Un flocon, des embruns, une fleur, un nuage, une toile d'araignée. toutes ces petites choses fragiles et belles comme un échantillon délicat de ce que la nature peut nous offrir à contempler. La musique de Mounika. s'en approche. Même si ce beatmaker poitevin tripote des machines plutôt que les éléments naturels, sa musique electro down tempo faussement minimaliste, semble venir d'un espace naturel magique. Les sonorités et les samples employés se rapprochant plutôt des gammes d'instruments classiques (guitare, piano, flûte) tout autant que les voix qui alternent murmures ou froissements (on entend même des bruits d'oiseaux sur "Felling good"). Comme un Erik Satie du vingt-et-unième siècle, Mounika. ne fait pas dans la surenchère. A l'instar du morceau introductif, "intro (I'm sorry)", démarrant par quelques simples notes au piano, bientôt rejointes par un rythme doux, une ligne de basse sobre et quelques chuchotements samplés, qui permettent de t'emmener avec délicatesse et légèreté dans son univers. L'ensemble de cet album de 9 titres dure moins de 25 minutes, car Mounika. ne tombe pas dans la facilité en laissant s'étirer un track jusqu'à l'overdose. C'est parfois dommage, quand par exemple on part sur un "Ailleurs" tout aussi réussi et qu'il s'arrête en moins de deux minutes. On aurait aimé qu'il laisse encore quelques instants les machines tourner. Quand c'est beau, on veut bien que ça dure. On en oublie donc les machines, tellement I need space est profondément humain. Et "Tender love" en duo avec le groupe indie-folk canadien Ocie Elliott s'imbrique d'ailleurs parfaitement dans cet univers, tant les voix toutes en retenues de Jon Middleton et Sierra Lundy amènent encore un supplément d'âme. Bref, un chef d'œuvre comme la nature sait parfois nous en donner, propice à la contemplation et à l'apaisement des sens, mais dans ce cas-là, ce n'est pas Gaïa, c'est Mounika..
Publié dans le Mag #44