No One Is Innocent - Barricades live 13 mai, 6 mois après le 13 novembre, No One Is Innocent offre un double CD et DVD intitulé Barricades live histoire de montrer qu'ils montent toujours au front, qu'ils tiendront coûte que coûte sur cette putain de barricade qu'il faut ériger contre la haine, l'intolérance et la connerie humaine, une barricade synonyme d'amour, de joie, de partage, un ultime rempart face à la terreur qui renverse le sang chez nous comme partout dans le monde. Un DVD enregistré à Paris, à La Cigale, celle qui chante tout l'été, le 30 novembre, à peine deux semaines après l'inimaginable, à un moment où nombreux étaient encore muets face à l'horreur. Mais comme l'annonce Shanka dés le début du concert, sa guitare est plus forte que toutes les armes, c'est devenu un symbole de liberté et plutôt que le silence, Paris va faire du bruit.

"Drones", "Silencio", "Barricades", "Kids are on the run", les quatre premiers titres sont issus de Propaganda, le meilleur révélateur d'un album, c'est le live, avec ce début de show brûlant, No One Is Innocent confirme ce qu'on pensait de ce nouvel opus, ils sont bel et bien de retour pour mettre le feu... Rouge, orange, blanche, les lumières sont dans cet esprit de braise et quand claque le bleu pour jouer aux ombres chinoises, l'effet est assez réussi. Sur "Kids are on the run", le premier invité de la soirée arrive avec sa guitare, c'est Nikko (Dolly, Manu mais aussi Eiffel) qui répond à Shanka à coup de notes bien envoyées. A peine le temps d'applaudir que le sample de "Nomenklatura" remplit l'atmosphère, des samples assez peu présents dans l'ensemble (tant pis pour les fans, comme moi, d'Utopia) mais qui font toujours leur petit effet, le public trépignant en témoigne... Fred est venu lui aussi, l'ex-Hertz and Silence (mais aussi Treponem Pal, Demians, Ina-Ich...) est un peu à la maison étant donné qu'il a plusieurs fois "dépanné" les No One, ses gros riffs, il les connaît donc par cœur... Les caméras sont partout, l'image est ultra léchée, le son est propre et puissant, le montage est dynamique sans pour autant donner le mal de mer, côté technique, c'est du très haut niveau mais c'est devenu la norme donc on ne s'en étonnera pas... Pas plus que l'excellent amalgame des titres les plus récents ("Putain si ça revient", "Holy fire", "Massoud", "20 ans", "Djihad propaganda") avec d'autres plus ou moins anciens ("Revolution.com", "Johnny Rotten" auquel Shanka enchaîne un solo, "Gazoline", "Chile"...). Un concert de No One Is Innocent répond invariablement à quelques exigences comme celles de faire monter un peu de public (sur "Drugs") ou de jouer "La peau", ici pas question de clore le spectacle avec leur tube alors ils l'envoient dans le rappel après un très beau "Djihad propaganda" et les remerciements au crew. Le public est aux anges, nous aussi, et l'état de grâce se poursuit (avec "Gasoline" où la batterie est assurée par Yann et mon "Chile" adoré) jusqu'à une redescente brutale sur Terre et la réalité, celle des attentats et du soutien qu'il faut apporter à Charlie et aux victimes. Ce sont des survivants, des combattants de la liberté, des hommes et des femmes courageux qui prennent alors le micro pour un autre texte émouvant avant que la sueur et les riffs viennent encore inonder la salle parisienne qui peut également applaudir Niko, chanteur des Tagada Jones, et Fred (ex-Watcha, Mass Hysteria mais aussi leur producteur). Face à eux, faut faire front. Charlie parle-moi encore. Restons unis sur la barricade.

En bonus, tu as donc les deux CDs du live, les clips de "Silencio" (celui capté en studio) et "Charlie" (magnifique animation qui compile les meilleures caricatures qui défendent la liberté d'expression) et l'incontournable documentaire. "Dans la peau de Propaganda" revient sur la conception du dernier album en 25 minutes avec les principaux intéressés et des images captées un peu partout. De l'intégration de Popy au fignolage du DVD, on découvre l'écriture des textes avec Manu, l'élaboration et la progression dans les démos, le studio (et sa dose de travail !), le Stade de France avec AC/DC, la soirée du 13 novembre, le concert de La Cigale... Tu l'as compris, ce Barricades live est indispensable.