no one is innocent : live no one is innocent : live On va commencer par ce qui passe en ce moment à la télévision à savoir le clip de "Revolution.com", c'est un clip trés orienté "nouvelle technologie" alors que le titre attaque ceux qui s'activent chez eux sans activer grand chose, c'est pas un peu paradoxal ?
Non, je ne pense pas que ce soit contradictoire, "Revolution.com" ce n'est pas une attaque contre le net, c'est juste une petite catégorie de personnes, c'est plus un petit doigt qui montre ceux qui ont la sensation de faire la révolution en signant des pétitions sur le net, c'est ça qui me fait rire plutôt qu'autre chose. Je ne pense pas qu'il y ait d'attaque profonde... Sauf qu'aujourd'hui internet c'est devenu le réseau privilégié des terroristes, pour montrer des décapitations ou des machins comme ça, les terroristes n'utilisent plus Al Jazeera pour diffuser leurs images, c'est direct sur le net. On peut se poser des questions, y'a du pour et du contre, mais en tout cas ce n'est pas une attaque contre le net, c'est plus ironique qu'autre chose...
Qui en est l'auteur ?
C'est un collectif de gars qui s'appelle No brain, ils bossent sur Paris et ils sont bourrés de talent.
Pourquoi ce besoin d'apparaître dans le clip ?
Parce qu'on voulait intégrer le groupe dedans, l'idée c'est que derrière ces murs d'une ville toute grise genre La Défense, derrière ça grouille, là on est dans une pièce, il ne se passe rien, peut-être que si tu grattes les murs, il se passe des choses...

Il y a une grosse campagne médiatique autour de ce nouvel album...
Enorme campagne médiatique ! On n'a jamais vu ça ! (rires)
Où est la limite de la saturation ?
Ca va, faut pas non plus exagérer ! On n'est une sortie de Johnny Hallyday.
C'est quand même plus que pour un bon groupe de rock français
Non, ce n'est pas vrai, je ne crois pas, mais ce n'est pas trés objectif ce que tu dis (rires). C'est juste la première fois qu'on passe autant à la radio en 10 ans, c'est plutôt cool !
Donc la saturation n'est pas atteinte même s'il y a beaucoup de demandes ?
J'espère parce que l'album est sorti y'a un mois, si on est déjà à saturation, c'est un peu grave ! C'est plutôt agréable que les gens te demandent, qu'un titre passe en radio, d'avoir un bon clip... Moi, je ne sais pas comment tu vois le truc, mais si t'as la sensation qu'on est partout... Faut pas exagérer, on n'est pas sur tous les plateaux télés, pas sur toutes les radios, pas sur tous les spots de concerts en même temps, on ne passe pas notre temps dans les avions... Ca va... Je ne dis pas que c'est anodin mais pour un groupe un peu hors norme comme nous qui fait pas mal de boucan sur scène et sur disque, je trouve ça plutôt cool, c'est plutôt agréable.

On va passer à l'album...
C'était pas mal, c'était une bonne question...
"Où étions-nous ?" est un titre trés politique, on était habitué aux discours universels, à la défense de la démocratie à travers le monde et au combat contre les fachos de tout bord mais là c'est un texte qui nous touche directement...
C'est surtout parce que c'est un choc générationnel ce qui s'est passé, on avait l'impression de ne jamais pouvoir voir un gros facho au deuxième tour d'une élection présidentielle et poum ça nous tombe dessus. L'idée c'est de dire on était où à ce moment-là ? Est-ce qu'on est sorti de chez nous pour aller voter ? Est-ce qu'on a mis le bon bulletin dans l'urne ? Ca a fait rire l'ancienne génération : vous avez eu besoin d'un choc comme ça pour prendre conscience que demain il faut sortir de chez soi pour aller voter !
C'est aussi une forme de mea culpa ?
Bien sûr ! Moi-même je me mets dedans, je sais que je n'ai pas voté pour le bon au premier tour, c'est clair et net. Au départ ça a été une espèce de thérapie, tu te regardes dans un miroir et tu te dis "on a fait les cons"... Tu peux un peu faire le parallèle avec les élections américaines, y'a un paquet de jeunes de notre génération et de celle d'avant qui doivent se dire "il serait temps qu'on réagisse et qu'on aille voter", c'est dans ces moments-là que tu te dis que voter peut servir à quelque chose même si on a de moins en moins de conviction sur les mecs en politique, mais ça fait 20 ans qu'on le sait...

Silmarils a également écrit un titre sur ce sujet, je trouve vos deux 'carrières' assez similaires, un premier album très fusion qui a fait un carton, un deuxième album plus industriel, un passage à vide et un nouvel album qui revient au rock avec de bons textes...
Ouais, bof... J'ai pas la sensation qu'au niveau de l'image ce soit pareil
Je parle juste de l'évolution musicale...
Non, je ne sais pas... Ils savent mieux produire des albums que nous, ils auront toujours un meilleur son que nous, mais la différence est dans l'âme des titres...

On reparle de vos titres, "BO", c'est une juxtaposition de références, d'où est venue l'idée ?
Fan de cinéma...
Ca, on le savait déjà, les références étaient aussi dans les autres albums, là elles sont en bloc
L'idée c'était de raconter une sorte de thriller en utilisant des titres de film, c'est juste ça...
Un petit défi...
Ouais, un petit défi au niveau de l'écriture et puis musicalement il fallait essayer de retranscrire l'énergie du texte. Je suis un gros fan des réalisateurs des années 70'...
Récemment, quels films t'ont touché ?
Je suis allé voir Comme une image du tandem Bacri/Jaoui, je l'ai trouvé hyper bien, Bacri c'est mon idole absolue, je trouve que c'est un mec hallucinant, il n'a pas changé de personnage depuis 10 ans et il est toujours aussi carton ! J'ai envie d'aller voir Carnet de voyage et le film sur Salvador Allende, j'espère avoir du temps pour voir des films...

Que penses-tu de la reprise de "Personal Jesus" par Marilyn Manson ?
C'est un mec hyper impressionnant, il a une voix tellement perso, tellement prennante... Je ne trouve pas que sa version soit très originale, c'est mon avis...
Tout à fait d'accord ! Alors que la vôtre, on est plus surpris
On a essayé de changer les tempos, les arrangements, on a essayé d'aller ailleurs, si on avait eu la démarche de faire la même version que lui, on ne l'aurait pas fait.
Pourquoi ce titre-là ?
C'est toujours pareil avec les covers, c'est un flash... Je me suis réconcilié avec Depeche Mode depuis 2 albums, dans les années 80 je n'étais pas trop fan... Là, Ultra et Exciter je trouve ça excellent.
Pourtant "Personal Jesus" est plus ancien
Oui, c'est sur Violator... On était chez notre graphiste en train de faire la pochette et y'a Violator qui traînait, on l'a mis et on flashé totale sur ce morceau, y'a aussi la version de Johnny Cash qui est sublimissime.

no one is innocent : live no one is innocent : live Beaucoup de critique citent Noir Désir dans leurs chroniques de l'album, tu prends ça comment ?
C'est pas la pire des références ! Y'a un truc assez hallucinant depuis quelques temps, c'est que dés que tu fais du rock et que tu as des textes pas trop cons, on dit que tu fais du Noir Désir, c'est hallucinant ! Tu peux retrouver des réminiscences par moment, et c'est pas valable que pour nous, c'est aussi valable pour d'autres groupes, les gens qui sont sensés critiquer ou au moins parler des albums doivent faire la part des choses... Bien sûr si tu prends Saez, c'est évident (rires). C'est la sensation que j'ai : dés que t'as des textes français pas trop cons, tu fais du Noir Désir... c'est un peu facile.

Jouer quelques titres sur des grosses scènes et dans des salles plus humaines avant la sortie de l'album, c'était important pour la cohésion de groupe ?
Exactement, c'était pour sentir si on était fait pour jouer ensemble, moi je l'ai senti dés le départ, dés le premier concert. Les autre je ne sais pas... C'est important ces moments-là, tout le monde se cherche avant de jouer, tout le monde se trouve pendant que ça joue

Aux Eurocks, tu as été plutôt sage par rapport à la prestation de 97... c'est l'âge ?
Tu trouves ? Tu veux qu'on regarde les vidéos ? Les gars, sortez les ordis, y'a quelqu'un qui veut voir des images !
François : Moi j'y étais en 97 aussi et j'ai vu les vidéos des deux concerts, et si forcément je ne suis pas objectif, quand même, en 97 les mecs tiraient un peu la tronche. Je mets tous les guillemets et les parenthèses que tu veux mais voilà... Y'a peut-être que là c'était moins métal et qu'en 97, ils avaient joué plus tard, y'avait plus de light...
Et il pleuvait... j'avais trouvé plus de rage en 97
Moi j'ai trouvé ça plus explosif cette année, objectivement, je me suis 100 fois plus éclaté qu'en 97...

Parlons un peu de l'artwork, il est superbe, encore une fois, tu peux nous parler de la personne qui l'a réalisé ?
C'est mon pote Laurent Seroussi, un vieux pote de lycée, on était ensemble en seconde, en première et tout ça sur Paris. On a grandi ensemble chacun de notre côté dans notre domaine, au début de No One, lui sortait des arts déco, il avait envie de faire des pochettes etc. Il avait commencé par faire un truc pour Dee Nasty, je lui ai demandé de faire un truc pour notre pochette et c'est comme ça que ça a démarré. C'est lui qui a été le créateur de toute l'image, les logos, les photos... Pourquoi changer une équipe qui gagne ?
Comme sur Utopia, le message est à décoder, d'où viennent ces idées ?
C'est la première fois qu'on a une pochette qui colle à l'actu. Utopia ça collait plus au titre de l'album, la première pochette était trés sombre, on voulait faire péter les couleurs, on avait cette idée dans la tête, mettre un hindou avec autant de couleurs, c'était un moyen pour nous de parler d'utopie, avoir un symbôle utopique à travers ce mec-là. Pour Revolution.com, au départ Laurent avait envie d'avoir des soldats dans un univers blanc, ce qui est un peu inhabituel. C'était une bonne idée mais on n'était pas au bout de l'idée, ensuite on s'est fait rattraper par ce qui se passait en Irak et là, tout est dit...
Le choix du vert n'est pas innocent
Exactement ! Et tout est dit dans l'image.

Jusque là tout s'était bien passé, on va passer aux questions qui fâchent...
Ouais, on va s'amuser un peu ! (rires) Et si jamais ça fâche trop, j'ai des copains (François et Julien encadrent Kemar tels des gardes du corps...)
Pourquoi ne pas avoir continuer sous le nom de Kemar ?
Parce que ce n'était pas cohérent, quand j'ai fait mon album solo, ça n'avait rien à voir avec No One, autant dans les textes que dans la zik, il n'y avait rien à voir, c'était un échappatoire. Ca ne ressemblait à ce qu'on est en train de dire dans Revolution.com.
C'est une idée personnelle ou une idée de maison de disques ?
Une idée de maison de disques ? Mais ça fait 20 ans qu'ils ont pu d'idée les maisons de disques ! (rires)
Vu de l'extérieur, ça ressemble un peu à ça, pour moi, No One c'était fini...
Alors ça veut dire que Indochine, les Bérus tout ça c'est des idées de maisons de disques ?
Pas "tout ça" mais il faut quand même de l'argent pour racheter le nom
François : Tu ne peux pas racheter le nom, tu monnayes le droit de l'exploiter et là, les gars sont d'accord.
Il fallait quand même une maison de disques derrière pour se permettre ça...
Ouais, mais moi j'ai toujours été sur une major, je n'ai jamais été chez les indépendants ! Pour moi c'est tellement simple et pas compliqué... Moi j'avais envie de faire un nouvel album de No One sans les anciens parce que je n'ai plus envie de jouer avec eux, on avait le nom à trois, ils étaient d'accord pour prendre de la monnaie, voilà.
F : Ce n'est qu'un nom, si y'en a un qui veut continuer l'aventure et les autres pas, qu'il continue
K : Si y'en a un qui avait refusé, moi je l'avais dans l'os et c'est tout. J'aurais certainement monté autre chose...
F : Mieux vaut qu'il y ait des No One qui continuent que des XXX qui commencent,
Une voix dans le fond des loges s'élève : On a dit qu'on ne parlait pas de Kinito !

Le fait que No One ce soit "toi et tes musiciens" ne te dérange pas ?
On a eu une discussion l'autre jour, dans ma tête, ce n'est pas ça, c'est juste que depuis un mois c'est moi qui parle, je suis en interview, on voit ma gueule... Mais l'album c'est pas que moi. Ce qui m'importe c'est que tout le monde s'accapare No One. François peut t'en parler
F : A l'époque de "La peau", j'étais à l'école maternelle et j'exagère à peine !
K protestant : Je vous laisse, je retourne à l'hospice ! (rires)
F : A l'époque de "La peau", j'étais pas zicos ou je commençais à peine la gratte... Comment tu peux dire No One c'est mon groupe face à des mecs de 35 ans qui gueulent "Genocide" ? Faut pas se leurrer, il faut un temps d'adaptation, là, ça fait 6 mois qu'on fait des concerts ensemble, quand on est dans le camion on est un groupe ! On repart de zéro, le passé tu ne peux pas en faire abstraction mais tu le mets à part, tu prends le temps... Y'a plein de mecs qui sont fans à un point inimaginable, c'est un groupe qui a eu un putain d'impact, faut le temps d'avoir les épaules pour porter le truc. Tu te poses pas de questions, faut que tu joues et que tu te laisses imprégner par le truc...
K : Il y a aussi l'interprétation des vieux titres qui vous est très personnel, un gratteux va pas avoir la même façon de jouer le riff qui tue, les morceaux ont évolué, sur certains tout a changé...
François, comment es-tu arrivé dans No One ?
F : Avant je jouais dans Lycosia et c'est les relations, les connections dans le milieu de la musique. Notre batteur travaillait, il a démissionné depuis, au Printemps de Bourges, il connaissait Antoine Point un Directeur Artistique qui bossait avant au Printemps de Bourges et Antoine lui a dit No One est en galère, ils ne trouvent pas de gratteux, tu ne connais pas quelqu'un ? Et donc le batteur de Lycosia m'a branché sur le truc. On s'est rencontré avec K-Mille et Kemar et voilà, on a commencé à enregistrer deux-trois trucs et c'était parti, y'a pas eu de jury, de délibération ou je ne sais quoi...
K : T'oublies de dire qu'on était dans un chateau quand même ! (rires)
no one is innocent : live no one is innocent : live Et ça ne t'a pas trop tourmenté de quitter Lycosia alors que ça commençait à prendre une sacrée tournure ?
F : L'album était bien mais la manière d'appréhender la musique n'était pas la même, en studio on s'est super bien entendu mais sur scène on n'avait pas la même vision des choses. On a commencé à faire des concerts et on a divergé, j'ai pris mon chemin, ils ont pris le leur, ils ont trouvé un remplaçant et ils continuent de tourner, ça s'est fait dans la douceur. Je ne renie absolument pas ce que j'ai fait avec eux, on a fait un super album ensemble, on ne s'est pas tapé sur la gueule, on a pas poussé le truc à l'extrême, on a eu la maturité de se rendre compte qu'on ne pouvait pas continuer ensemble...
Et c'est plus confortable de jouer dans No One...
F : C'est pas une question de confort, moi je m'en fous. J'ai appris tellement de trucs sur ce qu'est la scène, ce qu'est une tournée, jouer avec des purs zicos, c'est classe.
K : Le point commun de nous tous, c'est d'avoir eu des expériences antérieures qui humainement ne se passaient pas bien, K-Mille c'est pareil, Jul c'est pareil... C'est une sorte d'association de mecs qui s'entendent avec personne ! (rires) C'est le coeur du truc, avant de faire un accord, c'est 5 mecs qui rigolent des mêmes choses. Si à un moment donné, j'ai dit aux autres No One : "j'arrête", c'est qu'humainement je ne rigolais plus avec eux, pour moi, c'est la base, faut qu'on se marre...
Tu as écouté ce qu'ils ont fait avec Spor ?
Ouais (pas convaincu du tout)... Je trouve que c'est à l'image de la personnalité des mecs.
F : J'ai un souvenir super vague, un pote m'avait passé l'album y'a 3 ans, sur le coup j'avais trouvé ça super bien mais là, je ne sais plus quelle gueule ça a musicalement, ça avait un côté sombre genre Alice in Chains, un peu grunge acoustique mais voilà, je ne m'en rappelle pas plus que ça...

Quelque chose à dire aux internautes ?
Eteignez vos ordinateurs ! (rires) Ne communiquez plus avec ça
F : Arrêtez de nous faire chier sur le forum, de nous traiter de zicos de variété...
K : Eventuellement, vous pouvez dire qu'on fait de la bonne disco, ça ça me ferait plaisir...
La même voix que tout à l'heure... (une voix de manager !) Moi je vends une mercedes 500.... (rires)
K : Et dis à Géraldine qu'elle n'oublie pas les clés du camion !
Le manager : Faut dire à Caro qu'elle fasse un double avec Bouba !
Merci beaucoup.