nin_the_downward_spiral.jpg Il y a des fois où chroniquer un disque consiste à présenter le plus fidèlement possible son contenu, en prenant acte du fait que l'objet de notre article n'est pas forcément connu de tous, bien au contraire. Il y en a d'autres où on se pose l'intérêt d'une chronique qui revient à écrire ce que beaucoup on écrit avant nous, surtout en ce qui concerne un album sorti il y a plus de douze ans. Alors peut-être qu'à ce moment -là, il faut essayer d'écrire ce que certains ont pu dire ailleurs, à sa manière, en restant authentique, peut-être même en se fendant de quelques figures de style parfois prétentieuses, tout en se disant quand même que certains étaient peut être un peu jeunes pour apprécier ce disque à sa sortie et que de toutes les façons, il n'est jamais trop tard pour découvrir... The downward spiral donc, une oeuvre majeure de la discographie de Nine Inch Nails que beaucoup considèrent (sans doute à raison) comme un chef-d'oeuvre absolu.
Album organique et hybride de rock industriel ultime, cet Halo 8 est l'alliage naturel des samples bruitistes et des agressions distordues de guitares torturées jusqu'à l'entrée des enfers. Une plongée synthétique et sous tension permanente, au coeur d'une Pandemonium musicale faite de névroses obsessionnelles et de dépendances psychotiques. Vision panoramique et auto-destructrice des travers de la condition humaine The downward spiral est tout ça est même un peu plus. Une violence latente, un déchirément quasi insoutenable, ce disque suinte la souffrance par tous les pores de son packaging, celle d'un artiste unique mais en proie à d'insondables tourments. Tout en saturation et déferlement de puissance accompagné d'un chant complètement habité, "Mr.Self destruct" ouvre le feu. D'entrée, le ton de l'album est donné dans une ambiance tout sauf bucolique. Au contraire, chaos synthétique et bruitistes, claviers et guitares qui s'entrechoquent pour mieux assumer leur fusion transversale, "Piggy" puis "Heresy"poursuivent dans la même veine. Quelques secondes plus tard, changement de décor, le classique de la musique industrielle qu'est "Closer" débarque avec ses penchants lubriques. Collision charnelle mais clinique et sensualité animale mais sauvage, le single de l'album capte l'essence même de la musique de NIN, entre pulsion et transgression : la cristallisation des travers de notre propre nature d'être humain. Atmosphères malsaines, textes crus, violence abrupte, souffrance épidermique... les morceaux s'enchaînent d'eux-mêmes les uns après les autres... pour s'enfermer dans une spirale infernale conduisant inexorablement leur auteur vers la folie suicidaire, l'auto-destruction égoïste, le chaos libérateur. A l'époque de l'écriture de The downward spiral, toute idée d'apaisement et de bonheur était proprement illusoire chez Reznor ; et cet état d'esprit transparaît à chaque morceaux de l'album, quelque soit le sous-genre musical abordé : tantôt rock abrasif et clinique ("March of the pigs") tantôt ambiant indus post-apocalyptique, les quatorze morceaux de l'album sont autant de brûlots desespérés destinés à faire date dans l'histoire du rock industriel ("Reptile", l'extraordinaire ballade "Hurt"). Une réussite difficilement contestable. S'étendre encore de longues lignes n'amènerait à rien, seule l'écoute du huitième Halo de Nine Inch Nails pouvant amener l'auditeur là où les mots sont inutiles... tout simplement vers un disque majeur de ces quinze dernières années.