Si Nine Inch Nails ou NIИ est officiellement un groupe, c'est avant tout l'affaire d'un seul homme : Trent Reznor. Chaque album estampillé NIN est le fruit du travail de Reznor, seul maître à bord du vaisseau NIN, qui fait appel à des musiciens renommés tels que Charlie Clouser ou Danny Lohner (compositeur de la B.O du film Underworld) pour les sessions d'enregistrement studio et pour jouer en live.
En 1989 sort Pretty Hate Machine, premier album de NIN et véritable référence dans le milieu des musiques éléctroniques. Mélange d'indus, de rock, de pop synthétique et d'éléctro, ce premier opus de Nine Inch Nails est sans concession, violent et aride. Difficile d'accès, les titres fondateurs "Head like a hole" et "Down in hit" doperont les ventes et l'aideront à dépasser le million de copies écoulées. Un premier coup réussi pour NIN et son chef de file Trent Reznor. Malheureusement la suite va être plus délicate pour le frontman du groupe. En conflit ouvert avec sa maison de disque TVT (Sevendust), NIN ne sortira plus rien jusqu'en 1992. Avec Broken, un EP 6 titres composé dans le plus secret, Reznor ressort de l'ombre. Les morceaux présents sur ce mini-album sont encore plus durs que sur Pretty Hate Machine, Broken est alors le parfait reflet de l'état d'esprit de Reznor. Nouveau coup d'éclat, tant artistique que commercial, ce Broken montre que Reznor n'est pas encore mort, artistiquement parlant. Il sera suivi quelques mois plus tard de Fixed, projet jumeau, pour lequel Trent Reznor a remixé tous les morceaux de Broken. Libéré de ses contraintes contractuelles avec TVT, suite au rachat de la société par Interscope Records quelques mois après Broken, Trent Reznor peut désormais tout se permettre.
The Downward Spiral, second LP du groupe sort en 1994 et écrase tout sur son passage. Encensé par la critique, l'album entre directement à la seconde place du Billboard américain. S'ensuivent de longs mois de tournée mondiale qui épuisent Reznor, lequel ressent alors le besoin de faire un break et de se lancer dans la production. Trent Reznor créé alors un label indépendant baptisé Nothing Records, devenu depuis une valeur sûre du genre (Marilyn Manson, Coil, Meat Beat Manifesto et Squarepusher...). Délaissant un temps NIN, Trent Reznor monte avec Maynard James Keenan (chanteur de Tool et A Perfect Circle) le projet Tapeworm. A leurs côtés, Danny Lohner, Atticus Ross (batteur/ bassiste/ claviériste de 12 Rounds), John Freese (batteur d'A Perfect Circle) et Charlie Clouser. Pour faire simple, une véritable dream-team du metal/ indus/ alternatif. Après 5 ans de collaborations diverses et variées (notamment avec David Lynch sur le film Lost Highway), NIN sort de l'ombre en 1999, avec l'ambitieux The Fragile. Double album composé de 23 morceaux tantôt rock indus, tantôt éléctro flirtant avec le trip-hop,The Fragile sera suivi en 2002 de And all that could have been, un live en deux volumes. Après la sortie de ce live, Trent Reznor décide de mettre un terme à l'aventure Tapeworm alors au point mort. 15 démos avaient été composées en vue d'un album dont l'enregistrement était sans cesse repoussé depuis deux ans. Reznor liquide également son label Nothing Records, collabore au projet Jakalope et commence en nouvel album : With teeth. Après 6 ans d'absence, l'heure du renouveau a sonné pour Nine Inch Nails.
NB: tous les albums officiels de NIN sont numérotés Halo 1, 2, 3...
Discographie
* Halo 01 - Down in It (1989)
* Halo 02 - Pretty Hate Machine (1989)
* Halo 03 - Head Like a Hole (1989)
* Halo 04 - Sin (1989)
* Halo 05 - Broken (1992)
* Halo 06 - Fixed (1992)
* Halo 07 - March of the Pigs (1994)
* Halo 08 - The Downward Spiral (1994)
* Halo 09 - Closer to God (1994)
* Halo 10 - Further Down the Spiral (1995)
* Halo 11 - The Perfect Drug (1997)
* Halo 12 - Closure (double VHS) (1997)
* Halo 13 - The Day the World Went Away (1999)
* Halo 14 - The Fragile (1999)
* Halo 15 - We're in This Together (1999)
* Halo 16 - Things Falling Apart (2000)
* Halo 17 - And All That Could Have Been + Still (2002) [CD/DVD]
* Halo 18 - The Hand That Feeds (2005)
* Halo 19 - With teeth (2005)
* Halo 20 - Only (2005)
* Halo 21 - Everyday is Exactly the Same (2006)
* Halo 22 - Beside You in Time (2007) [DVD]
* Halo 23 - Survivalism (2007)
* Halo 24 - Year Zero (2007)
* Halo 25 - Y34RZ3R0R3MIX3D (2007)
* Halo 26 - Ghosts I-IV (2008)
* Halo 27 - The Slip (2008)
* Halo 28 - Hesitation marks (2013)
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The day the world went away
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Closure
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The perfect drug
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ep :
Further down the spiral
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ep :
Closer to God
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lp :
The Downward Spiral
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March of the pigs
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C'est le dixième alors on a voulu en mettre un gros coup et proposer pour ce nouveau numéro du W-Fenec Magazine un programme de patrons avec rien moi...
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Alors vos récents investissements dans l'industrie du disque, autrement dit, vos dernières acquisitions, c'était quoi ?
perso, c'était l'album "The c...
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Nine Inch Nails / Chronique LP > Hesitation marks
Il aura quand même bien joué avec nos nerfs ce cher Trent Reznor à faire croire qu'il arrêtait de faire des albums avec son projet de toujours (certains appelleront cela une stratégie marketing) non sans avoir auparavant défié le système et donc les majors avec l'épisode Ghosts I-IV + The Slip. Tout ça pour finalement brouiller les pistes, s'occuper avec des bandes originales pour le cinéma (il a co-signé les scores de The social network et du remake US de Millenium), monter How to Destroy Angels avec sa belle et venir s'amuser chez Dave Grohl en participant au projet Sound City, avant de réactiver Nine Inch Nails (puisque c'est bien ça dont il s'agit ici) en se réunissant un line-up live avant de produire dans le plus grand secret Hesitation marks. Lequel sort, volte-face ultime... en major (chez Columbia Records, propriété de Sony Music pour être précis).
Quatre artworks (CD standard, Deluxe, digitale, vinyle) pour le prix d'un seul, pour peu que l'on aie la bourse de la famille Rothschild et un album qui débute sous les meilleurs auspices avec un "The eater of dreams" introductif pour le moins minimaliste puis le solide "Copy of A". Très électronique, dynamité par un rythmique endiablée et un Trent Reznor habité, porté par un climax enfiévré, tendu, on est mode "light", mais Hesitation marks est quand même sur de bons rails. Et Nine Inch Nails avec. Car le "groupe" - le maître tout seul à l'écriture puis accompagné de sa garde rapprochée (Alessandro Cortini, Ilan Rubin, Joshua Eustis et Adrian Belew notamment comme musiciens, Atticus Ross, Alan Moulder ou encore Rob Sheridan à la technique) - est en forme et prépare déjà le terrain au single "Come back haunted" qui déboule quelques instants plus tard. Efficacité redoutable, refrains accrocheurs, mélodies addictives, on a droit à du pur NIN en roue libre mais évidemment fidèle à lui-même et à sa griffe musicale si personnelle. Jusque là, tout va bien.
Là où le bât blesse, c'est que peu à peu, tout ce qui fait la force du projet de toujours de Reznor a parfois tendance à se déliter quelque peu. Et si "Find my way" répond parfaitement aux attentes placées dans son titre, envenimant l'auditeur de son groove hypnotique, le berçant avec cette mélodie nébuleuses flottant dans l'atmosphère au gré des effluves sonores distillées par un NIN sûr de ses effets, la suite avec "All time low" par exemple, est quelque peu discutable. Gimmick rythmique sexy, beats ultra-mainstream mis en avant par une production ciselée, ambiances interlopes et lascives, l'architecte et ses hommes de mains tentent l'approche "facile" et ne forcent pas trop leur talent pour faire ce qu'ils voulaient faire. Sortir du registre des morceaux précédents sans appuyer sur l'accélérateur, pour ensuite confirmer l'impression sur le trop bien nommé "Disappointed". On s'offre une petite cure de minimalisme organique, alourdi par quelques esquisses mélodiques légèrement neurasthéniques, de la répétitivité à tous les étages (un peu lassante) et voici un titre qui n'existe que pour ses poussées de fièvre à la densité libératrice. En deçà de ses possibilités intrinsèques, Nine Inch Nails doit alors se réveiller... et le fait en envoyant enfin la sauce sur le survolté et curieusement très pop "Everything". On valide... sauf que derrière le groupe ose un "Satellite" clairement casse-gueule dans la démarche artistique à la limite de la provocation. Presque putassier... et pourtant pas si loin d'être addictif. Donc troublant.
On dira tout ce que l'on voudra, NIN reste et restera NIN et Reznor à la fois trop intelligent et talentueux pour saboter son projet assure aisément le minimum syndical (au niveau relativement élevé chez lui). Ce même si "Various methods of escape" ou "Running" restent relativement anecdotiques, il y a suffisamment de pépites dans Hesitation marks (l'elliptique "Black noise", "In two", le très beau "While I'm still here" final) pour garantir à ce 28ème Halo une place de choix dans la discographie de Nine Inch Nails.
Nine Inch Nails / Chronique LP > Pretty hate machine [Réédition]
"ll est où exactement l'intérêt de rééditer le Pretty Hate Machine de Nine Inch Nails au juste, sinon remplir les poches des actionnaires d'UMG ?", la question a sûrement effleuré l'esprit d'un certain nombre de lecteurs... mais que l'on se rassure, ici-aussi. Et puis l'objet, le "précieux", parvient à destination et rien qu'avec le packaging, on se dit quand même qu'on est loin du boîtier cristal basique de la version de 1989. Un élégant digi avec surpack transparent, agrémenté d'un nouvel artwork, légèrement modernisé par rapport à l'édition originelle, un visuel étudié, la grande classe en sommes.
On pose alors le CD dans le lecteur, on appuie sur "play" et on laisse Trent Reznor (aka DIEU) et ses comparses faire fumer les enceintes à coup de "Head like a hole", toujours aussi efficace et explosif que par le passé... mais surtout remasterisé histoire de démontrer qu'après un petit coup de lifting, le Pretty Hate Machine 2.0 peut encore en mettre plein les tympans là on pouvait se dire que l'original semblait parfois un peu daté. Old-school mais électrisant, limpide et tubesque à souhait, NIN a beau s'être pris deux décennies dans les gencives, il peut encore fait pâlir d'envie les jeunes loups aux dents longues désireux d'occuper le trône du maître.
Du coup, forcément, lorsque "Terrible lie" déboule, on retrouve les sensations déjà procurées par l'exécution du titre en live sur le DVD Beside You in Time. Et puis le morceau est une bombe donc bon... 1989-2010 : même combat. Et même si l'époque a bien changé, "Down in it" et "Sin" ont encore largement de quoi carboniser les dance-floors des clubs indus/rock quand le ténébreux "Something I can never have" vient s'immerger dans les tourments de son auteur ; ce avant de faire sauter la banque avec les "Kinda I want to", "The only time" et autres "Ringfinger". Respectant jusque là scrupuleusement le tracklisting du Pretty Hate Machine original, cette réédition ajoute un petit bonus avec "Get down, make love", cover très "sexuelle" de Queen avec en guest de luxe un certain Al Jourgensen (Ministry). De quoi rendre l'acquisition de cet objet sinon indispensable, au moins difficilement évitable.
Nine Inch Nails / Chronique LP > The slip
A peine deux mois après la sortie de Ghosts I-IV, Nine Inch Nails a préparé le terrain en livrant deux morceaux en Mp3's gratuits et poursuit sa révolution musicale en réalisant l'impensable : livrer déjà un nouvel album studio. L'appât du gain ? La réponse du maître est cinglante : le Halo 27 sera entièrement gratuit et "distribué" librement via le système de licences "creative commons". Son titre : The Slip. Son contenu : 10 morceaux rock indus sauvages et électriques, tendus comme un string (riez par pitié...) et exécutés la fièvre au corps... Après un "999,999" à peine introductif, NIN lance l'assaut auditif avec "1,000,000" (logique...) et Reznor ne fait pas dans le détail. C'est d'une simplicité extrême, façon With teeth, ça pulse dans les éprouvettes et le distillat sonore est catchy, abrasif, furieusement entêtant. En un mot : rien de révolutionnaire à l'horizon, mais le résultat est irrémédiablement addictif. Après Ghosts I-IV, Trent Reznor semble varier les plaisirs avec un disque plus basique, primaire et en même temps plus immédiat comme il avait pu le faire avec With teeth puis Year Zero.
La mise en route est efficace, pour la mise en abîmes on repassera, NIN lâche la bête et fait parler la poudre sur "Letting you". Aucune délicatesse, ça frappe fort, sec, direct dans les enceintes. Net et sans bavure. Saturation poussée à son maximum, collision sonore, coït industriel aux effluves rock/metal carnassières, Reznor déverse sa rage sur une petite bombe dont les fragments viennent nous lacérer le visage. Revenant au rock indus branché dance-floor de l'époque The Hand That Feeds / Only, Nine Inch Nails balance dans les conduits auditifs l'ultra-efficace "Discipline" puis le quelconque "Echoplex". Enfermé dans un confort relatif sur "Echoplex", le groupe remue de nouveau les décibels sur le hargneux et néanmoins mélodique "Head down". Violence sous-jacente, un sentiment de résignation presque palpable puis le silence après le chaos avec "Lights in the sky". "Corona radiata" se présente comme une longue plage ambient industrielle à la Justin Broadrick, avant que "The four of us are dying" ne réenclenche la machine. Les rotatives reprennent leur rythme et ne vont plus s'interrompre jusqu'au dernier soupir de "Demon seed". On pense parfois à The Downward Spiral, d'autres fois à With teeth, mais si The Slip est un album complètement gratuit, Nine Inch Nails ne s'est pas contenté de vaguement compiler des chutes de studio... Et si cet album restera sans doute comme une oeuvre mineure dans la discographie du groupe, on reconnaîtra que même un disque plus anecdotique de NIN mérite largement plus le détour que la majorité des productions actuelles... Alors comme en plus c'est complètement libre de droits... Merci qui ?
Nine Inch Nails / Chronique LP > Ghosts I-IV
"Steal this album", c'est en substance ce qu'a dit Trent Reznor au public australien venu assister à l'une des étapes de la tournée suivant la sortie de Year Zero. L'explication ? Furieux de constater les prix prohibitifs pratiqués par les équivalents de la FNAC au pays des wallabies, le frontman de Nine Inch Nails ne se serait pas gêné pour demander des explications sur ces politiques de prix, jugées aberrantes et disproportionnées. Des interrogations auxquels les professionnels et les gens de son label d'alors (Interscope) auraient répondu en confiant à demi-mots que de toutes les façons, quelque soit le prix, les acheteurs se procureraient l'album. Evidemment, de telles lignes de conduite expliquent en partie le gouffre abyssal dans lequel le marché du disque s'enfonce inexorablement depuis 5 ans (sic). Par conséquent, une fois son contrat liquidé avec Interscope, Reznor décide de reprendre sa liberté en ne sortant les prochains efforts de Nine Inch Nails que par ses propres moyens ou une petite structure qu'il créé début 2008 : The Null Corporation (la suite directe de feu Nothing Records). En théorie, la démarche est intéressante, encore fallait-elle qu'elle soit suivie d'effets. On y vient justement...
Dimanche 2 mars 2008, à l'image de ce qu'avait fait Radiohead avec son In rainbows quelques cinq mois auparavant, Trent Reznor lâche sa petite bombe médiatique en levant le voile sur un disque sorti de nulle part : Ghosts I-IV. Un véritable album, comme les précédents, mais enfanté dans le plus grand secret. Ou presque. En réalité, en guise d'album, il s'agit d'une collection de 4 EP's mis en boîte lors d'une intense session de composition et d'enregistrement d'une dizaine de semaines au cours desquelles l'homme-orchestre s'est entouré de son fidèle Alen Moulder, d'Atticus Ross (12 Rounds, Tapeworm) à la production et ainsi programmation, ainsi qu'Adrian Belew (King Crimson). En résulte quelques 36 morceaux, auxquels s'ajouteront quelques semaines plus tard, deux titres bonus, tous exclusivement instrumentaux et accompagnés d'une imposante galerie de photos. L'aspect visuel de ce Ghosts I-IV est ici prépondérant tant NIN a cherché à composer la bande-son d'une suite d'images ne formant plus qu'un tout uniforme et indivisible. Au final, ce sont 38 morceaux aux ambiances glaciales, cliniques, hantés par des mélodies incertaines exécutées par un piano à fleur de peau qui sortent de l'ombre sans prévenir... Les "Ghosts" du titre semblent en permanence planer sur l'album, textures sonores triturées à l'extrême, groove cybernétique, atmosphères crépusculaires, en 38 plages indus rock aux subtilités qui se dévoilent lentement et à l'onirisme latent mettant en scène une errance noctambule à travers des panoramas urbains, Reznor démontre qu'après son Year Zero, il a plus que jamais la feu sacré.
Des morceaux qui évoqueront par instants l'élégance industrielle de The Fragile : mise à nu des émotions, caresse sensorielle, agression épidermique, un jeu de contrastes qui se plaît à évoquer les fêlures de l'âme et les paradoxes de l'esprit humain : NIN a beau avoir un peu changer sa manière de procéder, l'essence même de sa musique est toujours là. Des songes tourmentés, des tourments apaisés, Reznor joue sur cette dualité pour produire un rock industriel aux tentations électro bipolaires et aux nappes noise métalliques qui servent un propos tantôt contemplatif et mesuré, tantôt abrasif et orageux. Bande son idéale d'une séance de psychanalyse qui s'étirerait en longueur pour mieux explorer les tréfonds de son inconscient, Ghosts I-IV, une symphonie industrielle découpée en 4 mouvements, est orchestrée avec soin comme une seule et même ode analytique à la complexité euphorisante. Si la musique de Nine Inch Nails semble répondre à un ensemble de codes récurrents, Trent Reznor les fait sans cesse évoluer selon ses inspirations et aspirations du moment, les laissant parfois inter-agir entre eux pour mieux les refaçonner par la suite. Si le style NIN est ici (et comme toujours d'ailleurs) aisément reconnaissable, ce nouvel opus parvient à explorer la facette la plus sombre de son auteur, non sans une certaine retenue (la pudeur de l'artiste...). Et après un Year Zero au concept pensé dans les moindres détails, ce Ghosts I-IV laisse supposer que Nine Inch Nails et son maître d'oeuvre ont encore beaucoup d'émotions à transmettre. Et l'avenir proche montrera d'ailleurs que l'on n'était pas encore au bout de nos surprises. La grande classe donc...
Nine Inch Nails / Chronique LP > Y34RZ3R0R3MIX3D
Y34RZ3R0R3MIX3D, Year zero remixed pour les deux du fond qui ne suivent pas est-il le petit frère de Year Zero, une sorte de pont virtuel reliant ce-dernier à sa suite (à venir dans un futur proche...), ou le seul moyen de conclure le contrat liant NIN à Interscope ? A vrai dire, si l'on pose la question, c'est qu'on en connaît déjà la réponse. En sommes, cet un énième album de remixes recèle du bon et du moins bon. Une mise en appétit signée Saul Williams qui, avec "Guns by computer", pose une entame plutôt rugueuse et dopée par un hip-hop indus ravageur, au flow détonnant. On salive en attendant la suite... mais notre appétit féroce va rapidement être remisé au placard. Beaucoup plus calme et délibérément mainstream, Modwheelmood propose une reprise assez mellow et romantique d'un "The great destroyer" (qui n'était pourtant pas un modèle de douceur) pour le coup, chargé en effets superflus, mais qui n'en possède pas moins un certain charme. Mais c'est précisément à ce moment-là que les choses se compliquent. On passe sur les complètement inutiles et ridicules joyeusetés branchées dance-floor (un "My violent heart" malheureusement administré par un die-hard fan choisi par maître Reznor himself..., un "Capital G" tristement putassier et pourtant paru en single 7'' limité au Royaume-Uni mais sans la mention Halo). On essaie de s'attarder sur la relecture "club-like" commise par Ladytron sur "The Beginning of the End", mais rien à faire, la sauce ne prend pas.
A l'heure du plan principal, on préfère déjà penser au dessert pour oublier ce qui vient de nous arriver dans l'assiette. Un comble. Surtout que les choses ne s'arrangent guère sur la nouvelle relecture, un peu paresseuse, de "Survivalism" par Saul Williams, pourtant auteur d'un très bon "tardusted remix", paru justement sur le maxi Survivalism. Heureusement, le cultissime Bill Laswell vient sauver les meubles sur l'efficace et étrange remix de "Vessel" avant que le Kronos Quartet n'exécute un fulgurant "Another version of truth" avec toute la virtuosité qu'on lui connaît. Et si The Faint ne parvient qu'à susciter en ennui poli avec sa version très électro branchouille de "Meet your master", Stephen Morris et Gillian Gilbert (New Order) nous livrent des versions alternatives particulièrement soignées et raffinées de "God given" et "Zero sun" et font de ce Y34RZ3R0R3MIX3D, plus qu'un simple objet de collectionneur. D'autant que l'arrangeur autrichien Fennesz se fend, en guise de dessert, d'une sublime et crépusculaire "In this twilight" revu et corrigé en mode intimiste et dépouillé. En résulte quelques quatorze titres extrêmement variés réorchestrés par une poignée d'artistes venus de tout bord et livrant un résultat finalement assez inégal sinon frugal...
Nine Inch Nails / Chronique LP > Year zero
Enorme sur scène, NIN a démontré pendant la tournée de With teeth qu'il n'avait rien perdu de son incroyable énergie et l'a prouvé avec le DVD Beside You in Time. Dès lors, fin 2006, Trent Reznor, l'architecte/seul maître d'oeuvre du groupe décide de mettre en chantier un disque hors norme au concept carrément dément. Son titre : Year Zero. Un patronyme qui colle à la peau de cet album comme la volonté délibérément affichée par son géniteur de se renouveler en remettant les compteurs... à zéro d'un point de vue artistique. Une démarche finement pensée qui permet à NIN de nourrir un buzz considérable autours de ce nouvel album, attendu par beaucoup comme une révolution musicale. L'idée directrice se résume en deux actes. Première partie : un jeu de piste avec la toile internet comme espace d'expression illimité pour développer plusieurs sites internet dissimulés ci et là pour attiser la curiosité des die-hard fans et plonger l'auditeur moyen dans la découverte de l'univers post-apocalyptique de Year Zero, ce plusieurs mois avant sa sortie. Deuxième partie : la diffusion volontaire de plusieurs extraits de l'album sous forme de clés USB laissées dans les toilettes des salles de concerts lors de la tournée qui précéda la sortie de ce vingt-quatrième Halo. C'est pour le coup le label Interscope, chargé de distribuer l'album, qui n'en finit plus de faire la grimace...
16.04.07, l'album débarque dans les bacs, comblant enfin une attente que Reznor a su parfaitement aiguiser jusqu'à l'heure H, le moment M, le point zéro... Un disque qui marque une nouvelle étape dans l'évolution du son made in Nine Inch Nails. Dès l'opressant et ultra-saturé "Hyperpower!", on se rend bien compte que ce Year Zero risque d'être moins dansant que son prédecesseur ; et surtout bien plus tortueux. Pourtant, des titres comme "The beginning of the end" ou "Survivalism" tendent à prouver que l'album sera léger et facile d'accès, électrique et très direct. Aurait-on entre les mains un With teeth 2 ? Nullement. Car si certains titres restent assez "mainstream" dans leur approche électro-indus rock, d'autres sont largement plus complexes et déjantés, pour ne pas dire carrément aventureux. Guitares incisives, batterie métronomique, samples destructeurs, la mécanique est d'une froide efficacité ("Vessel", l'excellent "Me I'm not"). Maître de son art, NIN emballe son Year Zero en étant engagé politiquement (Reznor est ouvertement anti-Bush...) et en ne se privant pas d'en glisser quelques critiques que l'on devine acerbes. "The greater good" ou "The good soldier", tout est dans le titre ou presque, l'homme de base de NIN livrant au passage quelques attaques bien virulentes contre le système actuellement en place, notamment avec l'intense et addictif "Capital G". Où l'art de divertir en faisant réfléchir. Un hit.
Mélodies artificielles, précision chirurgicale, beats cliniques, Nine Inch Nails triture les sons, les met en pièces détachées pour mieux les ré-assembler selon un mode d'emploi qui n'appartient qu'à lui. Sommet de l'album, "My violent heart" alterne les moments d'apaisement avec les explosions de guitares. Dense et éruptif, compact et ravageur, le groupe livre-là un morceau à la fois sauvage et détonant, aussi robotique que post-apocalyptique. Difficile de suivre la ligne directrice de l'album qui se révèle être un véritable patchwork de tout ce dont est capable le groupe. Explorateur d'atmosphères, sculpteur d'ambiances. En témoignent des titres tels que le très électronique "The warning" ou le destructuré "God given", qui renvoient autant à ce qu'on a pu trouver sur The Downward Spiral que sur The Fragile ou With teeth. Témoins à charge, les samples explosifs ("Meet your master"), la véritable déferlante sonique aux accents rock de "The great destroyer" ou l'électro de l'énigmatique et lunatique "The greater good". Groove entêtant, bricolages sonores hypnotiques, beats lancinants, le tout gorgé de saturation maîtrisée, Trent Reznor, qui signe là un opus quasi solo, donne dans l'anticipation cynique et dépeint un monde décadent, autant ravagé par ses progrès techniques que par ses systèmes politiques corrompus jusqu'à l'os. Year Zero peut être pris comme un avertissement, un constat lucide de l'inéluctable avancée de notre monde vers le chaos (sans doute plus proche qu'il n'y paraît), une vision alarmiste portée par l'impression latente de vivre dans l'ignorance des réalités et un sentiment de faux-semblant permanent. En témoigne le faussement apaisé "Another version of truth" qui, avec son clavier langoureux et minimaliste, semble tout droit sorti de l'univers de The Fragile). Bruitiste, mouvant, presque sensuel dans son approche mélodique, "In this twilight" tente d'apporter la lumière au coeur de la désolation et de l'ignorance collective et prolonge cette sensation d'absolue conscience des choses sur l'élégant "Zero-sum". Hyper-sensible et lucide, Trent Reznor a sans doute mis le doigt sur l'un des principaux maux de notre époque. Mais quand le Ying rencontre le Yang et que l'équilibre est retrouvé, NIN peut alors refermer la première partie de son diptyque, une suite devant voir le jour afin de compléter cet excellent cru au marketing viral incroyablement inspiré et aux qualités artistiques indéniables... Qu'on se le dise, Trent Reznor est sans doute plus inspiré que jamais... Et il a désormais toute la liberté pour faire parler son art. La révolution musicale a t-elle commencé ? Paradoxalement, c'est l'avenir qui nous le dira.
Nine Inch Nails / Chronique EP > Survivalism
Quelques semaines avant la sortie de l'un des buzz de l'année 2007, Year Zero et son marketing viral conceptuel carrément dément, Nine Inch Nails livrait un premier aperçu de son travail post-With teeth avec ce Survivalism. Un maxi 3 titres auquels on adjoint un clip (pas forcément indispensable du reste) et en avant les manettes. Morceau titre de ce vingt-quatrième Halo à la pochette très "quand 24 rencontre Splinter Cell", "Survivalism" envoie la grosse cavalerie d'entrée de jeu. Gros son gorgé en effets électro qui tamponnent, un refrain addictif dopé par des guitares bien saignantes, Nine Inch Nails est en forme et le fait savoir. Elle est bien loin l'époque de The Fragile, ici on est complètement dans la continuité de With teeth et du DVD Beside You in Time. La prod est comme d'habitude énorme et l'alliage sonore, très dense, est d'une redoutable efficacité. Simple, brut de décoffrage, du pur single comme il n'en passera jamais plus sur les radios hexagonales en sommes. Deuxième acte, NIN nous remet un coup de "Survivalism" en mode "Tardusted", donc dans une version remixée par Saul Williams, dont Trent Reznor a produit l'album The inevitable rise and liberation of Niggytardust. Un titre bien moins rock que précédemment évidemment et bien plus orienté hip-hop sans tomber dans les clichés du genre (Saul Williams oblige...) et avec un savant mélange électro-indus qui donne toute sa force à l'ensemble. Troisième et dernière piste audio de ce Survivalism, une version exclusivement instrumentale du claustro "The greater good" que l'on retrouvera sur l'album qui suit. Beats saturés, claviers qui viennent pleuvoir sur des nappes électro industrielles hypnotisantes, NIN ménage ses effets mais sait où il va et quoiqu'il en soit, on est d'ores et déjà prêt à le suivre n'importe où avec le conceptuel Year Zero.
Nine Inch Nails / Chronique DVD > Beside you in time
Beside You in Time, un petit intermède dans la retro NIN pour coller un peu plus à l'actu musicale (enfin de loin quand même...) et surtout une question : comment faire mieux que le précédent DVD produit par Reznor et les siens, en l'occurence And all the could have been ? Car en matière de DVD musical, ce-dernier était jusque là un peu le mètre-étalon de la catégorie. Et ne nous y trompons pas, il va sans doute le rester encore longtemps. Pourtant, Beside You in Time n'est pas un énième sous-produit comme on a pu en voir des dizaines ailleurs dans les bacs de nos disquaires fétiches. Car NIN, c'est quand toujours l'assurance du travail bien troussé et surtout entre les deux opus, le groupe ou plutôt Trent Reznor, a considérablement fait évoluer leur musique. Enregistré lors de la tournée nord-américaine hivernale 2006 du groupe, l'objet joue la carte de la sobriété un peu froide (à l'image de son packaging) et de la performance ultra-carrée. Image nickel chrome (l'objet est également sorti aux formats HD et Blu-Ray), possibilités sonores variées pour peut que l'on dispose du matériel adequat, la programme des réjouissances est plutôt à la hauteur des attentes.
Un concert intégral d'une heure et demie avec un son massif, des jeux de lumières bien rôdés et une performance impeccable de NIN et surtout d'un Trent Reznor complètement habité et qui a tendance à releguer ses acolytes au rang de simples fair-valoirs. Car, on va le redire encore une fois, Nine Inch Nails, c'est avant toute chose Reznor, et encore plus maintenant que Danny Lohner ne bosse plus avec lui. Dans ses conditions, le panachage entre les classiques et les morceaux de With teeth est plutôt finement réalisé (avec les récents mais éléctrisants "You know what you are" ou "The line begins to blur" d'un côté et les intemporels "Terrible lie" et "Closer" de l'autre. Une set liste quasi parfaite. Mais ce qui frappe le téléspectateur à la vision de ce DVD, c'est l'aspect extrèmement pro du set joué par le groupe. Un show bétonné dans les moindre détail, preuve d'un rigueur artistique poussée à l'extrême et d'un souci du détail constant. Primaire, puissant, organique et complètement imergé dans sa musique, poussé par une énergie terriblement rock et des sonorités industrielles relativement compact, NIN livre une performance de haute-volée. Avec en prime, les évidemment attendus "Wish" et "Head like a hole"), pas de doute les néophytes comme les "die-hard fans" de la première heure en ont pour le papaquet de billets verts. Si l'on ajoute à cela cinq titres live extraits de la tournée d'été 2006 du groupe (dont l'inédit "Non entity" dans une version très rock alors que le morceau a été composé à l'origine pour piano/ voix seuls) et quelques clips vidéo (dont l'excellent "Only" signé par le réalisateur David Fincher), on ressort de la projection de ce Beside You in Time avec le sentiment d'avoir assisté à une performance solide, inspirée et surtout à l'efficacité bien rôdé. En ajoutant quelques bonus classiques mais toujours bienvenus, ce DVD est bien plus qu'un intermède afin de nous faire patienter entre deux albums studio, mais plutôt un nouveau témoignage de la part d'un groupe dont la musique prend tout son sens en live.
Nine Inch Nails / Chronique EP > Everyday is exactly the same
Il faut bien être honnête, au rayon maxi, EP's et autre single promotionnels, Nine Inch Nails n'a pas toujours été à la hauteur de l'évènement. Un titre (le single tourne sur les radios nord-américaine), un ou deux remixes, le tout pour une poignée de dollars... Alors oui, le cours du billet vert a beau être en chute libre, ce genre d'objet est forcément destiné au collectionneur invétéré. Sauf cet Halo, 21 du nom. Every day is exactly the same, compte en effet pas moins de six pistes dont 5 remixes certes, mais quelques uns très réussis. Car une fois le passage obligé mais tellement réussi du morceau titre, petit bijou de rock industriel à très haute teneur émotionnelle, on a droit à deux relectures de "The hand that feeds" signés par des pointures électro/house/drum'n bass que sont DFA et Rupert Parkes, alias Photek. Le premier est un remixe assez banal surtout destiné au soirées clubbing dans les caves des grandes capitales européennes pour se la jouer hype, mais le second dynamite la version originelle du single. Electrisant, turgescent, il enflamme le dance-floor, atomise le 5.1 et nous clash entre les tympans. Dense et addictif.
Si la version d'"Only" signée Richard X (producteur entre autres de New Order, Sugababes et Jarvis Cocker) paraît insignifiante au possible, c'est sans doute qu'est venu s'intercaler au milieu le remix du même titre signé El-P. Groove nonchalant, brume narcotique, tempo ralenti, catatonie sensorielle, la révision du tube enfanté par Trent Reznor entre les mains du pape hip-hop de Brooklyn prend une tonalité plus lascive et distille une sensualité qui incendie la platine CD. Un must absolu pour un maxi qui n'a définitivement plus rien d'anecdotique une fois que Sam Fog et Calos D lèvent le voile sur la version réarrangée d'"Every day is exactly the same". Nappes old-school, basses lourdes, rythmiques lancinantes, atmosphères chargées en effet, on acquiesce et on se laisse hypnotiser...
Nine Inch Nails / Chronique EP > Only
Second maxi sorti par NIN pour promouvoir With teeth, cet Only vaut surtout pour le formidable clip du morceau-titre réalisé de main de maître par David Fincher. Clippeur de génie, l'homme est également le réalisateur de Seven, Fight Club et Panic Room, autant de long-métrages cinéma sur lesquels il a pu démontrer toute sa maestria visuelle et son sens de la prise de vue innovante grâce à des techniques cinématographiques de pointe. Le clip d'"Only" en est la parfaite illustration. Petit bijou d'inventivité mis au service d'un titre simple, rusé et addictif, voici une vidéo musicale largement au niveau des maîtres du genre que peuvent être Spike Jonze, Anton Corbijn ou Michel Gondry (tous également passés depuis par la case grand écran). Rythmiques bondissante, mélodie entêtante, guitares rock et nappes d'électro savamment distillées, voici le Trent Reznor, définitivement débarrassé de ses addictions et des fantômes de son passé torturé pour se défouler et foutre le feu aux dance-floors industriels.
Hormis "Only", on trouve ici un remix de "The hand that feeds" signé DFA, une version revue et corrigée comme tant d'autres pourront le faire, le morceau étant conçu pour être remixé à loisir ; et une version live de "Love is not enough". Un morceau où l'on a un petit aperçu de la dimension de NIN en live, chose que l'on vérifiera quelques mois plus tard sur le DVD Beside You in Time. Dans l'immédiat, Reznor et ses hommes plient l'affaire avec maîtrise et démontrent que le nouveau Nine Inch Nails n'a pas tant que ça à envier à celui de l'époque The Downward Spiral/The Fragile... Comme ça, on est prévenus...
Nine Inch Nails / Chronique LP > With teeth
6 ans et des poussières, voilà ce qu'il aura fallu attendre pour que le maestro du rock indus, Trent Reznor daigne accoucher d'une nouvelle offrande. Quelques mois avant sa sortie, le maître dévoile le nom de la bête, With teeth, mais sans dire ce que sera exactement ce nouvel album, inutile de le préciser, plutôt du genre attendu. Celui qui est depuis quinze ans l'une des grandes, sinon La figure incontournable de la scène indus ménage ses effets de manche afin de surprendre les fans. Et quelle surprise ! Du genre qui vous laisse sur les rotules, les dents en train de ronger le parquet.
C'est fiévreux, partagés entre excitation et inquiétude (celle d'être déçu tant l'attente est grande) que nombre d'auditeurs auront mis With teeth sur la platine. Alors même que "All the love in the world" débute, on peut se détendre progressivement : rythmiques lancinantes, chant calme presque résigné, quelques notes de claviers savamment distillées parsemant le morceau, une mélancolie à fleur de peau, c'est à un Trent Reznor assagi, par la thérapie qu'aura été The Fragile, qu'on a affaire. Une intro toute en douceur qui ne laisse pas vraiment présager de ce que sera la suite de With teeth. Avec le très énervé et explicite "You know what you are", qui rappellera inévitablement "Starfuckers Inc.", Trent Reznor et sa troupe (avec Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters) notamment derrière les fûts sur la moitié des titres) mettent les choses au point, Nine Inch Nails est définitivement de retour et le fait savoir. Ce n'est pas l'excellent et plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord "The collector" qui va laisser sous-entendre le contraire. Sous couvert d'offrir à ses fans une musique plus accessible (certains diront commerciale) et moins torturée qu'auparavant, Trent Reznor n'en oublie pas moins de rajouter le petit "truc" en plus. Brûlot anti-bush savamment dissimulé sous les beats indus et une rythmique très "dance-floor", "The hand that feeds" est conçu pour exploser les charts. Un titre énergique, implacable, décrit par son géniteur comme "jetable". Un morceau à la simplicité confondante mais d'une effroyable efficacité. "Love is not enough" puis l'excellent "With teeth" permettent à NIN de renouer avec les morceaux un peu plus sombres et tourmentés, alors qu'avec "Every day is exactly the same", Reznor nous offre une ballade éléctro-rock du plus bel effet, une réussite incontestable. L'homme à tout faire de Nine Inch Nails alterne les genres avec un savoir-faire évident, preuve en sont les deux hits absolus que sont "Only", et son groove transcendant qui vous fait balancer la tête comme un dératé, ou le "speedé" "Getting smaller". Morceau de rock indus pur et dur, au refrain imparable, ce "Getting smaller" à l'énergie démentielle, est, à n'en pas douter, l'un des "musts" de ce With teeth. Scotché par les "The Hand that feeds", "Only" ou "Getting smaller", l'auditeur cherche à reprendre son souffle lorsque déboule le tubesque "Sunspots" puis le torturé "The line begins to blur" au tempo relativement lent, mais à la puissance mélodique toujours sidérante. Les deux derniers titres de With teeth, "Beside you in time", long titre éléctro-pop au final à forte tension émotionnelle ; et la ballade éléctro-pop "Right where it belongs", mélancolique et désenchantée permettent à Trent Reznor de boucler la boucle d'un disque à bien plus abouti et innovant qu'il n'y paraissait au premier coup d'oeil.
Après six ans d'un silence relatif (il a notamment participé aux projets Tapeworm et Jakalope), Trent Reznor s'est reconstruit et a changé sa manière de travailler. Mais ce nouvel album en est la preuve, l'homme n'a en rien perdu de son talent. With teeth, ou 13 titres tous impeccablement maîtrisés et terriblement accrocheurs, dont quelques hits incontournables et aucune déception à noter. Sans aucun doute l'un des albums majeurs de cette année 2005.
Nine Inch Nails / Chronique EP > The Hand that feeds
Et NIN (ré)inventa le single rock indus dance-floor calibré pour les masses et en même temps, furieusement indépendant. "The Hand that feeds" : une recette simple, solide et d'une efficacité diabolique. Un riff entêtant, une rythmique clinquante, des synthés en mode combustion spontanée, chant sans surprise, tendance simpliste, Reznor fout le feu au dance-floor et fait transpirer les clubbers en mal de sensations fortes. On oublie The Fragile, ici on cause électro-rock industriel qui défoule et qui est surtout parfaitement bien troussé.
Problème, la version CD du maxi empile les remixes signés Rupert Parkes a.k.a Photek, un DJ/producteur anglais qui livre ici un "Straight up mix" bien faiblard et un "Dub mix" absolument infâme. Là, comme régulièrement chez NIN du reste, le concept même de remix pose problème et si certains n'ont aucune utilité artistique, d'autres au contraire peuvent être perçus comme d'habiles relectures des morceaux de Trent Reznor. Mais pas ici. Les réfractaires du remix ont de belles heures devant eux.
On se rattrape de manière assez poussive sur la plage vidéo, le clip (forcément) du morceau-titre, un (micro-)film réalisé à l'économie vraisemblablement avec un budget équivalent au salaire journalier d'un travailleur togolais et qui ne rend pas forcément justice au travail de NIN. A l'inverse de l'excellent clip d'"Only", le single suivant, petit bijou d'inventivité visuelle. Enfin, pour les amateurs de vinyle (et ici, on les comprends), cette édition est sans doute à préférer à la version CD puisqu'elle contient le titre "Home", morceau figurant uniquement sur l'édition "collector" de With teeth. Du rock industriel dans la veine des morceaux de l'album, inspiré, gorgé en arrangements bien sentis et d'une efficacité redoutable. A défaut de mieux, le vinyle est sans doute une bonne acquisition pour compléter sa collection de "Halo".
Nine Inch Nails / Chronique LP > Things falling apart
Si les albums de remixes sont très souvent (sur)taxés de simples opportunités commerciales destinées à faire vibrer le tiroir-caisse (des majors), ce n'est sans doute pas pour rien. On remet plus ou moins ce qui a marché au mépris d'une quelconque inventivité, dénaturant parfois le morceau originel pour le réarranger à l'emporte pièce et servir au final une infâme bouillie sonore qui ne rend ni justice à l'auteur ni au remixeur (du reste souvent habilement dissimulé derrière un vague pseudonyme).
Seizième Halo, Things Falling Apart, est donc l'album de remixes de The Fragile, disque considéré par beaucoup comme une oeuvre majeure des vingt dernières années et dont il est par conséquent d'autant plus difficile de proposer une relecture/réinterprétation pertinente. Et là, au fil des écoutes, de la découverte à chaque fois un peu plus détaillée des morceaux de ce disque, un petit miracle se produit. Certains titres parviennent non seulement à soutenir la comparaison avec les compositions originales voire à les sublimer. Car pour le coup, Reznor a su s'entourer de quelques pointures du genre, par des tâcherons aux pseudo tendances pour amuser la galerie, non du lourd.
Au programme, Dave "Rave" Ogilvie (Skinny Puppy, Marilyn Manson, Killing Joke, Jakalope.), Adrian Sherwood (producteur et arrangeur connu pour avoir remixé Coldcut, Depeche Mode ou Primal Scream), Alen Moulder, Danny Lohner ou Charlie Clouser, trois membres éminents de la spirale NIN. Des musiciens et producteurs de talent qui se chargent d'apporter leur vision sur des titres comme "Starfuckers, Inc." ou "Where is everybody" quand ce n'est pas Trent Reznor qui remixe lui-même ses propres morceaux, Into the void" devenant ainsi étonnant d'efficacité "Slipping away" et "The Wretched", "The Great Collapse", ou s'amuse à reprendre le "Metal" de Gary Numan. Le résultat, habile et inspiré, dépasse de loin le simple cadre de l'album de remixes de plus, et après avoir connu quelques échecs en la matière, légitime la démarche chez NIN.
Nine Inch Nails / Chronique EP > We're in this together
Second maxi single de The Fragile venu après l'excellent The Day the World Went Away, We're in This Together est ce que l'on appelera un gros foutage de gueule économique. Car si en 2007, lors d'un concert en Australie, Trent Reznor enjoindra son public de télécharger illégalement son album parce que celui-ci est vendu à des prix exhorbitants et donc rédhibitoires en magasins, lui-même ne s'est pas gêné (avec la bénédiction de son label bien évidemment...) pour vider allègrement les poches des plus inconditionnels de ses fans. Car proposer un même single dans 3 versions différentes, avec différentes B-sides au tracklisting, si ce n'est pas une incitation au téléchargement, je démissionne. Surtout que le concept est poussé à son paroxysme.
Jugez plutôt... Dans le détail, si la qualité est là, comme souvent avec NIN, notamment avec l'efficace morceau-titre ("We're in this together" pour les deux qui suivent pas dans le fond) dans chaque version (logique !), on a droit en "bonus" pour le single I : au lancinant "10 Miles High" et au troublant et torturé "The new flesh", pour le II à : "The Day the world went away (quiet version)" (déjà présent sur le maxi du même nom...) et à un remix inutile ; et pour le III à : un remix abrasif et clinique signé Danny Lohner et une version alternative de "The perfect drug". Autant dire que tout ça aurait largement pu tenir sur une seule galette... Mais évidemment, logique économique oblige, ce ne fut pas le cas...Une situation symptomatique du gouffre qui n'a cessé de séparer depuis les professionnels de l'industrie du disque et le consommateur lambda. D'où la question, quel est l'intérêt de payer trois fois un objet pour lequel on est déjà sûr d'avoir 3 fois le même morceau et au moins un autre, déjà entendu ailleurs... donc, un seul véritable inédit ou presque... (on exagère à peine). Le concept est d'une efficacité relativement limitée, le consommateur, même le die-hard fan compulsif n'étant certainement pas prêt à être pris pour un con, ce genre de démarche n'a sans doute fait que précipiter le gouffre sans fond dans lequel s'est depuis engouffré le marché du disque. Heureusement pour les amateurs de NIN, Trent Reznor a depuis retourné sa veste et clame désormais à qui veut l'entendre qu'il prône un système plus respectueux de l'intelligence du pouvoir d'achat des consommateurs. Joli pied de nez de l'artiste...
Nine Inch Nails / Chronique LP > The fragile
23 titres, répartis sur deux galettes... pour une oeuvre majeure de la scène indus-metal, un album forcément long, varié, extrêmement travaillé, voilà en quelques mots ce qu'est The Fragile. En effet, en 1999, après cinq ans d'atermoiements divers, de soucis personnels et de crise d'inspiration quasi identitaire, Trent Reznor, homme à tout faire de Nine Inch Nails sort un nouvel album et nous offre son chef-d'oeuvre, sobrement baptisé The Fragile.
Moins violent que ses prédécesseurs, Broken et The Downward Spiral, cet album regorge de titres rock industriels lourds, saturés, mélodiques, nappés de sonorités pop et de passages ambient/ trip-hop ("We're in this together", "The fragile", "Even deeper"...). Entre les interludes "The frail" ou le très ambient "The mark has been made" et ses fulgurances indus, Nine Inch Nails navigue à vue entre les titres rageurs, très rock/ indus dans l'âme ("The wretched", "No you don't" et "The way out is through") ; et les titres plus pop aux textures toujours industrielles, tels que "Even deeper" ou la somptueuse ballade au clavier qu'est "La mer" ; ce, en passant par les expérimentations sonores de "Pilgrimage" ou "Underneath it all".
Comme débarassé d'une partie de ses démons, Trent Reznor se livre complètement avec "La mer" (en français dans le texte) et poursuit dans l'intime avec l'aérien et émouvant "The great below". Deux morceaux à fleur de peau où l'on sent une volonté chez Reznor de faire partager ce qu'il a en lui, tout en variant habilement les genres. Que ce soit dans les expérimentations paroxystiques du minimaliste "I'm looking forward to joining you", ou le très éléctro "Complications", Nine Inch Nails accomplit le tour de force de ne jamais faire deux fois le même morceau au cours de cet album pourtant fleuve. Reznor abandonne avec The Fragile les pulsions malsaines qui l'habitaient jusque là (voir Broken par exemple) et se met à nu avec pudeur et non sans une certaine retenue. Certes, certains titres sont peut-être moins réussis que d'autres (les dispensables "Just like you imagined" ou "The big come down"), mais Nine Inch Nails parvient à se renouveler sans cesse et parsème cet opus particulièrement dense de hits ultimes tels que "The day the world went away", "Starfuckers Inc." ou "The mark had been made", et ce, jusqu'à "Ripe with decay", ultime morceau instrumental à l'atmosphère trouble qui conclut parfaitement ce nouvel opus.
Après 23 titres, on tente de reprendre ses esprits et l'on se rend compte que le génie qu'est Trent Reznor aura pris son temps, cinq ans donc, pour offrir son album le plus personnel, le plus abouti également. Une sorte de journal intime industriel, où les émotions brutes nous jaillissent violemment à la figure, où les atmosphères jouent avec les subtilités afin de définitivement exorciser les conflits intérieurs de son auteur en renouvelant un genre en soi... Définitivement incontournable donc.
Nine Inch Nails / Chronique EP > The Day the world went away
Evidemment, il y avait eu le très bon Further Down the Spiral et la double VHS Closure (uniquement dispo en import), mais dans l'ensemble, la période qui sépare The Downward Spiral et ce The Day the World Went Away, premier maxi single de The Fragile aura été le plus gros creux de la carrière de Nine Inch Nails. Une absence relative mais qui n'a fait que renforcer le buzz autours de la personne de Trent Reznor et son entourage musical.
Plus que jamais, NIN, c'est avant tout son charismatique leader/ compositeur/ interprète/ arrangeur ; et après un si long silence, les die-hards fans, mais également les autres, comment à sévèrement trépigner d'impatience. Et puis un beau jours d'été 1999 débarque ce nouvel Halo, treizième du nom. Deux titres et une version alternative, quasiment le minimum syndical mais pas du tout artistique. Car d'un point de vue musical, et ce, bien qu'étant antagonistes dans leur forme comme dans leur fond, "The day the world went away" et "Starfucker Inc." sont des tubes. Ambiances tortueuses, lancinantes et labyrinthique, le premier cité oscille entre passages calmes au chant murmuré et crescendo puissants dopés par une mélodie qui vient se visser instantanément dans notre cerveau. Industriel et envoûtant, planant et saturé, "The day the world went away" nous donne à écouter la facette la plus apaisée de Nine Inch Nails.
L'autre facette, c'est justement le second morceau de ce maxi : "Starfuckers, Inc.". Un tube rock indus rageur et ultra bétonné au titre plus qu'explicite. Où comment l'homme et la machine entrent en fusion pour nous servir un cocktail diabolique de musique purement industrielle et d'énergie furieusement rock. Un morceau sur lequel Reznor n'hésite pas à balancer contre les errements d'un système dont il est lui-même au coeur. Comme un rouage délibérement défaillant placé au sein d'une machine à faire du fric qui se désagregera quelques années plus tard, l'homme à tout faire de NIN fait simple, facile d'accès mais terriblement efficace... Dernier acte de ce The Day the World Went Away, une version alternative du titre phare du maxi. A savoir le single en mode "quiet", avec piano et atmosphère feutrée en programme. La preuve incontestable de la richesse d'un morceau conçu pour être adapté à n'importe quelle approche musicale. Mercantile (cela reste un maxi single) mais inexorablement addictif, cet Halo 13 trouve son essence dans cette ambivalence, dans ses paradoxes fascinants qui agitent sans cesse l'oeuvre de Nine Inch Nails.
Nine Inch Nails / Chronique DVD > Closure
L'histoire de Closure (Halo 12) s'apparente à un joli coup marketing et artistique se transformant en véritable chemin de croix symptomatique des difficultés que peuvent parfois poser certains labels et majors à leurs artistes. Explications.
A l'origine Closure, c'était une double VHS (souvenez-vous, le truc bizarre qui existant AVANT le DVD... sic), compilant tous les clips de NIN en version non censurée ainsi que 70 minutes d'images backstage entrecoupées de nombreux titres lives. A l'époque un must du genre mais qui se trouva vite dépassé avec l'apparition du support DVD. Et c'est là que les choses commencèrent à se compliquer sérieusement pour la sortie du Halo 12 dans ce nouveau format. Car, Trent Reznor, en conflit ouvert avec son ancienne maison de disques (TVT qui en voyant le succès grandissant de Nine Inch Nais avait cherché, au grand damn de son leader, à prendre la direction artistique du groupe),s'était d'ores et déjà engagé dans une véritable bataille judiciaire avec le label américain. D'où un véritable imbroglio juridique concernant les droits d'exploitations de cette VHS, maintes fois annoncée en DVD un peu partout, jamais sorti sur ce support dans le commerce, malgré les incessants appels du pied de milliers d'inconditionnels du groupe.
Et finalement, dernier rebondissement en date, après des années de discussions infructueuses par avocats interposés et quelques mois passés à travailler sur une édition DVD la plus classe possible, Trent Reznor (à qui l'on pouvait reprocher quelques EP de remixes un peu trop mercantiles) décida fin 2006 de faire plaisir à ses fans, en balançant directement le contenu de l'ex-futur DVD Closure directement sur la toile via les réseaux de P2P. Un véritable outrage à l'industrie du disque mais surtout la preuve que le seul boss de NIN n'en fait décidément qu'à sa tête. Devenu au fil des années un objet culte au départ uniquement disponible en import nord-américain, Closure nous offre quelques extraits de la tournée 1995-1996 avec des titres live tels que "Wish", "Hurt" ou "Terrible lie" qui ont certes un peu vieillis, mais qui raviront également les nostalgiques de l'époque Broken / The Downward Spiral. Autant de morceaux phares de l'oeuvre de NIN a mettre en parallèle avec leurs versions plus actuelles que l'on peut notamment retrouver dans le DVD Beside You in Time, sorti dans les bacs il y a quelques semaines. Mais il faut bien le reconnaître, le grand intérêt de Closure, c'est sans aucun doute les clips... en version non-censurées s'il vous plaît. Entre le très glauque et dérangeant "Pinion" et un "Happiness in slavery" façon Saw avant l'heure, ces vidéos "uncensored", et non diffusées sur les chaînes américaines, nous montrent la facette la plus sombre et torturée du groupe, un Trent Reznor en proie à ses démons intérieurs et démarche artistique jusque-boutiste. Un Nine Inch Nails se faisant l'écho des pires déviances de la nature humaine pour les synthétiser dans des oeuvres organiques et étonnament salvatrices. Au final une seule interrogation : objet de culte que cet Halo 12 ou juste une étape de plus menant Trent Reznor dans sa quête d'absolu musical ? La question mérite d'être posée...
Nine Inch Nails / Chronique EP > The perfect drug
Artiste contestataire foutrement dérangé, pour enregistrer son album (The Downward Spiral NDLR) dans la maison où Charles Manson et ses adeptes furent les auteurs d'une véritable tuerie quelques 25 ans plus tôt, il faut avoir une case en moins, Trent Reznor, n'en reste pas moins un businessman plutôt avisé. Car, sous couvert de vraies/ fausses vélléités expérimentales (ne soyons pas trop naïfs), le maître à penser de Nine Inch Nails nous sert avec The Perfect Drug, pas moins de six remixes éléctro-indus tantôt pseudo "drum'n bass" tantôt versant carrément dans le foutage de gueule pur et simple... Et je pèse chacune de mes syllabes. Alors quoi, un maxi avec des versions alternatives foireuses en bonus pour justifier que l'on sorte en single dans le commerce le titre soit-disant phare de la BO de Lost Highway ? Ce ne serait pas un peu pour nous prendre pour des pingouins cette histoire de parenthèse musicale arty entre deux albums studio ? Parce qu'aussi efficace que soit ce "The perfect drug", autant se procurer directement la bande-originale du film de David Lynch...
D'ailleurs, il est intéressant de noter que c'est un peu à partir de cette époque que les majors (et certains artistes) ont commencé à prendre les "consommateurs" (les gens qui écoutent de la bonne musique, on les appele comme ça) pour des billes en sortant tout et n'importe quoi afin de rentabiliser toujours plus leurs contrats les liants aux artistes afin de contenter leurs actionnaires. Mais dans ce cas, quid de l'artistique ? Peut importe, le roi $ domine, le mercantile est l'unique considération des patrons et/ ou directeurs "artistique" de ces majors et quand en plus, les artistes s'y mettent... on a droit à un The Perfect Drug à l'intérêt, on l'aura compris, très limité et qui pousse même le vice à nous emballer le tout avec un artwork franchement hideux. Mais à l'heure des questions brûlantes de téléchargement, des rémunération des artistes et de flicage massif (et illusoire) des internautes, faudra quand même pas se plaindre si les "consommateurs" décident de ne plus être pris pour des cons... N'est-ce pas Mr.Trent ?
Nine Inch Nails / Chronique LP > Further down the spiral
On a eu Fixed pour Broken, voici maintenant Further Down the Spiral, qui reprend le concept de son prédécesseur pour l'adapter à l'album The Downward Spiral. Pour ceux chez qui l'idée de remixer à tout va d'excellents morceaux provoque une crise d'urticaire, évidemment, ce Halo 10 est sans doute à éviter. Pour les autres, qui apprécient les relectures ambitieuses et icomplexes qui ne dénaturent pas l'objet originel, Further Down the Spiral sera un peu un modèle du genre. Car étonnamment, et ce malgré les distances évidentes prises avec le matériau original, cet opus de remixes frappera autant l'auditeur par ses qualités artistiques évidentes que son homogénéité. On débute par un remix de "Piggy" produit par Rick Rubin, notamment interprété par le gratteux des Red Hot, Dave Navarro (ben si...) et malgré les quelques doutes de départ, force est de reconnaître que le résultat est plutôt convaincant. Rythmiques catchy, guitares incisives, éléctro-indus rentre-dedans, dans le genre "Piggy (Nothing can stop me now)" c'est plutôt la classe. Vient ensuite la série des "Self destruction...", trois remixes alambiqués à réserver en priorité aux inconditionnels d'indus labyrinthique et ovniesque, aux mordus de beats éléctro épileptiques... Emporté par sa frénésie numérique, NIN s'offre une relecture étonnante et inventive des morceaux de son The Downward Spiral. Dans la masse, sortent du lot la version "Quiet" du magnifique "Hurt", qui joue la carte de la mélancolique dépressive pendant que le remix "Denial realization" du puissant "Eraser" fonce droit dans la saturation massive. On en prend plein les mirettes un peu façon Ministry (toutes proportions gardées en terme de mur de son quand même) et voilà Further Down the Spiral solidement placé en orbite géosynchrone avec l'album qui l'a inspiré. Après un décollage réussi, cet opus de remixes laisse l'auditeur scotché dans le siège et dépasse la vitesse de la lumière avec "At the heart of it all". Un remix signé du petit génie Aphex Twin, un "must have" techno-industriel aux beats lourds et distordus qui a lui seul suffit à faire de ce dixième Halo, un objet bien moins anecdotique que la plupart des disques de remixes de groupes phares que l'on peut trouver sur le marché. Du très haut de gamme en somme.
Nine Inch Nails / Chronique EP > Closer to God
Le génie de Trent Reznor a-t-il des limites ? Après le choc The Downward Spiral, monument d'indus sombre et de rock torturé, le maître à penser de Nine Inch Nails nous démontre que finalement oui... surtout quand les obligations contractuelles liées à la signature du clou de neuf pieds chez une major s'en mêlent. Comme la "marque" NIN est de plus en plus lucrative, les gens de chez Atlantic n'hésitent pas à tirer la corde encore et encore histoire de pousser le consommateur dans ses retranchements. Et un jour, les pros du marketing eurent l'idée de génie : pourquoi ne pas faire vibrer le tiroir-caisse en capitalisant à fond sur le succès du tube "Closer" ?
Et là, évidemment, partant de ce postulant, les gens du label américain ont décidé de passer la surmultipliée pour finalement nous livrer un maxi composé de neuf titres (ce qui est pas mal...) parmi lesquels six versions différentes de "Closer" (ce qui est tout de suite moins sympa). Où comment passer le concept du remix à but lucratif à son paroxysme... pour atteindre le point de non-retour artistique. Reste quand même que la version "Precursor" de "Closer" est du genre à faire trembler un catatonique par ses ambiances malsaines et ses quelques bidouillages éléctro-indus assez flippant. Au passage, une petite précision pour ceux qui auraient déjà entendu ce remix quelque part, sans précisémment se souvenir où, c'est cette version du single qui a été utilisée comme générique du très glauque mais cultissime Seven de David Fincher. Mais au final, malgré les qualités intrinsèque de ce tube absolu qu'est "Closer", six versions différentes frisent l'indigestion sonore et ne rendent sans doute pas justice à l'oeuvre de NIN. Un objet à réserver en priorité aux collectionneurs (que l'ont peut comprendre...) ? Closer to God l'est assurément. D'autant que pour ce qui concerne les trois autres morceaux de ce maxi grand luxe, seule la tectonique version alternative d'"Heresy" (un "Blind" qui défonce brutalement les cloisons auditives) parvient à véritablement sortir son épingle du jeu. Avis aux inconditionnels donc...
Nine Inch Nails / Chronique LP > The downward spiral
Il y a des fois où chroniquer un disque consiste à présenter le plus fidèlement possible son contenu, en prenant acte du fait que l'objet de notre article n'est pas forcément connu de tous, bien au contraire. Il y en a d'autres où on se pose l'intérêt d'une chronique qui revient à écrire ce que beaucoup on écrit avant nous, surtout en ce qui concerne un album sorti il y a plus de douze ans. Alors peut-être qu'à ce moment -là, il faut essayer d'écrire ce que certains ont pu dire ailleurs, à sa manière, en restant authentique, peut-être même en se fendant de quelques figures de style parfois prétentieuses, tout en se disant quand même que certains étaient peut être un peu jeunes pour apprécier ce disque à sa sortie et que de toutes les façons, il n'est jamais trop tard pour découvrir... The Downward Spiral donc, une oeuvre majeure de la discographie de Nine Inch Nails que beaucoup considèrent (sans doute à raison) comme un chef-d'oeuvre absolu.
Album organique et hybride de rock industriel ultime, cet Halo 8 est l'alliage naturel des samples bruitistes et des agressions distordues de guitares torturées jusqu'à l'entrée des enfers. Une plongée synthétique et sous tension permanente, au coeur d'une Pandemonium musicale faite de névroses obsessionnelles et de dépendances psychotiques. Vision panoramique et auto-destructrice des travers de la condition humaine The Downward Spiral est tout ça est même un peu plus. Une violence latente, un déchirément quasi insoutenable, ce disque suinte la souffrance par tous les pores de son packaging, celle d'un artiste unique mais en proie à d'insondables tourments. Tout en saturation et déferlement de puissance accompagné d'un chant complètement habité, "Mr.Self destruct" ouvre le feu. D'entrée, le ton de l'album est donné dans une ambiance tout sauf bucolique. Au contraire, chaos synthétique et bruitistes, claviers et guitares qui s'entrechoquent pour mieux assumer leur fusion transversale, "Piggy" puis "Heresy"poursuivent dans la même veine. Quelques secondes plus tard, changement de décor, le classique de la musique industrielle qu'est "Closer" débarque avec ses penchants lubriques. Collision charnelle mais clinique et sensualité animale mais sauvage, le single de l'album capte l'essence même de la musique de NIN, entre pulsion et transgression : la cristallisation des travers de notre propre nature d'être humain. Atmosphères malsaines, textes crus, violence abrupte, souffrance épidermique... les morceaux s'enchaînent d'eux-mêmes les uns après les autres... pour s'enfermer dans une spirale infernale conduisant inexorablement leur auteur vers la folie suicidaire, l'auto-destruction égoïste, le chaos libérateur. A l'époque de l'écriture de The Downward Spiral, toute idée d'apaisement et de bonheur était proprement illusoire chez Reznor ; et cet état d'esprit transparaît à chaque morceaux de l'album, quelque soit le sous-genre musical abordé : tantôt rock abrasif et clinique ("March of the pigs") tantôt ambiant indus post-apocalyptique, les quatorze morceaux de l'album sont autant de brûlots desespérés destinés à faire date dans l'histoire du rock industriel ("Reptile", l'extraordinaire ballade "Hurt"). Une réussite difficilement contestable. S'étendre encore de longues lignes n'amènerait à rien, seule l'écoute du huitième Halo de Nine Inch Nails pouvant amener l'auditeur là où les mots sont inutiles... tout simplement vers un disque majeur de ces quinze dernières années.
Nine Inch Nails / Chronique EP > March of the pigs
Il est loin le temps où les disques qui cartonnaient dans les charts étaient foutrement bien foutus. Car quand on rembobine les quinze dernières années musicales, on se rend compte que c'était une sacrée époque, celle des Massive Attack, des Radiohead qui pouvaient vendre des disques par millions, des Nine Inch Nails qui pouvaient tout casser avec un simple maxi 5 titres. Dont 3 sont véritablement des bombes ! Un March of the Pigs à double tranchant. Un objet décliné dans plusieurs versions mais dont l'essence est toujours la même : porter au sommet un NIN qui n'est alors pas encore parvenu à son firmament, malgré Pretty Hate Machine, malgré Broken surtout. Mais "March of the pigs" et son clip dantesque (micro explosés, larsens en veux-tu en voilà) vont remettre les compteurs à zéro. Une claque intégrale débutant par le puissant et très rock indus "March of the pigs", un single ravageur chargé d'ouvrir en beauté un EP qui se terminera sur un "Underneath the skin" glacial, martial, clinique et chargé en arrangements éléctroniques...
Entre-temps, on aura eu droit à un "Reptilian" possédé et effectivement très reptilien. Ambiances évolutives, mélodies apaisées et textures indus changeantes, NIN accouche d'un titre inspiré même si peut-être un peu déroutant pour les non-initiés. Pourtant un must. Troisième titre de ce maxi, "All the pigs, all lined up" se révèle être plus chaotique, très carré, mais sans véritable ligne directrice, ou alors elle est subtilement dissimulée derrière une large couche de sons venant s'entrechoquer les uns aux autres pour terminer le morceau de manière assez apocalyptique. Jamais dans la demi-mesure, Trent Reznor a tendance à, parfois, pousser le bouchon un peu loin. Et décide donc d'en rajouter encore un peu avec le très court "A violet fluid", sorte d'interlude ambiant indus à l'utilité pas forcément déterminée, même treize ans après la sortie du maxi. En clair, comme souvent avec ce type d'objet, March of the Pigs n'est pas forcément un excellent disque, et reste sans doute à réserver aux collectionneurs, aux "die-hard fans" et aux nostalgiques des premiers succès de NIN. Ce qui est déjà pas mal...
Nine Inch Nails / Chronique EP > Fixed
Sorti 2 mois après Broken (et chroniqué longtemps après...), Fixed c'est un peu l'histoire du jumeau que l'on cache au reste de la famille car il moins doué que son frère. Largement critiqué à sa sortie pour n'être qu'une compilation (en édition limitée à l'époque) de versions remodelées et remixées de manière inaudible des morceaux de Broken, cet EP n'en demeure pas moins très intéressant dans sa démarche (et finalement son résultat) car l'idée directrice de Trent Reznor était précisément de dérouter les auditeurs en faisant ce que bon lui semblait : "J'ai donné à différentes personnes que je respectais [entendez par là, artistes et collaborateurs de tous bords], le total contrôle créatif pour détruire tous les aspects des chansons originales et voir ce que ca donnerait. Le disque n'est pas un grand disque, une nouvelle direction, c'est juste un disque". D'où l'inégalité sommes toutes très relative du résultat final.
Au programme des honteuses (pour les inconditionnels de Broken) réjouissances, un remix incandescent et sous acide, bien qu'un peu brouillon de "Gave up" signé Coil, une relecture assez fidèle à l'originale de "Wish" par Jim Thirlwell (Foetus) et son duo basse-batterie éléctro dopée aux hormones. Alliage fascinant de sauvagerie rock et de circonvolutions éléctro passées au scanner numérique, Fixed est une oeuvre qui pêche par son manque d'homogénéité mais qui détonne par son radicalisme exarcerbé. Plus difficile d'accès sans doute que les autres Halo, par ses orientations musicales parfois très éloignées du metal/ rock industriel auquel NIN nous a habitué, en témoigne notamment un "Happiness in slavery" apocalyptique donnant carrément dans la trance sous LSD avec un Chris Vrenna des grands jours aux programmations, Fixed est sans doute un opus handicapé par l'excellence du disque auquel il a la lourde charge de succéder. Presque une expérience sensorielle, impression que l'on retrouve du reste sur l'hypnotique et tumultueux "Throw ths away", une collaboration signé Butch Vig (producteur de Garbage) et du duo Trent Reznor/ Chris Vrenna, pour un remix organique et transcendant, ce Halo 6 n'en trouve pas moins sa place dans la discographie de NIN. Riche et (d)étonnant.
Nine Inch Nails / Chronique EP > Broken
Sorti le 22 septembre 1992, après un changement de label, Broken se place en rupture avec Pretty Hate Machine, exit les accompagnements presque exclusifs de synthés, remplacés par des guitares agressives aux sonorités métalliques. Influencé par le Ministry de l'époque, Broken donne toute la mesure du génie de Trent Reznor sur huit titres anthologiques. Constitué de titres d'où découlent rage et colère, Broken est le point de départ d'un genre à part entière.
Mise en bouche lente et inquiétante, "Pinion" a de particulier d'ouvrir la voie royale à un "Wish" qui glisse sur des railssans accros, propulsant, expulsant, pulvérisant sa rage intérieure en mille éclats sonores, guitares accrocheuses, déluges rythmiques, les répits épars ne sont que de courte durée. Comme s'il était nécessaire d'assombrir encore cette atmosphère particulièrement oppressante, "Last" résonne comme autant de points d'orgues, avec son approche frontale, son improbable indéniabilité à peine grimée sous un masque de colère, des guitares qui surgissent comme des jets de vapeur, des d'étincelles ardentes, partant l'accélération à son paroxysme, une basse ronflante offrant un torrent sonore chariant une rage destructrice,trouvant son propre reflet dans les paroles.
Après l'interlude "Help me, I'm in Hell", "Happiness in slavery" surgit comme un diable de sa boîte, mais toutes guitares dehors et une énergie démentielle, avec son refrain magistral, un synthé tremblotant sur une mélodie subtile et insidieuse, cette machine cassée repart avec ferveur et addiction. Si le titre précédent est un hymne pour une tribu entière, le métal industriel s'épanouie également sur un "Gave up" plus saturé, plus brut, à la démarche insistante et incessante. À cette avalanche binaire, "Physical", en piste 98, donne un écho plus lent, plus sensuel, reprise de Adam Ant, elle contrebalance un "Suck" final, à la basse envoûtante, aux samples qui se brisent avec l'écho dans le lointain, terassée par un refrain des plus violent qui soit, une rage contenue qui exulte sur ces accords plaqués version amplifié.
Nine Inch Nails / Chronique EP > Sin
Sin, numéro 4 dans la longue collection des Halo. Seulement 4 titres, à l'inverse de Head Like a Hole qui voyait tout en (très) grand, mais cette fois, même si le format est plus compact : que du lourd, du très lourd.
Au programme, trois versions du titre "Sin", remixé par Adrian Sherwood et Keith Leblanc, les deux piliers du label On-U Sound (label dub de référence) et Al Jourgensen (Ministry). En mode "Long", "Dub" et "Short", le morceau est trituré dans tous les sens, mais le résultat est éclatant et élève l'art consommé du remix au rang de référence... tout du moins avec les morceaux de Nine Inch Nails. Des remixes électriques et percutants à souhait qui, en s'ajoutant à l'agression sonore "Get down, make love", claquent à la face de l'auditeur. Réorchestration d'un morceau signé Queen, par Trent Reznor, Jourgensen et Sean Beavan, cette cover est un modèle de reprise en mode indus tectonique. Reprendre Queen comme ça, fallait oser, mais au sortir d'un Pretty Hate Machine qui a explosé à la face du monde, NIN peut se mettre en danger, pire, il aime ça et en jouit encore et encore, jusqu'à l'orgasme. Une nouvelle preuve que, plus qu'un talent de composition ou qu'un effet de mode, le "son" made in NIN, s'enrichit, évolue, se régénère de lui-même, pour finalement se retrouver définitivement à part.
Nine Inch Nails / Chronique EP > Head like a hole
Les amateurs de gros maxi CD blindés de titres vont être ravis, après les deux premiers Halo que sont Down in It et Pretty Hate Machine, c'est au tour des tome 3 de passer sur le billard. Un Halo qui est en fait un single très long-format, puisque gorgés jusqu'à plus soif de remixes en tous genres et autres versions alternatives. Head Like a Hole est du coup un "maxi CD" composé de 10 titres parmi lesquels, pas moins de quatre version différentes du titre "Head like a hole" et trois de "Down in it". C'est sûr, faut aimer les deux morceaux-titres.
Et avec un soupçon d'objectivité on ne pourra que reconnaître qu'on est là, à la limite de l'orgie sonore, dont les responsables ne sont ni NIN, ni Trent Reznor, mais en réalité les gens de chez TVT, sympathique label comme on en fait encore des dizaines de nos jours et qui ne raisonne qu'un terme de $. Un label avec lesquels le génie de la musique industrielle sera, du reste, en procès quelques mois après la sortie de ce Head Like a Hole à l'intérêt somme toute très relatif, sinon pour les monomaniaques amateurs inconditionnels de Nine Inch Nails, les collectionneurs invétérés spécialistes du remix et ceux qui découvriront un inédit d'alors, le très bon "You know what you are". Un morceau qui, pour la petite histoire, sera complètement réorchestré bien des années plus tard pour l'album With teeth. Pas forcément indispensable, mais une vraie curiosité. Un inédit, deux morceaux-titres et une flopée de remixes, finalement, c'est déjà ça...
Nine Inch Nails / Chronique LP > Pretty hate machine
Un effort qui s'ouvre sur la bombe éléctro-indus "Head like a hole", un titre à l'énergie démentielle, aux refrains entêtants. Second titre de cet album et LA première grand claque de l'oeuvre de Trent Reznor, "Terrible lie". Implacable, rageur, venimeux : un hit ultime de la musique industrielle, qui n'a, encore aujourd'hui, pas pris une ride. Boîte à rythme qui assure une dynamique implacable, un chant presque déshumanisé par instants, un habillage industrielle qui met en exergue la crudité synthétique de l'oeuvre. Une violence froide, une colère sourde. L'homme contre la machine, ici aidé de Chris Vrenna, du producteur Flood et de Richard Patrick (Filter) à la gratte, Trent va au charbon la rage au ventre. et l'album suinte cette impression latente de torture psychologique permanente. On passera sur le "Down in it" déjà présent sur le premier Halo, pour directement s'attaquer au très groovy "Sanctified" et ses lignes de basse étourdissantes. Surdoué aux influences néo-classiques, Trent Reznor nous offre alors une des ses ballades nébuleuses et envoûtantes au clavier, dont il a, semble-t-il lui seul le secret ("Something I can never"). Un titre où la tête pensant de Nine Inch Nails fait preuve d'un sens inné pour composer des mélodies épurées mais d'une mélancolie à fleur de peau. Déchirant et fascinant.
Electro-groovy ou rock indus organique, NIN ("Kinda I want to", "Ringfingers", "Only time"...) passe d'un genre à l'autre en faisant preuve d'une maîtrise formelle assez impressionnante pour un premier effort et se lâche complètement sur le très dansant "Sin", un titre conçu pour carboniser les dance-floors et les charts du même coup. Hargneux, obsessionel et névrotique, le son de NIN est né. La machine est lancée : 10 titres pour un album fondateur accessible, mais sans concession, qui est pour beaucoup (avec Ministry et les Young Gods notamment) dans ce qu'est la musique industrielle d'aujourd'hui. Pretty Hate Machine fait date dans l'histoire de la musique industrielle... en marquant la naissance d'une véritable icône contemporaine.
Nine Inch Nails / Chronique EP > Down in it
Avant propos : Le W-Fenec est un webzine se revendiquant Rock / Metal / Indus. Or au sein des "cases" dans lesquelles on a toujours été plus ou moins obligé de ranger tel ou tel groupe pour s'y retrouver un peu, il y a un groupe qui synthétise ses trois styles musicaux très généraux que l'on retrouve sur le site : Nine Inch Nails, ou NIN pour faire plus court. Une rétrospective de l'oeuvre du groupe et de son maître Trent Reznor, s'imposait.
Lorsque l'on se plonge dans la discographie officielle de NIN, on se rend compte, mais pouvait-on en douter ?, que Trent Reznor ne fait rien comme tout le monde. Celui-ci semble voir son oeuvre comme quelque chose de plus homogène et global qu'une simple série de disques ajoutés les uns aux autres et l'a donc baptisée Halo. Chaque nouvel opus officiel du groupe portant du même coup un numéro comme suit : Halo 1, 2, 3... Fort logiquement, les quatre premiers Halo sont dans le désordre : le premier album de NIN (Pretty Hate Machine), les deux singles et un EP de B-sides et versions alternatives de ce premier effort. Sur le single Halo 1, NIN s'est limité au minimum, ne proposant que le titre "Down in it", dans sa version simple (celle de l'album), ainsi que les versions longue et instrumentales de ce même titre. Des beats de killer, un son robotique à souhait, l'omniprésence des machines insuffle déjà ce style si particulier qui fera la griffe finalement inimitable de NIN. Un morceau énergique, aux rythmiques percutantes et aux textures éléctro déjà omniprésentes. Sympathique à défaut d'être véritablement indispensable et donc à réserver aux collectionneurs monomaniaques...