Orange Blossom - Under the shade of violets Dire qu'on attendait sagement ce nouvel album d'Orange Blossom est un doux euphémisme. Depuis début 2005 et la sortie de son ô combien magique Everything must change, vendu à hauteur de 30000 copies : rien ! Plus rien du tout, plus de nouvelles si ce n'est quelques vidéos lives retrouvées ci et là sur YouTube pour nous rassurer sur l'état de forme du groupe et démontrer qu'il est toujours en vie. Vous voyez, un peu comme si votre super pote partait faire le tour du monde et postait de belles photos de ses aventures sur Facebook en guise de carte postale, sans plus, histoire d'entretenir le doute et de nourrir différents fantasmes sur ses projets. C'est un secret de polichinelle, Orange Blossom est du genre à prendre son temps, on a pu s'en rendre compte avec les huit ans séparant la sortie du premier et du deuxième disque, et ne déroge pas à la règle en ce qui concerne Under the shade of violets, une œuvre enchanteresse qui a pris neuf ans pour arriver à maturité.

Orange Blossom a commencé par dénicher une nouvelle voix avec l'arrivée de l'égyptienne Hend Ahmed pour remplacer la franco-algérienne Leïla Bounous, partie former son projet solo. Puis, voyageur qu'est le groupe, il a fallu qu'il s'inspire et s'imprègne des beautés musicales que nous offre la Terre Mère, mette en place ses idées, qu'il trouve l'harmonie pour ensuite capter le savoir-faire traditionnel séculaire de musiciens et de chanteurs au fond d'un hôtel à Aman en Jordanie puis revenir en France pour celui de l'orchestre du conservatoire de Cholet. Après cela, si l'album n'est pas à la hauteur des espérances et des moyens que s'est donné la troupe du mexicain Carlos Robles Arenas et du nantais PJ Chabot, il va falloir sérieusement passer à autre chose. Fort heureusement, ce troisième opus est à l'image de ses membres : éclectique, talentueux, imprédictible et audacieux. Ce n'est donc pas si étonnant de voir que ce groupe se voit volontiers comme un croisement entre Pink Floyd et Joy Division composant pour la voix de l'"Astre d'Orient" Oum Khalthoum. C'est dans un vocabulaire hybride mâtiné d'effluves orientales, de classique, d'électro, de rock et de musique brésilienne qu'Under the shade of violets s'exprime.

Accompagné ou non, le chant rayonnant voire éblouissant d'Hend Ahmed se conjugue à tous les temps tout au long de l'album. Qu'elle côtoie des sonorités arabisantes ("Ommaty"), classiques (avec la sublime "Ya sidi") ou électro-rock ("Pitcha" ou l'excellente "Black box" qui rappelle Everything must change), sa voix s'exprime avec une facilité déconcertante. Les musiciens ne sont d'ailleurs pas en reste sur ses onze titres, vecteurs d'émotions à travers un voyage nous invitant aux expériences les plus variées (la candeur de "Good bye Kô" s'oppose à l'effarouchée "Pitcha"). S'affranchissant de l'électro-rock qui hantait les précédentes réalisations de la formation, Under the shade of violets trouve davantage son bonheur dans un métissage plus profond des cultures musicales ancestrales mondiales, y compris la nôtre à l'instar du chant en français dans "Mexico", pas forcément ce qu'il y a de mieux dans l'album, soit dit en passant. Toujours est il qu'Orange Blossom nous prend de nouveau à contre-pied, se place là où on ne l'attend pas forcément tel l'électron libre parfait de la scène musicale française. Chapeau bas !