no one is innocent : revolution.com "NoOne se reforme..." On a d'abord cru à une mauvaise blague mais c'était bel et bien vrai... enfin presque car de No One Is Innocent ne reste que le frontman, Kemar batifolait pourtant seul (sous nom médicamenteux ou son prénom) jusque là... Alors forcément, on peut penser que l'appât du gain qu'apporterait le nom qui a marqué la fusion des années 90 en France a du faire son effet chez les maisons de disques... Kemar rachète le nom à ses ex-amis, s'en trouve de nouveaux (K-Mille, Shanka, Julien et Greg) et laisse murir ses compositions au fur et à mesure des répètes et des séances studio. En septembre sort l'album Revolution.com, l'emballage est comme d'habitude très soigné (artwork, livret, site internet "privé"...) et communicatif. Me voilà au moment d'aborder le dur de la chronique, moi, partagé entre mon moi fan inconditionnel d'Utopia et mon moi suspicieux de toutes les MMM (Magouilles Musicales des Majors). Et la balance affective penche du côté : innocents ! Et oui, Kemar n'est pas coupable de nous offrir ce Revolution.com, certes, ce ne sera jamais plus No One Is Innocent mais l'album est de très bonne qualité et quelques éléments chers au groupe sont toujours là. Les ambiances, le soin porté aux tempos et aux samples, les textes engagés et la voix de Kemar chargée d'émotions et d'énergie. L'album ne nous électrisera pas comme Utopia, on relèvera quand même le terrible "Grabuge", le "Tout laisse croire qu'on laisse faire" (qui fait plus penser au son de l'éponyme [No One Is Innocent] croisé avec les idées d'un bon Noir Désir). La force de séduction de cet album, ce sont les paroles de Kemar, si les références culturelles étaient dispersées tels les clochards célestes de la Mexico Way, là elles nous éclatent à la tronche, subtilement mises en scène ("B.O." dans une version bien plus musclée que celle présente sur Prénom Betty), les images défilent sur mon plasma monumental. Les revendications politiques lointaines ("US Festival" mais aussi très proches de nous ("Où étions-nous ?") sont toujours de la partie et c'est avec bonheur qu'on joue avec les mots sur "Revolution.com". Invités de luxe (Tres Manos d'Urban Dance Squad, Boris d'Indochine et M qui jouent tous des parties guitares) et reprise de luxe : une "Personal Jesus" de Depeche Mode très inspirée alors que Marilyn Manson en sort une assez "prévisible". Kemar a réussi son coup, revenir sur le devant de la scène ... médiatique et se faire entendre du plus grand nombre avant de retourner brûler des planches et rallumer les vieilles flammes dans nos coeurs innocents.
En conclusion, je ne peux m'empêcher de relancer ma théorie sur les carrières parallèles de Silmarils et No One Is Innocent, pour les deux groupes, on aura eu un premier album coup de poing servi par un énorme tube, un deuxième très électronique, un passage à vide et un retour avec un CD fusion-rock qui foisonne de bons textes, et moi dans tout ça, je suis toujours accroché...