The Nest - Music for drivers Notamment initié par l'un des membres du brillant Bohren & der Club of Gore, The Nest avait tout pour fasciner avec sa griffe jazz/électronique revendiquée, comme avec sa première sortie chez le prestigieux label Denovali Records dont sa pléiade de formations de grand classe, ne serait-ce que dans un registre a priori voisin (on pense là au Contemporary Noise Sextet, au Dale Cooper Quartet & the Dictaphones, Povarovo ou encore à The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble et son projet jumeau The Mount Fuji Doomjazz Corporation...), n'a plus guère à prouver.

Le fait est que le résultat désarçonne quelque peu, d'une certaine manière à l'image de certains travaux de TMFDC cité un peu plus haut. Sans doute parce qu'avec ses quatre pistes flirtant ou dépassant toutes le quart d'heure d'une musique insaisissable, oscillant entre drone, doom-jazz, expérimental et électronique bruitiste, The Nest est une semi énigme au début de l'album... et le reste jusqu'à son terme. Peut-être aussi parce qu'à la base, Music for drivers "n'est qu'un" seul et unique morceau de quelques soixante-deux minutes que l'on devine ici à tort ou à raison largement improvisé au gréé des inspirations des quatre membres du groupe, de leurs délires créatifs et tentatives d'expérimentations sorties de nulle part.

Toujours est-il que dans un sens comme dans un autre, le résultat est régulièrement incompréhensible et agaçant parce qu'impossible à appréhender sans mode d'emploi. The Nest s'immergeant dans un univers musical imperceptible fait d'ellipses stylistiques, de circonvolutions régulièrement absconses, comme si en guise de concept, le quartet avait surtout chercher à égarer l'auditeur. En écoutant Music for drivers, on se dira surtout que le groupe l'a peut-être un peu oublié pour ne plus penser qu'à se propres envies créatives. Et si on peut comprendre l'état d'esprit, la prise de risques se révèle finalement un peu inconsidérée, pour un résultat, flou et impénétrable.