Indus Indus > Oddateee

Biographie > O-double D-A-T-triple E

Ricardo Galindez alias Oddateee n'est pas à l'image de ces rappeurs américains pour qui l'argent, les grosses bagnoles, les femmes faciles ou le show-business sont des éléments primordiaux dans une carrière musicale. Ce natif du Bronx commence dans le hip-hop en fondant le collectif The Labteks suite à sa rencontre avec le producteur Kompix. Désirant poursuivre seul son aventure en délaissant petit à petit son collectif, il signe en 2004 un premier album intitulé Steely darkglasses et part en tournée avec Dälek à travers les Etats-Unis et l'Europe. Puis, diverses participations lui permettent d'élargir son cercle musical avec notamment Markus Kienzl de Sofa Surfers, le projet studio Deadverse Massive avec Dälek et Destructo Swarmbots, Anti-Pop Consortium, Isis ou DJ Spooky. Nourrit de ces expériences, Oddateee revient plus fort avec son deuxième album Halfway homeless sorti en ce début 2009 et signé sur le label de Dälek.

Oddateee / Chronique EP > Crime vs crime

WaMo X Oddateee - Crime vs crime Ce n'est pas dans nos habitudes de parler de rap ici, mais quand un projet nous charme, on fonce. Et cette fois, il y a un atout de taille : un artiste que l'on connaît bien puisqu'il s'agit du succulent flow d'Oddateee, qui est venu se frotter au duo marseillais WaMo. Le fruit de cette collaboration americano-française se nomme Crime vs crime, cinq titres finement ciselés par Remo (le beatmaker de WaMo) et dotés d'une production en béton armé au style old school assumé mais qui fait mouche. "Horizon" rappelle l'ambiance de l'Opéra Puccino d'Oxmo Puccino, quand "5 a.m" penche plutôt du côté de celle des premiers Nas, tandis que l'univers jazz-rock de "Crime against crime" est d'une réussite totale. Avec ces descriptions, vous aurez surement deviné que Remo aime particulièrement allier notes de piano et mélodies sur des rythmes variés. Côté chant, les deux MCs s'entendent comme larrons en foire et ne sont pas en reste : Wapi défouraille ses vers avec une force tranquille, tandis qu'Oddateee sait placer son phrasé, reconnaissable entre mille, et en totale adéquation avec le style à l'ancienne proposé par Remo. La magie opère tellement qu'on se croirait revenu presque trente ans en arrière, à l'époque de l'âge d'or du hip-hop français (et américain !). Putain, trente ans !

Publié dans le Mag #60

Oddateee / Chronique EP > Dumb Shit/SpiKKKS

Oddateee - Dumb Shit Évènement assez rare pour le souligner, cette chronique concerne deux titres et six minutes d'écoute ! C'est mon record à titre personnel en terme de disque court à chroniquer, et je n'ai jamais eu véritablement d'entrain pour parler d'un single de deux titres. Mais le problème, c'est qu'il s'agit ici d'Oddateee, figure incontournable du hip-hop underground new-yorkais, installé depuis presque 10 ans à Lyon, et ayant collaboré par le passé avec de sacrés phénomènes tels que Dälek, Isis, Anti-Pop Consortium, High Tone, Sofa Surfers, DJ Spooky ou encore Le Peuple de l'Herbe. Son dernier méfait n'est pas en solo mais avec deux camarades de jeu inconnus de nos services que sont Junior Robinson et Mickalo'. Et le moins que l'on puisse dire que ces trois là forment une vraie alchimie. Les instrus sont à l'image de ce qu'on connait d'Oddateee, c'est-à-dire sombres et très orientées nineties, la décennie d'or du hip-hop. Un mid-tempo pesant et lancinant pour "Dumb shit" avec un partage de micro à mi-temps pour une ambiance plus percutante sur la deuxième partie, tandis que "SpiKKKs" joue davantage sur la profondeur avec un piano mélancolique et rythmique encore plus marquée, moins groovy et plus minimaliste. Deux ambiances différentes donc, avec l'idée de donner un avant-goût de ce que pourrait donner une éventuelle future collaboration de ces trois lascars sur un LP. Si cela se réalise, on a hâte que ça sorte.

Publié dans le Mag #48

Oddateee / Chronique LP > 1973

Oddateee_1973 Depuis 2009 et la belle découverte hip-hop que fut Halfway homeless, son deuxième album, Oddateee a eu le temps de parfaire ses fréquentations haut de gamme, d'une part par le biais de la longue tournée qui a suivie (en compagnie de noms ronflants tels que Rahzel et KRS-One), et d'autre part, dans divers projets collaboratifs (notons, entre autres, Ben Sharpa, Liars et nos frenchies de High Tone et Marvin). Un homme de bon goût, dira-t-on, et ouvert de surcroît, qui n'hésite pas à traverser l'Atlantique pour le partage des cultures tant est si bien que le natif du Bronx a fait appel à du beau monde pour son troisième album intitulé 1973 : une production participative qui, outre ses acolytes de Dälek, a été confiée au lyonnais Carbon Copies de Picore, au zurichois Bit Tuner et à DJ JS1, le fameux partenaire de Rahzel et membre avec lui du célèbre collectif breakdance Rock Steady Crew. Quant au rayon des invités vocaux, le MC bluffe son monde et se paye la présence (hurlante) d'Aaron Turner (ex-Isis, Old Man Gloom, Greymachine) sur "Left dolo in the hood" et d'MC Skalla sur "Rock and rap". De quoi rendre le truc alléchant...

Si Oddateee amorce son album de façon plutôt détendue, même si on ressent tout de même cette loquacité animée de roublardise qui le caractérise tant, la suite monte petit à petit en puissance. La rythmique se fait alors plus lourde et acérée, notamment sur un "Rock and rap" tonitruant ("Be careful now" est pas mal aussi dans son genre). Mais le new-yorkais nous rappelle assez vite que la linéarité n'est pas trop son cheval de bataille, entretenant continuellement cette tendance à la singularité où des titres assez empiriques tels que "The cities are waiting", "You straight carbon" ou bien "3rd X around" peuvent surprendre de prime abord, un peu comme Busdriver ou Anti-Pop Consortium en leur temps. Et de rappeler en même temps qu'écouter Oddateee n'est pas quelque chose à prendre à la légère, ça se digère avant tout. Son style, pas vraiment éloigné du précédent album, est en adéquation avec la personnalité du MC, farouchement indépendant et enclin aux atmosphères sombres qui lorgnent vers l'indus fouillé. N'est pas pote de Dälek qui veut !

1973 n'est pas seulement l'œuvre d'un rappeur mais d'une association de talents aux créations diverses, ce qui la rend à l'évidence inégale mais variant tout de même les plaisirs. N'étant pas le genre d'album facile d'accès de par ses exigences, il n'est pour autant pas surprenant si (et seulement si) on connaît un peu le bonhomme et le catalogue hip-hop de Jarring Effects (Brain Damage, La Phaze, Hint, Scorn, L'Oeuf raide, Picore, Fumuj, Revo, Ez3kiel...), label qui depuis longtemps prône les fusions d'artistes et les musiques hybrides pour notre plus grand plaisir.

Oddateee / Chronique LP > Halfway homeless

Oddateee - Halfway Homeless It's the O (the O), the double D, the A to the T to the triple E.... A peine le temps d'appuyer sur play que le blaze est déjà lâché. Oddateee, rappeur de New-York d'origine portoricaine fait honneur à ces rappeurs qui agissent dans l'underground depuis des années et qui ont toujours su garder leur intégrité. Livreur de boissons la semaine, musicien-producteur le week-end, sans parler de sa petite famille : voilà un peu le programme de cet artiste repéré, signé et produit par Dälek et devenu son ami par la suite. Alors, on se dit que si Oddateee a plu et est recommandé par le roi du noise hip-hop et qu'en plus, tout ceci sort de chez Jarring Effects, rien ne semble faire obstacle à une écoute appliquée de Halfway homeless. Et quelle écoute ! Ricardo Galindez (son nom dans la vie) n'a vraiment pas des goûts de chiottes. Puisant à la fois dans des sons old school ("The Influence"), dans l'électro hip-hop ("Ricans"), dans une sorte de shoegaze ("Not even one"), dans les beats saccadés ("Pagan baby") ou même dans le trip-hop ("My ex"), Oddateee propose une palette sonore assez hallucinante ou comment ne pas ennuyer l'auditeur en 13 titres d'une heure au total. Ce qui ressort à l'écoute d'Halfway homeless, c'est cette incroyable capacité d'allier des instrumentaux sombres, planants, oppressants parfois effrayants (avec l'utilisation de nappes de claviers et parfois du lo-fi) avec un univers plus direct, samplés parfois de violons et de notes de piano et crédités de rythmes percutants au possible, faisant ressortir des paroles au désarroi grandissant. Il a dû se passer énormément de choses dans l'esprit de ce garçon, marqué par son éducation faite dans la rue et dont la vie est une éternelle remise en question (d'où la signification du titre de l'album), pour s'exprimer artistiquement de la sorte. Quoi qu'il en soit, cet opus est attachant et peut devenir très vite addictif et ce n'est pas le flow de l'américain, là encore changeant en fonction des titres, qui refoulera l'audience. Oddateee mérite bien, sans conteste, le titre de meilleur album hip-hop du moment.