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Biographie > tout est flou ?

OolfloO est la "pop extension" du compositeur de musique de film Olivier Florio. Créateur assez inclassable, préoccupé par la recherche sonore et se situant dans un courant où se retrouvent des éléments de rock, de pop et d'électroacoustique, l'homme est multi-instrumentiste. Producteur et chanteur, OolfloO, aime à brouiller les pistes et à multiplier les casquettes musicales.
Oscillant entre Gainsbourg, Ryuchi Sakamoto, PJ Harvey, Squarepusher et Joy Divison, il ne se contente pas de photocopier allègrement ses sources mais bien au contraire aboutit un style singulier et nous fait pénétrer dans un monde à part.
Il participe en outre à divers projets hors de nos frontières. Plus particulièrement en Asie. Au Japon et en Chine. Il produit notamment le single "Everytime" pour la diva japonaise Cima Cima (FGL) ou encore produit le groupe Gemini (franco chinois) qu'il amènera à signer avec l'une des principales majors chinoises Zhushu Entertainment. Gemini qui par ailleurs est devenu depuis l'emblême du neo-rock chinois...
En France il signe "In a heart beaten" sur le Film Dissonances de J. Cornuau ou encore "Tender song" sur le film Double.
OolfloO prépare actuellement la sortie de son album Les sons effacés ainsi qu'une série de concerts.

Interview : OolfloO, The new interview (nov. 2020)

OolfloO / Chronique LP > The new horizons

the new horizons Soyons honnête, on connaît surtout le travail d'Olivier Florio via OolfloO son projet électro-rock, ce n'est pourtant qu'une petite partie de son œuvre puisqu'il produit et orchestre essentiellement des musiques destinées à des films (ou des séries), un exercice de commandes puisqu'il s'agit d'illustrer musicalement des ambiances particulières. Avec le nouveau projet dénommé The New Horizons, l'artiste protéiforme s'attaque à une musique de film... sans film. Soutenu par une communauté de fans à travers le monde et par quelques personnalités comme Jean-Christophe Grangé (romancier), Beb-Deum (auteur de BD), Esty Grossman (créatrice de bijoux), Jean-Baptiste Saudray (pianiste), Julien Dajez (réalisateur), Guillaume Béguin (comédien et metteur en scène)... Olivier s'est donc lancé dans la composition d'un "score", la bande-son d'un film qui n'existe pas. Peut-être que ces morceaux seront utilisés par des cinéastes un jour mais pour l'heure, ils sont créés ex-nihilo, c'est à nous d'inventer, d'imaginer les scènes que l'on veut.

Peu apte à critiquer le rôle de chef d'orchestre ou la musique dite "classique", je me contente ici de me laisser bercer par l'ensemble symphonico-électronique et de jeter quelques impressions. Comme le fait que cet "Earth" qui entame l'album pourrait aussi le clore, il est pesant, presque solennel, le nouvel horizon qui se dévoile n'est pas des plus aguicheurs (est-ce le glas qui retentit à la fin ?). "Cluster of lives" et "Passing the moon" nous ramènent en territoire plus connu, éthéré, on est proche de certains titres d'OolfloO avec la prédominance de samples et peu de grands mouvements. Le mariage des deux univers se fait sur "Olympus mons" où le tempo se marque et apporte un peu de tension. Il annonce le premier tournant, certainement la fin du premier acte, ce qui est sûr c'est qu'il se passe quelque chose lors de "Blue shift - red shift". Un autre climat s'installe tranquillement avec "Beyond" où seul un cor vient habiller les nappes de synthé. Avec le titre qui donne son nom au projet, "The new horizons" donc, on progresse par vagues, la dernière déferlante se meure sur "Kronos" qui semble être le climax tant le "Scintillation" qui suit est posé. Le générique de fin arrive sur "A step to the infinite" qui clôt l'album mais pourrait aussi l'entamer puisqu'il porte en lui davantage d'espoir et d'élan. Si pour certains films, le score semble passe-partout ou anecdotique, l'absence d'images met ici en relief le travail colossal du compositeur qui n'a pas toujours l'occasion de mettre en musique des films qui explosent le box-office (surtout en ce moment). Pourtant, on connaît tous un paquet de ces spécialistes ô combien respectés par tous, quelques soient leur style, leur époque ou leurs inspirations (John Williams, Vangelis, Philippe Sarde, Danny Elfman, Howard Shore, Vladimir Cosma, Clint Mansell, Michel Legrand, Hans Zimmer, Ennio Morricone...).

Publié dans le Mag #45

OolfloO / Chronique EP > In.Spiro

Oolfloo - In.Spiro Avoir travaillé pour la musique des adaptations télévisées des romans de Grangé (Le passager, Les rivières pourpres) a remis OolfloO sur les rails. Apporter du chant sur une bande son de film n'est pas courant mais pour "Get started" ça coulait de source et Olivier Florio a poursuivi dans la même veine pour sortir un EP inspiré. Qu'on le lise dans ce sens sans le point, au premier degré "dans un souffle" ou moins littéralement "en boucles", on peut jouer avec la signification de In.Spiro et se laisser aller à divaguer comme le fait son géniteur sur des pistes assez posées où ses mots comme ses bidouillages ne tombent pas aussi au hasard que l'on pourrait le penser. Toujours dans un style proche de celui de Trent Reznor, OolfloO me rappelle aussi de bons souvenirs quand la rythmique se fait plus organique, colorant l'ensemble dans des teintes proches du Title of record de Filter ("Get started" et "Numbers"). Les deux autres plages sont plus aventureuses mais pas dénuées d'intérêt (le chant féminin qui vient éclairer "Digital world") même si je les verrais mieux s'intégrer dans un LP plutôt que sur ce format, forcément trop court.

Publié dans le Mag #38

OolfloO / Chronique LP > Mu

OolfloO - mu Très occupé avec l'écriture de musiques de film, Olivier Florio n'a réactivé son projet pop-indus OolfloO que début 2012 (après la sortie du long-métrage Une nuit) et comme l'homme n'est pas spécialement pressé, il nous livre ce nouvel album après une gestation éléphantesque. Mu, soit neuf pistes d'indus "cool", un peu comme si Trent Reznor (NIN) avait débranché ses guitares ou si Nic-U quitté le côté obscur de la force. Le chant n'est présent que sur quelques pistes mais quand il place de jolies mélodies ("A new kind of love", "Mu"), il emplit l'espace et berce l'auditeur avec délicatesse y compris quand on sent poindre une pointe d'agressivité ou un sentiment d'angoisse. Parce qu'OolfloO est bon de nature, le piano cajoleur prend le pas sur les samples inquiétants, la rythmique fait penser au trip hop ("Croisement"), la musique nous caresse toujours dans le sens du poil, l'ambiance est à la décontraction, seules quelques notes plus graves et sombres ("B-side") évitent une totale relaxation. Avec ce Mu d'excellente facture, Olivier Florio démontre une nouvelle fois tout son talent de compositeur et sa capacité à charmer ceux qui l'écoutent.

OolfloO / Chronique LP > Les sons effacés

oolfloo : les sons effaces Une enveloppe sonore. Un champ électro-magnétique. Un souffle. Une identité en perpétuel mouvement. Une créativité impressionnante. En quelques mots, voilà ce que m'inspire l'univers d'OolfloO. Des sons effacés, mais dont la charge émotionnelle laisserait des traces, pour un instant d'éternité.
OolfloO, c'est une enveloppe sonore multi-dimensionnelle. Un champ électro-magnétique versatile. Un souffle, léger comme une plume, ou au contraire, écrasant, tant les pulsations qui le portent martèlent les pensées et s'impriment sur nos cortex. Une identité protéiforme, lunatique, s'inscrivant naturellement dans un processus de dématérialisation/rematérialisation complexe. Une fragmentation de soi, de ses pensées, de ses affects et de sa noirceur la plus abjecte pour en extraire de l'or et tendre de manière asymptotique vers une certaine forme de sérénité, même éphémère. Le but étant d'être en adéquation avec ce que l'on ressent, en mettant des mots, des sons, et des images sur le chaos qui nous habite ("En construction"). Aller au plus profond de soi, creuser toujours plus loin, aller à la limite du perceptible. Tenter de donner du sens à cette poussière élémentaire. Avant de tout effacer et de recommencer, encore et encore. Mais les cellules se souviennent et peuvent à tout moment réactiver le programme adéquat. Il suffit parfois juste d'une étincelle, s'allumant dans une fraction de son iris, pour renaître de ses cendres et faire voler en éclats ce qu'on avait construit jusque là ("Nova stella").
Une voix à fleur de peau, souvent murmurée, qui se tend sur le fil tremblant des émotions. Des échos omniprésents, faisant des ricochets entre les mots, les sons, les pulsations, les respirations et les souffles tantôt courts, tantôt langoureux, caressant les âmes de façon subliminale ("Twenty-Nine"). Une organicité palpable. Un univers qui prend corps et se mue, véritable caméléon stroboscopique, entre dissonances et harmonies parfaites. Une coloration affective subtile, oscillant entre sensualité et suggestivité. Un parfum délicieux, empruntant certaines effluves au pays du Soleil Levant ("Je m'étais dit que"). Une touche de féminité, délicate et esthétique. Une tension sexuelle qui s'insinue en toute innocence, entre les lignes de fuite. Mais surtout. Une atmosphère envoûtante, électrisant les pensées et les sens, l'air de rien, jusqu'à ce qu'un éclair aveuglant surgisse et perturbe l'équilibre qui s'était installé peu à peu ("Sur un coin de parking"). Orage magnétique dans l'air. Rupture anévrysmale d'un sentiment qui appartient déjà au passé. Hémorragie sonore cataclysmique, balayant les repères de l'espace-temps et inondant les moindres interstices moléculaires.
L'univers d'OolfloO est tout simplement kaléidoscopique. Et tenter de le décrire nous amène à la limite du champ de la compréhension. On pourrait l'appréhender sous forme d'une bulle légère, dont les parois se disloqueraient sous la simple pression des doigts pour se reformer par la suite, différemment, en réagençant à l'infini ses éléments constitutifs. Ou d'une orbitale, défiant les lois de la physique quantique et dont l'équation n'aurait pas de solution logique. En apparence.
"Je m'étais dit que" : toute l'essence d'OolfloO est contenue dans ce titre, qui fait l'ouverture de l'album : une atmosphère envoûtante, une voix murmurée ou simplement fredonnée, dans laquelle le souffle a autant d'importance que les mots, une base électro qui donne le tempo, une touche féminine, et surtout, des paroles en japonais ajoutant une coloration sensuelle très agréable.
"Twenty-Nine", construit autour de 3 embryons de phrase, est beaucoup plus profond qu'il n'y parait. On sent une véritable gradation dans les arrangements, comme un passage de l'obscurité à la lumière, avec une renaissance à la clef. On entend des échos faire des ricochets entre les lignes de chant écrites en français et en anglais, et cette construction en apparence chaotique est tout simplement sublime.
"4h55" : Un titre qui risque de faire des ravages sur les dance floors, mais si l'on s'intéresse de près aux paroles ("Last night i slept during the DJ set"), on se rend compte que ce titre est une petite bombe, conçue très intelligemment en réponse au fameux "Last night a DJ saved my life". Un véritable pied de nez à tous ces DJ de France et de Navarre qui nous ont servi une soupe soporifique pendant une vingtaine d'années et qui feraient mieux de revoir leurs partitions. Diffuser du OolfloO en boucle sur les dance floors serait tout simplement jouissif dans ce contexte .
Chez OolfloO, le processus de création s'inscrit dans une démarche profondément introspective. La recherche dissectionnelle des sons, des atmosphères, des textures et des représentations mentales qui en découle nous fait toucher du bout des doigts son essence, à la limite du nuage électro-magnétique. A découvrir absolument, sans l'ombre d'un doute. OolfloO pourrait bien être l'OVNI de la scène électro parisienne que vous n'attendiez pas .