No One Is Innocent - Frankenstein L'actualité avait remis No One Is Innocent sur de bons rails avec Propaganda, ce Frankenstein qui déboule deux ans plus tard profite clairement de la dynamique tant les deux albums se ressemblent, faisant tous deux de jolis ponts avec le passé du No One "historique" marchant sur les traces d'Henry serial killer (pour presque citer "Desperado"). Ce nouvel opus contient donc tout ce qu'on attend d'un bon album de la bande de Kemar.

A commencer par un putain de son qui donne toute sa puissance aux rythmiques, tout leur tranchant aux guitares et une force de percussion importante au chant. A la manœuvre derrière la console, on retrouve de nouveau Fred Duquesne (Mass Hysteria, The ARRS, Ultra Vomit, Eths) qui n'a plus à faire ses preuves et Ted Jensen qui s'est occupé du mastering (les bandes de Gojira, Alice in Chains, Deftones, Pantera... sont aussi passées par chez lui). Une prod qui sied autant aux titres les plus punchy ("A la gloire du marché", "Ali (king of the ring)","Teenage demo"...) qu'à ceux qui jouent davantage avec les mélodies ("Les revenants", "Madking", "Nous sommes la nuit"...). Autre constante, les textes engagés contre l'interventionnisme écervelé ("Frankenstein"), le capitalisme outrancier ("A la gloire du marché"), pour la liberté de penser autrement ("Nous sommes la nuit") et la facilité à traiter de personnalités particulières. A cette galerie de portraits qui compte déjà "Henry, serial killer", "Massoud" ou "Johnny Rotten" (très clairement puisque des titres portent leurs noms) mais aussi Pinochet, Neruda et d'autres (dans quelques passages), No One Is Innocent ajoute un superbe titre en hommage à Mohamed Ali. Sur "Ali (king of the ring)", certains pourraient découvrir que le boxeur n'était pas que le Greatest sur le ring mais un porte-parole du pacifisme et un ardent défenseur de l'égalité des droits. Côté politique, l'arrivée de Trump donne également quelques idées, notamment sur "What the fuck", en partie en anglais donc où les premières Trumperies tissent un texte bien ficelé où le slogan de campagne devient "Make America insane again". C'est également devenu une habitude, No One Is Innocent nous livre une reprise, après Bérurier Noir, Depeche Mode ou The Clash, c'est Black Sabbath qui a cette année les honneurs avec leur mythique "Paranoid", même si le morceau a bientôt 50 ans, il est indémodable et si la version qu'en donne Shanka est assez proche de l'original dans l'idée, les petits bidouillages et le traitement des guitares lui donnent un sacré coup de jeune.

A la fois varié dans ses thèmes, ses sonorités, ses rythmes et très équilibré, ce Frankenstein coche toutes les cases du cahier des charges du fan de No One Is Innocent que je suis, le groupe répond une fois de plus à certaines attentes, affrontant 2018 sans oublier d'où il vient et sachant tout à fait où il va. Même si la posture du mouton n'est certainement pas ce qu'ils nous enseignent, je les suis.