mp_dusty_lane.jpg 3 ans et demi après Melanclimax, Moon Prototype succombe au plaisir des plaisirs numériques en sortant par le biais du téléchargement (gratuit), son deuxième effort : Dusty Lane. Pas mal de temps s'est écoulé entre les deux albums, mais le projet mené par Moon n'a pas pour autant chômé, travaillant régulièrement sur des remixes de All Angels Gone, NIN, DLB, Team Sleep ou Thot, dont l'un des membres vient d'ailleurs participer à Dusty Lane. Au casting, on retrouve également un membre de Frail, un autre de Windshadow et toujours oR.hal, lesquels sont venus participer à un disque enregistré entre Paris, Bruxelles, Tours et Pékin... Un album qui a donc voyagé, son architecte et maître d'oeuvre ayant apparemment trouvé son inspiration sur deux continents avant d'en revenir avec 13 compositions évoluant entre trip-hop évanescent et indus-rock racé. Résultat : en partant de la première note et ce, jusqu'à dernier souffle de vie de cet album, on se laisse aller à descendre en rappel dans un univers musical à la puissance évocatrice rare.
De l'ambiancé et introductif "Sea under a lie of the sun" à "Calling the prayer" et son alliage dub/rock/électro envoûtant en passant par l'électrique et industriel "Ra is crying", la plongée sans filin au sein du monde de Moon Prototype se fait en apnée, les sens en éveil et le plaisir intense de se laisser porter par les émotions que procure sa musique. Des ambiances orientales, des nappes de fumée qui se dissipent doucement à notre passage, un chant haut perché littéralement habité, des instrumentations savamment orchestrées, des atmosphères dépaysantes qui nous transportent hors du temps, quelques accents plus rock, choeurs enchanteurs, onirisme délicat, des morceaux comme "Scorn kills them", "It lashes my brain" ou "God is joking" nous emmènent dans des contrées musicales encore rarement explorées. Des panoramas sublimes, une palette artistique aux possibilités infinies, un monde que l'on sillonne encore et encore jusqu'à faire une rencontre inattendue et imprévisible ("Close encounters of the third kind"). Alors que l'on s'attend à presque tout venant de ce Dusty Lane, MP livre alors deux hits : un "Kings of the world" électro-rock au groove sidéral, puis "Inabilites" et sa puissance mélodique phénoménale. On est alors à deux doigts de sombrer dans l'addiction et ce n'est pourtant pas encore terminé, car Moon Prototype nous réserve un ultime shoot avec un "Contemplative" énigmatique à la froideur clinique, avant de refermer cet album sur "Hopeful melody". Mélodie éthérée, rêveuse et fantomatique, puis magma sonore aux pulsations saturées, un ultime morceau aux deux visages pour un disque aux multiples personnalités et à la richesse envoûtante.