Fin septembre, Orange Blossom lance son troisième album Under the shade of violets, soit neuf ans après l'excellent Everything must change. Un disque plus organique et plus abouti que son précèdent selon les dires de Carlos Robles Arenas, qui a bien voulu nous accorder une interview revenant pour l'occasion sur sa création, ses inspirations et bien d'autres choses encore. Court mais efficace.
On s'est pas mal demandé ce qu'Orange Blossom devenait depuis toutes ces années. Alors ?
On a tourné en Russie, aux États-Unis et au Maroc puis, par la suite, on a été très pris par la construction d'Under the shade of violets. On est parti à l'étranger à la recherche de musiciens, de chanteurs et de chanteuses en faisant des auditions en Égypte, au Maroc et en Jordanie. On a aussi énormément travaillé en studio sur la composition, notamment les parties électroniques et les arrangements de cordes.
J'imagine que votre effectif a dû évoluer depuis Everything must change.
Il n'y a que Leila qui est partie, le noyau dur du groupe reste toujours PJ et moi-même. Il y a également Matthias, le percussionniste, qui fait toujours partie de l'aventure, même s'il peut parfois être remplacé. La nouvelle chanteuse Hend est égyptienne, elle vit au Caire et nous amène un vent nouveau. Ensuite, il a plein d'invités et d'intervenants à découvrir sur ce nouvel album.
Pourquoi Orange Blossom met autant de temps à sortir des disques ?
Ce fut long de trouver les bonnes personnes pour ce troisième album et puis on a voulu prendre le temps d'accomplir chaque morceau tel qu'on les entendait dans l'idéal, sans qu'on soit forcé à ne pas rester fidèle à ce qu'on voulait, juste pour "aller plus vite". Par rapport à Everything must change, l'écriture du nouvel album est beaucoup plus importante. Au moins 90 musiciens y ont travaillé et ce fut une montagne de choses à organiser et à faire concorder.
En 2005, à la sortie d'Everything must change, la presse parlait d'un nouveau départ. En 2014, avec la sortie fin septembre d'Under the shade of violets, peux t-on parler encore de nouveau départ ?
Non, ce sont les médias qui utilisent ces termes mais, pour moi, c'est une continuité, c'est simplement la suite évidente de ce qu'on faisait avant.
Comment décririez-vous la composition de ce nouvel album par rapport aux deux premiers disques ?
Elle est plus aboutie, plus mature et plus acoustique. Je pense que la réponse est dans l'album, il parle de lui même.
Comment a t-il été préparé et comment s'est passé son enregistrement ?
D'abord, on s'enferme avec les machines. La rue et ses moments du quotidien m'inspirent beaucoup et quand je ressens des choses dans ma tête et dans mon cœur, ça veut dire que je suis sur le bon chemin. Ensuite, il y a un travail d'orchestration pour mettre tout ça en forme et c'est aussi par la rencontre avec les intervenants et les différents interprètes que les choses se passent. L'écriture peut être modifiée soudainement à la fin d'un morceau car j'ai souvent de très belles surprises quand je travaille avec les gens. En réécoutant, on s'autocritique et on corrige sans cesse jusqu'à la fin. Viens ensuite un gros travail en studio pour faire des prises de son, d'édition, et de mixage.
L'esprit vif de l'électro d'Everything must change a disparu pour laisser un espace plus important aux instruments. Pourquoi ce choix ? Est-ce un retour aux sources ?
Non c'est l'envie du moment, j'aime toujours autant l'électro mais nous avions envie de quelque chose de plus organique.
Dans le refrain de "Ya Sidi", le chant suit une série de notes que l'on retrouve dans les "Trois Gnossiennes" d'Erik Satie. C'est involontaire ou Satie est vraiment une de vos influences majeures ?
On considère que "Ya sidi" est un grand hommage à Erik Satie et à Samuel Barber.
Vous êtes attirés par les gammes autres que celles basés sur la gamme tempérée ?
Évidement toutes les gammes sont intéressantes.
Je voudrais aborder le rôle du chant dans Orange Blossom. A chaque fois, il s'agit d'une femme ayant des origines arabes ou maghrébines, pourquoi ? N'avez-vous jamais pensé réintégrer un chanteur comme sur votre premier album ?
Dans les deux derniers albums, il n'y a pas qu'une voix féminine, il y a aussi des voix masculines. Cela dit, la sensibilité musicale féminine me touche énormément, qu'elle soit orientale ou pas. Sur Under the shades of violets, on peut trouver une chanson en bambara qui s'appelle "Good bye Kô", un chant en français sur "Mexico", "The nubian" est interprété par Sayed, un homme de Nubie, et notre grand et regrettable Kheder Alatar chante sur "Jerusalem".
Quelle différence faites-vous entre le chant de Hend Ahmed et Leila Bounous, votre ancienne vocaliste ?
Tout est différent et on ne peut pas vraiment comparer deux voix, ni deux personnes. Les deux ont leur talent et leurs qualités.
L'année dernière, vous étiez sur scène avec la marocaine Yasmine Madjour, pourquoi ne pas avoir poursuivi avec elle ?
C était simplement un essai.
Robert Plant, qui apprécie beaucoup les musiques du monde et surtout celles de l'Orient, avait été séduit par Everything must change et vous avait invité sur sa tournée en 2006. Comment s'est passé la vie en tournée avec lui à l'époque ?
C'était vraiment génial et constructif musicalement, moralement et physiquement.
Allez-vous lui envoyer votre nouvel album ?
Oui, quand il sortira, le 29 septembre.
Si vous pouviez remonter le temps et changer quelque chose sur votre premier album, ça serait quoi ?
Le label Prikosnovénie, le mixage et l'ingénieur du son qui a eu le talent de nous faire un super CD "hors phase", c'est une belle erreur technique.
Connaissez-vous des groupes qui jouent un style proche du votre ?
Il y en a surement mais, malheureusement, on ne les connait pas.
Est-ce qu'Orange Blossom est un groupe qui se sent mieux en studio ou sur scène ?
Moi je me sens mieux en studio et PJ se sent mieux sur scène.
Pour terminer, quelles sont les échéances dans les prochains mois ou vos projets dans les années à venir ?
La sortie officielle de l'album est le 29 septembre, ensuite on va faire un passage radio chez André Manoukian sur France Inter le 15 octobre, un mini concert sur Fip le 16 octobre, plusieurs autres émissions radios et ensuite la tournée. Vous pouvez retrouver les dates sur internet ou sur le Facebook du groupe.
Merci à Carlos et à Laurie de VS Com
Photo : Adrien Selbert