Nedry - Condors Avec les productions Monotreme Records, difficile de se faire une idée précise de ce qui va nous arriver dans les écoutilles avant même d'avoir posé une oreille sur le disque en question. Certains labels ont une ligne éditoriale bien définie, chez les anglais, on fonctionne au coup de coeur, selon les affinités, les envies du moment et les sensations plus ou moins fortes procurées par le groupe, quelque qu'il soit. Dès lors, entre des groupes comme 65daysofstatic, Jeniferever, Stinking Lizaveta ou Picastro, difficile de trouver des points communs et c'est en cela que la structure anglo-saxonne parvient à se distinguer. Nedry, l'une de leurs dernières signatures en date présente aujourd'hui son premier album et comme souvent, on va en prendre plein les mirettes.
Condors, huit titres, 31 minutes de musique, c'est court certes mais au moins, il n'y a rien à jeter dans cet album où viennent s'entremêler joyeusement, électro lunaire, pop soyeuse, trip-hop velouté (fruix oui...), folkotronic brumeux et rock enfiévré... tout cela, pour un résultat fourmillant de nuances et autres variations mélodiques, d'émotions pures et d'efficacité multi-facettes. On a connu pire. "A42" et "Apple & pears" : beats dup/step trip-hop répétitifs et hypnotisants, mélodies lascives et bidouillages électro en fond sonore, "Four layers of pink" sorte de pop-song shoegaze sous psychotropes puis "Squid cat battle" et son cocktail msical "Björkien", Nedry touche à beaucoup de choses, ose, se met en danger et parvient à transformer tout ce qu'il tente en véritable petite pépite. On appelle aussi ça le talent (sublimé par une production irréprochable, ça aide aussi certes).
En ça, le trio n'en manque apparemment pas trop puisqu'il poursuit son oeuvre avec "Scattered", épicentre électrique de l'album, un titre percutant dont l'intro n'est pas sans rappeler les derniers travaux de Nine Inch Nails de part son approche rock électro frontale du sujet. Nedry ne triche pas, assume ses influences, ses emprunts et créé, se réinvente sans cesse pour mieux s'affirmer. Comme sur l'éponyme "Condors" où, armé d'une mélodie précieuse qui nous colle à la peau, le groupe distille une musique infusée aux cocktails sonores propulsés depuis deux décennies par l'écurie Warp avec en prime ici, l'influence vocale des scandinaves Björk et Emiliana Torrini (le très beau "Swan ocean"). Dub-step, trip-hop électro, pop enjôleuse et satinée, Nedry prend le temps de façonner sa griffe musicale le temps d'un album paradoxalement assez cours mais diaboliquement soigné. Sous influence mais pourtant très réussi... la classe quand même.