Indus Indus > Misstrip

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Misstrip existe depuis 2001 dans sa formation actuelle (mais joue ensemble depuis une dizaine d'années) et est composé de Virginie (chant), Fred (guitare), Charles (basse, synthétiseur) et Arnaud (batterie). Ne faisant pas le choix entre pop-rock et musiques électroniques, Misstrip produit un trip-hop lancinant. Le groupe a signé avant l'éte un contrat avec le label Prikosnovenie. Leur premier album sortira début 2006.

Misstrip / Chronique LP > Sybilline

Misstrip : Sibylline Sibylline, la musique de Misstrip ne l'est que quelques instants, lors des premières secondes brumeuses qui précédent la mélodie lancinante et voluptueuse de "A ticket to death". Beats trip-hop, refrains hypnotiques portés par une voix à la rage que l'on devine retenue. Sombres et organiques, les instrumentations amplissent la pièce à la manière d'un Archive, les vocalises, voluptueuses, tendant de leur côté vers les néerlandais The Gathering. On jete ce ticket devant nous conduire six pieds sous terre et on se laisse tenter par les "Marvellous pills" dont l'intro trip-rock glaciale évoquera à n'en pas douter la formation culte de Bristol : Massive Attack. La subtile orchestration des mélodies de Misstrip s'est parfaitement mise en phase avec les atmosphères que le groupe tente de mettre en place sur ses compositions.
Se voulant la métaphore sonore du "malaise d'une société qui soigne les maux à coups antidépresseurs", "Marvellous pills" est un peu au trip-rock ce que le film Requiem for a Dream (de Darren Aronofsky) pouvait être aux salles obscures, une prise de conscience violente et sans concession. Un titre éléctro-rock brumeux mais élégant, évoquant par les inflexions de voix de sa chanteuse, le travail d'un Hooverphonic ou encore une fois The Gathering période Souvenirs. Plus indie-pop, "Mothers of pearl", est sans doute le morceau le plus enlevé de l'album, le plus accessible également, tant Misstrip fait preuve d'une maîtrise évidente dans l'art des mélodies fédératrices sans pour autant céder à la facilité. Si son prédécesseur laissait apparaître une facette plus mainstream de la musique du groupe, "Lilly white" se révèle plus expérimental, le mélange des guitares cold-rock et des atmosphères éthérées trouvant par là-même son équilibre sans jamais être troublé par quelques petites trouvailles éléctroniques du plus bel effet. S'élevant dans la stratosphère, le sublime mais trop court interlude "Acalmy" rempli son rôle à la perfection. Quelques notes de claviers, une mélodie gracieuse, un chant tout en retenue, Misstrip fait bien les choses, ne néglige aucun détails et imprime finalement sa marque lentement mais avec une précision et une assurance confondantes.
Sibylline est un album où les transitions se font tout en douceur ; car pour succéder à l'introspectif "Acalmy", le groupe livre un "Inside and beyond" très éléctro-pop très travaillé, mais pourtant parfois un peu prévisible. Lunaires, cliniques mais également bien plus rock, "Exhibition" et "Brainwashing" démontre que les angevins ne sont jamais aussi performant que lorsqu'ils s'engagent dans des voies musicales un peu plus radicales. Plus rentre-dedans, plus froids, ces deux titres nerveux impressionnent tant la mécanique Misstrip semble inébranlable même lorsqu'elle est soumise aux tensions les plus brutales. Dans une veine plus apaisée, l'éponyme et onirique "Sibylline" cherche subtilement à nous égarer sur le chemin menant à Prikosnovénie, le monde imaginaire, attirant et inquiétant qui sert de cadre à cet album (et de label au groupe). Un univers à la fois sombre et nuancé, que "Unemotional" puis "Echoes" illustrent par leurs arrangements, un disque à la beauté froide mais dont la glace finit par se fissurer en de nombreux endroits, pour au final se laisser fondre dans une oeuvre riche, sensuelle et élégante. Difficile de ne pas se laisser tenter...

Misstrip / Chronique EP > Misstrip

Misstrip Je dois bien avouer qu'en ce qui concerne le trip-hop, les références me manquent un peu. C'est donc un peu déroutée que je me suis attelée à cette chronique. La galette m'était déjà arrivée dans les oreilles il y a bien un an, et je n'avais pas vraiment su quoi en penser. Le temps aidant, ma culture musicale évoluant certainement aussi, c'est avec plus d'attention que j'ai posé une oreille sur ce quatre titres. Et bizaremment, si la base trip-hop est bien là, c'est finalement presque plus les influences extérieures qui se font entendre.
Certes, la rythmique lancinante très prononcée est indéniablement influencée par le travail de Massive Attack et classe cette production entre eux et un Archive plus monocorde. Mais les guitares lourdes explosent sur les refrains alors que le voix douce de Virginie prend plus de liberté. Et si le chant en français peine à convaincre, c'est dans la langue de Shakespeare que les productions de Misstrip trouvent toute leur puissance. Tantôt calme, tantôt déchaînée, la musique de ces quatre angevins sait se faire une petite place à la croisée des genres. Reste à confirmer et à affirmer cette personnalité sur l'abum, qui devrait sortir en février 2006.