Monolog_2 dots left Quand tu reçois un album d'un artiste électro scandinave, tu sais que cela peut s'avérer gigantesque comme totalement catastrophique. Dans le domaine, le Danemark a une certaine reconnaissance grâce à l'inévitable Trentemøller, mais d'un autre côté, c'est aussi le pays natal de DJ Encore ou, pire, d'Aqua (oui, oui, "I'm a Barbie girl", commence pas à faire l'innocent...). Et puis au milieu de tout ça, tu as des artistes qui durcissent un peu le ton, sonnent forcément moins "pop" que le reste, dont on ne parle que trop peu et qui se révèlent être de belles pépites comme Mads Lindgren, plus connu sous le nom de Monolog. En toute honnêteté, je pense que si le bonhomme n'avait pas signé sur l'écurie Ad Noiseam (Oyaarss, Broken Note, Ruby My Dear, et j'en passe et des meilleurs), je serais passé à côté de son dernier disque 2 dots left.

Monolog n'est pas un novice. Cet ancien guitariste de métal et de punk qui a grandit dans le jazz, s'est littéralement transformé depuis qu'il a bougé à Berlin pour désormais délivrer un subtil ensemble électronique où IDM, drum & bass et breakcore cohabitent à merveille. Quand le maelström de 2 dots left surgit des enceintes, il se révèle en premier lieu étouffant, troublant même. Trop de sons aux structures alambiquées, d'informations à ingurgiter pour nos petites cervelles qui logiquement assimilent la chose à un chaos abstrait. Or, il n'en est rien car une fois digéré, cet album dévoile tout son trésor. Son univers froid et sombre libère une bonne dose de rythmes variables percussifs, souvent furtifs, qui passent et repassent entre et sur les sons synthétiques et ceux provenant des enregistrements en field recording, c'est à dire issus de l'extérieur du studio. Une tension produite où chaque détail compte et dans laquelle Monolog s'adonne à lui gratifier un certain sens esthétique, car le gaillard démontre ses talents d'orfèvre sonore quand il s'agit de tricoter chaque piste instrumentale.

Rappelant, entre autres, certains travaux d'Aphex Twin dans les arrangements mais également la magnitude rythmique de son collègue de label DJ Hidden, 2 dots left a tout de la folie maîtrisée et atteste que son géniteur a une soif inextinguible d'en mettre plein la vue à son auditoire de manière presque zélée, l'album frôlant tout de même l'heure. Notons que dans ton immersion, tu croiseras en route la chanteuse Tone, Dean Rodell d'Underhill et de Machine Code, du bulgare Ivan Shopov de Cooh et Balkansky et de Simon Hayes de Swarm Intelligence. Du beau monde sur un disque qui risque de te laisser quelques cicatrices.