Le souci quand t'es fan d'un groupe, c'est que tu en veux toujours plus. Je suis fan de No One Is Innocent et j'en suis d'autant plus exigeant. Et j'ai beau écouter et réécouter ce Ennemis, je n'y retrouve pas la qualité du grand frère Frankenstein. Et si le combo a fait sa force et construit sa renommée sur les mêmes éléments (la rage, les gros riffs, les textes engagés...) depuis ses débuts, ici, j'ai l'impression qu'ils ont confondu "fond de commerce" et "fond de tiroir", bon nombre d'enchaînements, de sons et même de paroles ne sont que recyclés d'anciennes productions. L'économie circulaire a du bon à condition de ne pas tourner en rond, là, dès "Dobermann" on a un mélange d'idées à la Utopia ainsi que la présence d'un chien et quelques lignes qui ne sont pas sans faire écho à "Doggy dead" (Parce que la Résistance emmerde la haine nationale vs La jeunesse emmerde le front national). Ce premier titre aux références qui me semblent évidentes à provoquer un biais de confirmation, j'ai ensuite trouvé d'autres similitudes tout au long de l'album, notamment par les thèmes évoqués (l'anticapitalisme, la propagande, les dérives d'internet...), tous déjà traités par le passé. Bien entendu, No One Is Innocent a toujours puisé ses textes dans l'actualité et dans ce registre, qu'ils écrivent sur la répression contre les Gilets Jaunes ("Forces du désordre", un des meilleurs morceaux) ou s'insurgent contre les mesures en temps de pandémie ("Bulldozer", "Aux armes aux décibels"), c'est une évidence, qu'ils reviennent encore avec "We are big brother" ou "Humiliation" sur des sujets largement traités (Revolution.com, Gazoline...), ça me chagrine un peu. Ces deux titres ont des constructions assez "basiques", plutôt rock pour le premier, davantage punk pour le deuxième, mais pas vraiment "industriel" alors que là encore, c'est dans cet esprit que je préfère les No One.
Le fan est souvent dur avec son objet d'adoration, j'en suis à réclamer à un de mes groupes préférés de ne pas faire ce qu'ils ont toujours fait, soit je deviens fou, soit je vieillis, ce qui est certain c'est que je vais attendre le live pour parfaire mon idée sur ce nouvel album parce que certains morceaux prendront forcément une dimension bien plus impressionnante en live ("La caste", "Les hyènes de l'info", "Polit Blitzkrieg"), des compositions déjà assez percutantes mais pas forcément bien entourées. Je vais laisser le live et le temps faire son œuvre pour savoir où placer Ennemis dans mon "top" personnel mais pour l'heure, à part Drugstore, je ne vois quel opus ce petit nouveau pourrait surpasser.
Publié dans le Mag #49