ministry : rio grande blood Avant de passer à l'intérêt musical de cette nouvelle claque offerte par Al Jourgensen et sa troupe, quelques petites notes annexes artworko-géo-politico-énonomiques... Bush et son administration sont toujours une source d'inspiration pour Ministry qui a repris les idées graphiques de Houses of the Molé pour illustrer ce nouvel album qui s'affirme donc directement dans la lignée de son prédécesseur (en plus d'avoir également un lien avec le Mexique...). Alors qu'on pourrait leur reprocher un certain manque de renouvellement (ils nous ont toujours habitué à des artworks très belles et variées), on ne peut que souligner l'intérêt de celle-ci pour son message... On y trouve un Bush junior déique à la fois crucifié et combattant par/pour le pétrole, ses avions de chasse survolent les champs pétrolifères et le président américain peut sembler être sacrifié par les grandes compagnies à la vindicte populaire, alors manipulateur ou bouc émissaire médiatico-politique ? Et le sang du Rio Grande alors ? Le fleuve sépare le Mexique des Etats-Unis, le Nord du Sud, les clandestins qui le traversent et se font prendre sont au mieux renvoyés chez eux, là encore, on a l'image d'un pays riche exploitant les pays pauvres sans penser à autre chose qu'au profit (les maquiladoras pour le Mexique, le pétrole pour le Moyen Orient...).
Les deux thèmes se rejoignent avec "Rio Grande blood" et son refrain martelé I want money, dans ce premier titre explosif, Bush est le pantin de Ministry qui samplant ses mots se permet de lui faire prononcer un petit messsage : And I'm a dangerous, dangerous man / With dangerous, dangerous weapons / I want to drain the coal resources in America / And foreign sources of crude oil / I'm a weapon of mass destruction / And I'm a brutal dictator, la traduction est inutile, les Haliburton font écho à la demande d'argent et en fournisse aux faucons... Les américains étant passablement aveugles sur ce qu'il se passe réellement à la tête de leur état, il faut espérer qu'il ne soit pas tous sourds... Ceux qui auraient les oreilles bouchés peuvent se foutre ce Rio Grande blood à fond, ça devrait les aider...
En effet Ministry n'est pas calmé, mais alors pas du tout... Ils ont même fait appel à deux vétérans de la guerre politico-musicale pour renforcer leurs rangs : Sgt. Major et ses rugissements baston et Jello Biafra, l'ex-leader des Dead Kennedys, qui en connaît un rayon niveau président américain, est comme un poisson dans l'eau dans ce magma punk industriel. Car oui, Ministry balance du gras tout au long de son album, n'allégeant que très rarement ses frappes et évitant de s'embourber dans des mélodies, et quand bien même, le tempo se ralentit, l'impression de puissance puis de vélocité n'est que renforcée comme sur le fabuleux "Fear (is big business)" qui forme un duo dantesque avec "Lieslieslies" (la bande son idéale pour Loose change ?), du bon gros Ministry synthèse parfaite entre l'agressivité d'un Psalm 69 et l'ambiance oppressante de Filth pig. D'une densité sonore impressionnnante ("Yellow cake" !!!), et après avoir entendu une piste de Rantology... avec "The great Satan" l'album se termine par une piste aérienne d'anthologie : "Khyber pass" (le nom d'un col en Afghanistan), un de ses titres dont Ministry a le secret, un titre qui mélange différentes ambiances (orientales en particulier, quoi de plus normal quand on a le Moyen Orient et le Proche Orient comme sujet de prédilection ?) et qui s'élève peu à peu dans l'air pour lancer un vibrant Where's Bin Laden puis Some say he's livin' at the Khyber Pass / Others say he's at the Bush's ranch... Ou comment revenir à la manipulation d'un pantin pour entasser des dollars.
Putain, dire qu'on doit autant de bonheur musical à un connard de première...