneries". Un peu déconstruit, bien trop classieux dans ses arrangements, pas forcément emballant... On reste sur notre faim. C'est alors que déboule sur la platine le tubesque "Mojo", détonnant cocktail de trip-rock au flow imparable, avec cette fois Dan the Automator (qui avait déjà bossé avec Patton sur le projet Lovage comme complice du boss d'Ipecac) en guest de luxe. Nouvelle déception relative, le duo avec Amon Tobin reste en deça de ce que l'on aurait pu attendre étant donné le potentiel des deux artistes, mais reste agréable à découvrir. Très orientés hip-hop "Getaway" et "Your neighborhood spaceman" laisseront de marbre ceux qui ne sont pas vraiment familiers du genre tant l'association d'un Kool Keith et de Mike Patton semble par exemple bancale. Plus convaincants par exemple le glacial et éléctro-rock "Kill the DJ" avec la participation de Massive Attack ou la tentative de bossa-nova subtile et accessible en duo avec Bebel Gilberto ("Caipirihna"). On est sous le charme des vélléités expérimentalo-mainstream (paradoxal n'est-ce pas?) du sieur Patton et pourtant au moment où l'on s'attend au meilleur, Peeping Tom descend d'un cran pour s'orienter vers un hip-hop éléctro de luxe mais sans âme, où Norah Jones vient s'inviter pour poser des "sucker" sur le bien nommé ... "Sucker". Tentative de provocation ridicule et ratée qui n'honore pas vraiment celle qui possède l'une des plus belles voix du jazz actuel.
Finalement on reste sur notre faim devant cet album en forme de série B de luxe. Et si globalement, il a du bon et du (très) moyen, on navigue à vu entre l'inventif divertissant et le déjà-vu indigne de la stature de Mike Patton. Pas mal donc, mais peut mieux faire, quoi que pour du formaté radio (la bome souterraine "We're not alone Remix" avec Dub Trio), ce soit déjà pas si mal, n'es-ce pas messieurs les programmateurs ? (sic)....