nin_the_slip.jpg A peine deux mois après la sortie de Ghosts I-IV, Nine Inch Nails a préparé le terrain en livrant deux morceaux en Mp3's gratuits et poursuit sa révolution musicale en réalisant l'impensable : livrer déjà un nouvel album studio. L'appât du gain ? La réponse du maître est cinglante : le Halo 27 sera entièrement gratuit et "distribué" librement via le système de licences "creative commons". Son titre : The Slip. Son contenu : 10 morceaux rock indus sauvages et électriques, tendus comme un string (riez par pitié...) et exécutés la fièvre au corps... Après un "999,999" à peine introductif, NIN lance l'assaut auditif avec "1,000,000" (logique...) et Reznor ne fait pas dans le détail. C'est d'une simplicité extrême, façon With teeth, ça pulse dans les éprouvettes et le distillat sonore est catchy, abrasif, furieusement entêtant. En un mot : rien de révolutionnaire à l'horizon, mais le résultat est irrémédiablement addictif. Après Ghosts I-IV, Trent Reznor semble varier les plaisirs avec un disque plus basique, primaire et en même temps plus immédiat comme il avait pu le faire avec With teeth puis Year zero.
La mise en route est efficace, pour la mise en abîmes on repassera, NIN lâche la bête et fait parler la poudre sur "Letting you". Aucune délicatesse, ça frappe fort, sec, direct dans les enceintes. Net et sans bavure. Saturation poussée à son maximum, collision sonore, coït industriel aux effluves rock/metal carnassières, Reznor déverse sa rage sur une petite bombe dont les fragments viennent nous lacérer le visage. Revenant au rock indus branché dance-floor de l'époque The hand that feeds / Only, Nine Inch Nails balance dans les conduits auditifs l'ultra-efficace "Discipline" puis le quelconque "Echoplex". Enfermé dans un confort relatif sur "Echoplex", le groupe remue de nouveau les décibels sur le hargneux et néanmoins mélodique "Head down". Violence sous-jacente, un sentiment de résignation presque palpable puis le silence après le chaos avec "Lights in the sky". "Corona radiata" se présente comme une longue plage ambient industrielle à la Justin Broadrick, avant que "The four of us are dying" ne réenclenche la machine. Les rotatives reprennent leur rythme et ne vont plus s'interrompre jusqu'au dernier soupir de "Demon seed". On pense parfois à The downward spiral, d'autres fois à With teeth, mais si The Slip est un album complètement gratuit, Nine Inch Nails ne s'est pas contenté de vaguement compiler des chutes de studio... Et si cet album restera sans doute comme une oeuvre mineure dans la discographie du groupe, on reconnaîtra que même un disque plus anecdotique de NIN mérite largement plus le détour que la majorité des productions actuelles... Alors comme en plus c'est complètement libre de droits... Merci qui ?